Bluff ou réalité ? Après la lecture des charges, à l’ouverture du procès de Salomon Idi Kalonda, conseiller spécial de Moïse Katumbi, jeudi 17 août, la défense a été surprise des nouveaux griefs imputés au prévenu. Car l’accusation principale qui portait sur la détention supposée d’un pistolet lequel aurait servi lors de l’organisation des manifestations du 20 mai dernier a disparu. Autre fait curieux, le Parquet militaire fait fixer l’affaire devant la cour militaire mais c’est aussi elle qui prend l’initiative de demander le renvoi à un mois. Que cache cette posture du ministère public ? Est-ce un coup fourré, s’interrogent les observateurs.

Le 30 mai dernier, Salomon Idi Kalonda a été arrêté à l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa, alors qu’il s’apprêtait à prendre place à bord d’un avion à destination de Lubumbashi. Une semaine plus tard, les renseignements militaires ont tenu un point de presse pour exposer les raisons de son arrestation.

Il est reproché à Kalonda notamment d’avoir été en contact avec les rebelles du M23 et avec des Rwandais, dans le but de renverser le pouvoir, comme précisé dans cet extrait de la lecture de l’accusation faite par le greffier à l’ouverture du procès.

« Connaissant la détermination des autorités civiles et militaires rwandaises et du M23 d’agresser militairement la République démocratique du Congo et d’y semer la terreur, compte tenu des contacts avec le major Ngezi Fred, assistant de M. Sultani Makenga, chef de la branche militaire du M23, le général de brigade Kagurerwa Patrick, conseiller principal du président Kagamé en vue d’engager des hostilités contre la République démocratique du Congo… »

Un dossier vide, selon la défense

Après la lecture des griefs, Me Hervé Diakiese, l’un des avocats de Salomon Idi Kalonda, s’est dit stupéfait car l’accusation portait sur la détention supposée d’un pistolet qui aurait servi lors de l’organisation des manifestations du 20 mai. Cette principale charge a été abandonnée. Personne des parties au procès n’en a donné le moindre détail.

Pourtant, la possession de cette arme semble ne plus être au cœur du dossier et l’accusation porte désormais sur les liens avec le M23, fait remarquer Me Hervé Diakiese. Comment ne pas croire à la thèse de l’avocat de « SK » quand il soutient que le dossier de son client est vide.

« Toutes ces accusations procèdent de la même logique, déclare l’avocat à la presse. A partir du moment où l’accusation sur le pistolet ne tenait plus, quoi de plus logique que de chercher un raccordement frauduleux avec le M23, avec le Rwanda. Maintenant que nous accédons au dossier, nous parviendrons à démanteler cet échafaudage qui n’avait qu’un seul objectif : celui de justifier le maintien de Salomon Kalonda en détention. »

Pour la défense, Salomon Kalonda serait donc victime d’un procès politique.

« Les faits qui lui sont reprochés sont totalement faux, ils sont issus d’un montage qui visait juste à le neutraliser, à le disqualifier et à l’exposer à la vindicte populaire parce que nous sommes dans un contexte électoral très tendu« , poursuit Hervé Diakiese. « Dans ce contexte, il a le malheur d’être le très proche collaborateur d’un candidat qui est considéré par le régime comme un des plus sérieux challengers à son désir de rempiler, » précise Me Diakiese aux médias.

Me Diakiese est formel. Son client « n’a rien à faire devant la justice militaire parce que ce n’est pas son juge naturel et de toutes les façons, il n’ a rien à faire devant toutes les justices du pays, parce que les faits qu’on met à sa charge, sont totalement faux et sont issus d’une irrégularité, d’une interpellation qui était fondée sur une accusation fausse dont les auteurs n’ont pas eu le courage de les soutenir devant la justice » , a-t-il soutenu.

La prochaine audience de ce procès est prévue le 18 septembre. Le temps pour les avocats de l’opposant d’avoir accès à toutes les pièces du dossier.

Didier KEBONGO
Forum des as

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