Le procès de Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, poursuivi par le parquet général militaire pour atteinte à la sûreté de l’État, vient de franchir un nouveau seuil de gravité. Lors de l’audience très attendue de ce jeudi à la Haute Cour militaire, des photographies accablantes ont été projetées à la barre, montrant Joseph Kabila debout à la droite de Corneille Nangaa, ancien président de la CENI et actuel coordonnateur du mouvement rebelle AFC-M23.
Un détail apparemment anodin ? Pas pour l’accusation. Le lieutenant-général Jérôme Likulia, chef du parquet général militaire, y voit un indice de hiérarchie au sein du mouvement armé.
« Le subordonné se met toujours à gauche et le responsable à droite. Cela signifie clairement qui commande », a martelé le général Likulia devant la cour.
Des images qui changent la donne
Les clichés projetés, selon les sources proches du dossier, ont été authentifiés par les services de renseignement militaires et proviendraient de rencontres tenues en territoire étranger, dans le cadre de la coordination présumée des actions militaires du groupe AFC-M23 dans l’Est du pays.
Le parquet militaire entend démontrer que Joseph Kabila n’est pas un simple soutien passif, mais un acteur stratégique dans l’architecture du mouvement rebelle.
Une défense sous pression
Du côté de la défense de Kabila, ces éléments visuels sont qualifiés de « manipulation interprétative ». Un membre de son collège d’avocats s’est exprimé à la sortie de l’audience :
« Une photo ne prouve ni une chaîne de commandement ni une responsabilité pénale. L’analyse de posture est une construction théâtrale, pas une preuve judiciaire. »
Mais dans l’opinion publique, ces images, déjà largement diffusées sur les réseaux sociaux, font l’effet d’une bombe.
Le procès du siècle ?
Rarement un ancien chef d’État africain aura été ainsi publiquement confronté à des accusations de trahison, appuyées par des éléments aussi symboliques que politiquement lourds. La posture, le langage non verbal et l’interprétation du protocole prennent ici une dimension judiciaire inattendue.
Pour les analystes, le message du parquet est clair : Kabila n’était pas seulement complice. Il était chef.
Conclusion : une image vaut mille accusations
Dans cette bataille judiciaire hors normes, les photos projetées ce jeudi pourraient peser plus lourd que des centaines de pages de procédure. Car au-delà du droit, c’est la perception publique et politique qui se joue désormais à chaque audience.
Et si l’adage dit que « le diable est dans les détails », alors, c’est peut-être dans le positionnement sur une simple photo que se cache l’ombre d’un pouvoir parallèle.














