Avec force images, les services de l’ancien Premier ministre présentent les réalisations de ses deux premières années de gestion du projet, rien à voir avec l’état de délabrement actuel de ce parc agro- industriel, quatre ans après le départ de son initiateur de la Primature.

Les images de l’effondrement du projet pilote de parc agro-industriel de Bukanga Lonzo (PAIBL) ont donné lieu à des commentaires de tous genres. Certains vont jusqu’à mettre en cause l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo. Le Cabinet Matata s’étonne que l’on cherche aujourd’hui à faire porter à l’ancien Premier ministre, le chapeau de la débâcle de ce projet.

Il rappelle que le projet avait démarré en 2014 et le Premier ministre Matata avait quitté ses fonctions deux ans plus tard, en en 2016. « Entre 2016 et 2020, il y a eu deux autres Premiers ministres et plusieurs ministres de l’Agriculture. Expliquez-nous messieurs et dames comment celui qui a supervisé les deux premières années d’un projet doit être responsable de ce qui est advenu aux 4 dernières années du projet ? », Demande-t-il.

PRODUCTION DE LA FARINE DE MAÏS

Et évoquant les deux années de gestion du projet par Matata, son Cabinet présente quelques réalisations phares:  » production de farine de maïs, présence de l’eau et de l’électricité, production de la farine de manioc, établissement de soins de santé primaires, télécommunications, aérodrome et avions, sous-station d’électricité… « .

« Comme nous l’avons indiqué précédemment, le maïs a été choisi comme principale culture étant donné ses liens en amont et en aval avec le reste de la chaîne de valeur agricole. Le plan était de cultiver du maïs sur une superficie 50 000 ha sur 5 ans. La production de maïs servira à la fois les besoins animaux et humains. En conséquence, un complexe céréalier a été mis en service qui comprend 6 silos d’une capacité de 7 tonnes de maïs chacun, un séchoir (750 tonnes), un collecteur de grains secs (750 tonnes), un moulin à fourrage et une unité de transformation du meunerie pour la production de farine de maïs et de semoule pour la consommation humaine. Une fois finalisé, ce complexe aurait eu les effets suivants: réglementation des prix : en raison d’un manque de structures d’entreposage, le prix du maïs varie entre 150 $ la tonne pendant la période de récolte et 350 $ la tonne en hors saison; incitation à la production : le complexe de transformation du grain crée automatiquement un marché pour tous les petits producteurs de maïs sur un rayon de plus de 50 km; amélioration de la qualité : l’un des graves problèmes de santé associés au maïs est celui de l’aflatoxine, un champignon très nocif pour la santé humaine et animale

Par ailleurs, dit le cabinet, « pour une gestion efficiente des déchets, les épluchures du manioc seront utilisées dans le processus de production des aliments pour bétails, en substituant avec le mais qui coute deux fois plus cher. Ceci va permettre au pays de réduire d’autant le coût de production des protéines et d’accroitre sa compétitivité dans ce domaine. »

Enfin, « A peine une année après son lancement, le PAIBL a commencé à produire la farine de maïs de manière continue et a réussi à stabiliser le prix en utilisant un réseau de distribution efficient qui élimine les intermédiaires », fait savoir le Cabinet Matata. Pour cette saison, précise-t-il. A partir du 15 Février 2017, une unité de production de la farine de maïs, d’une capacité de 50.000 T par jour, sera opérationnelle et servira l’ensemble de la région y compris les petits producteurs.

EAU ET ELECTRICITE GARANTIES POUR LA PRODUCTION

« En plus du réseau d’eau pour soutenir les activités de production et de transformation, la direction du parc avait commandé, en 2016, une fontaine près d’un village pour fournir de l’eau potable, salubre et propre. Les services de Matata expliquent que  » le premier village d’environ 250 habitants avait eu accès à l’eau potable pour la première fois depuis qu’il existe. Le village dispose maintenant d’une source d’eau propre, durable et salubre pour les générations à venir ».

Et d’expliquer que : « le site de Bukanga Lonzo a été analysé pour déterminer les propriétés physiques et chimiques de son sol. La partie du site sélectionnée pour le placement des pivots est très homogène. Pour l’irrigation, les sols homogènes sont faciles à gérer en termes de calendrier d’irrigation et de fertilisation. Comme les deux facteurs les plus importants, les propriétés du sol et la topographie du sol, ne sont pas restrictifs pour le développement de l’irrigation, le prochain aspect qui devait être pris en considération était la proximité du site à une source fiable d’eau. Le site a été choisi en raison de la présence de la rivière Kwango à environ 3 km de la section irrigable du site. Bien que l’eau doit être pompée jusqu’à 250m de haut, le développement de la section d’irrigation était sur un niveau assez bas avec des bonnes terres agricoles. La figure … montre le système d’irrigation comprenant 20 pivots d’irrigation couvrant 50 ha chacun. »

Et que cela devait permettre « Avec ses 20 pivots d’irrigation (avec une durée de vie de 20 à 30 ans) couvrant chacun 50 ha, le PAIBL a prévu 1000 hectares pour la production des légumes sous irrigation) pour une production attendue de 500 tonnes de légumes / jour. Le prix moyen d’une tonne de légumes se situe autour de 1000$! Et chaque hectare de production de légumes exige 5 personnes qualifiées pour prendre en charge cette activité. Au total, rien que par cette activité, le PAIBL doit engager 5.000 personnes. Sur l’ensemble du pays, il n’existe pas pour le moment une initiative avec une telle capacité de création d’emplois. »

Autre investissement de taille, l’électricité. Lors du lancement, des générateurs ont été utilisés pour fournir de l’électricité. Un générateur 500KVA donné de l’énergie au camp, des ateliers, des entrepôts et des auberges.  » Aujourd’hui, le Parc agroindustriel de Bukanga Lonzo dispose d’une sous-station électrique de 56 MW qui fait de Bukanga Lonzo l’une des trois places du pays avec une offre d’énergie électrique conséquente ! Au moins 50% de cette énergie sera distribuée entre Mbankana et Kenge, donnant à la nouvelle province du Kwango un facteur important pour son développement « , assure le Cabinet Matata.

AUTONOMISATION DE 500 MENAGES VIVANT DANS LE PAIBL

Selon le Cabinet Matata, il avait été décidé de ne pas expulser les ménages vivant dans le PAIBL. Mais de les appuyer et de les autonomiser à travers des activités le long des chaînes de valeur qui seront développées.

 » A cet effet, 500 ménages vivant dans le PAIBL sont actuellement appuyés par le PAIBL avec la mécanisation, les boutures améliorées et le conseil-suivi pour la culture de manioc. En décembre 2014, 300 ha de manioc avaient été plantés pour une production attendue de 4000 tonnes, dont la récolte avait débuté au mois de juin de l’année 2016 « , explique-t-il. Ce n’est pas tout. Parallèlement à cela, 500 hectares de manioc ont été plantés fin 2016, afin de garantir la disponibilité du manioc sur le marché tout au long de l’année.  » Cette activité va générer plus de 100.000 $ de revenu aux petits producteurs sur une seule saison. 30% de ce revenu sont rétrocédés au PAIBL qui s’active à mettre en place un système d’assurance maladie, un fonds pour l’éducation des enfants et un fonds pour la construction des logements sociaux. Compte tenu du succès de cette composante du projet et de la disponibilité de l’énergie électrique, la BAD a financé l’acquisition d’une unité de transformation de la farine aujourd’hui vendue à Kinshasa « .

Le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo se présente comme une solution aux défis auxquels fait face la RDC en matière d’alimentation, d’agriculture et de lutte contre la pauvreté.

Pour la petite histoire, le projet a été lancé en 2014 dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le gouvernement et une société sud-africaine, Africom Commodities. Il devait utiliser 80 000 hectares de terres pour la production de maïs et d’autres cultures. L’État congolais a dépensé près de 100 millions de dollars pour la réalisation du projet. Cependant, quatre ans après son lancement, Bukanga Lonzo s’effondrait en 2018. L’initiateur du projet n’était plus aux commandes depuis 2016. Ceci expliquerait-il cela ?

Didier Kebongo
Forum des As

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