Le contraste est saisissant entre Paris et Kinshasa.
Alors que l’ancien président français Nicolas Sarkozy vient d’être incarcéré après la confirmation de sa peine pour corruption et trafic d’influence, l’ancien président congolais Joseph Kabila, lui, échappe encore à la justice de son pays, malgré une condamnation à mort par contumace prononcée fin septembre par la haute cour militaire de Kinshasa.
Deux destins politiques opposés, deux systèmes judiciaires qui ne parlent pas le même langage.
En France, la justice s’impose jusque dans les palais
La décision d’envoyer Nicolas Sarkozy derrière les barreaux a surpris par sa fermeté. La Cour d’appel de Paris a confirmé une peine de trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des “écoutes”.
C’est une première dans l’histoire de la Ve République : un ancien président français incarcéré.
Un signal fort, interprété comme une démonstration de l’indépendance du pouvoir judiciaire, dans un pays où la justice n’hésite plus à juger les puissants.
En RDC, un verdict sans exécution
À Kinshasa, l’histoire suit un tout autre scénario.
Le 30 septembre 2025, la haute cour militaire a condamné Joseph Kabila à mort par contumace pour des faits de haute trahison, complicité avec les groupes armés du M23, crimes de guerre et détournements massifs de fonds publics.
Mais depuis, aucune exécution du jugement n’a eu lieu : l’ex-président se trouverait à l’étranger, loin de toute arrestation.
Le pouvoir judiciaire congolais a certes franchi un cap symbolique, mais la portée réelle du verdict demeure limitée tant que l’ancien chef d’État reste hors du pays.
Deux justices, deux vitesses
L’affaire Sarkozy-Kabila illustre, à elle seule, la fracture entre deux conceptions de la justice.
- En France, la reddition de comptes s’impose, même au plus haut niveau.
- En République Démocratique du Congo, la culture de l’impunité continue de dominer, même lorsque les tribunaux prononcent des décisions historiques.
Cette différence nourrit un débat profond : la justice est-elle vraiment universelle, ou reste-t-elle tributaire du contexte politique et institutionnel ?
Le poids du symbole
Pour de nombreux analystes africains, cette situation souligne la lenteur des réformes judiciaires sur le continent.
« En France, un ex-président dort en prison. En Afrique, un autre, condamné à mort, voyage librement », ironise un juriste congolais joint depuis Bruxelles.
Au-delà de la comparaison, le contraste entre ces deux hommes d’État renvoie à une réalité crue : la justice ne pèse pas le même poids selon les continents.
Une leçon à méditer
L’incarcération de Nicolas Sarkozy rappelle que nul n’est au-dessus de la loi, tandis que le cas de Joseph Kabila expose les limites structurelles d’un système judiciaire encore vulnérable aux influences politiques.
Entre responsabilité assumée et impunité prolongée, les deux trajectoires racontent deux histoires de pouvoir… et de justice.














