La quatrième audience du procès historique contre l’ancien président de la République, Joseph Kabila, poursuivi devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, a pris une tournure explosive ce jeudi.
Dans sa plaidoirie, Me Richard Bondo, coordonnateur du collectif des avocats des parties civiles du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et de l’association d’accompagnement des veuves et orphelins de guerre, a remis sur la table la question sensible de l’identité réelle du prévenu.
“Joseph Kabila n’est qu’un pseudonyme”
Avec une plaidoirie incisive, Me Bondo a accusé l’ancien chef de l’État d’avoir usé d’un nom d’emprunt pour masquer son identité :
« Monsieur le président, vous jugez Joseph Kabila par son pseudonyme, qui n’est pas alias Joseph Kabila. Là, c’est déformer les choses. Non, vous utiliserez le nom qu’il a utilisé pour nous cacher le vrai nom d’Hippolyte Kanambe. Donc, par ce pseudonyme-là, Joseph Kabila, c’est lui le prévenu qui, quand bien même il se nomme Kanambe, a caché le Kanambe pour aimer le pseudonyme et le présenter devant le public, tant international que congolais. »
Ces propos, tenus à la barre, ont immédiatement enflammé la salle et relancé un débat aussi ancien que polémique.
Une controverse qui ressurgit
Depuis plusieurs années, des voix mettent en doute la filiation biologique et la véritable identité de Joseph Kabila, présenté officiellement comme le fils de Laurent-Désiré Kabila. Ses opposants soutiennent depuis longtemps la thèse selon laquelle il s’agirait en réalité d’Hippolyte Kanambe, identité supposée masquée par le pseudonyme de Joseph Kabila.
La justice congolaise n’avait jusqu’ici jamais reconnu ce débat comme un élément central d’un procès. Mais la déclaration de Me Bondo vient désormais l’introduire officiellement dans le cadre judiciaire.
Un choc pour l’opinion publique
Pour de nombreux Congolais, voir cette question soulevée dans une audience officielle devant la plus haute juridiction militaire constitue un événement inédit.
Les réactions sur les réseaux sociaux se multiplient : certains y voient une tentative de manipulation politique, d’autres estiment qu’il s’agit d’une révélation capitale qui doit être examinée avec sérieux.
Conclusion : une plaidoirie qui change la donne
Avec cette intervention, Me Richard Bondo a réussi à replacer la question identitaire au cœur d’un procès déjà explosif.
Qu’il s’agisse d’une stratégie judiciaire pour fragiliser l’ancien président ou d’une vérité longtemps occultée, l’affaire Kabila prend une dimension encore plus sensible, mêlant droit, mémoire et légitimité politique.
Un procès qui, décidément, dépasse de loin la seule sphère judiciaire pour devenir une affaire d’État.














