L’arrestation rocambolesque, le samedi 18 décembre 2018 à Matonge, d’Atou Matubuana, ancien gouverneur du Kongo Central , qui se trouvait, depuis plus de quatre mois, sous le coup d’un avis de recherche ainsi que d’un mandat d’amener, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Réagissant sous le coup de l’émotion, plusieurs personnalités politiques, surtout celles originaires de sa province, ont protesté contre ce qu’elles ont considéré comme un traitement inhumain et dégradant que lui ont fait subir des éléments de la police judiciaire de parquets qui ont procédé à cette opération. Comme arguments avancés : son statut d’ancien gouverneur et la présomption d’innocence dont il est bénéficiaire.

Nous aurions pu adhérer à pareille thèse, n’eussent été toutes les péripéties qui ont précédé son arrestation. Comment peut-on parler de la dignité et de l’honneur d’Atou Matubuana, dès lors qu’il avait choisi la voie du refus de coopérer avec la justice, au lendemain de l’émission du mandat de comparution (26 août 2021) lui lancé par le Procureur général près la Cour de Cassation ? Comment parler de la respectabilité d’un individu qui avait opté, comme un bon «Kuluna en cravate», pour la clandestinité, dans le dessein bien arrêté de ne pas se présenter aux instances judiciaires ?

Si l’ancien gouverneur du Kongo Central n’avait rien à se reprocher, il aurait dû répondre spontanément à la sollicitation du Procureur Général près la Cour de Cassation, qui avait besoin de son éclairage dans le dossier de détournement présumé de 7 millions de dollars américains constaté dans les finances provinciales.

Si Atou Matubuana avait réellement le sens de l’honneur et de la responsabilité, comme le prétendent ses défenseurs, il serait présenté au Parquet général près la Cour de Cassation, où étaient déjà auditionnés deux de ses collaborateurs, du reste placés sous mandat d’arrêt provisoire à la Prison Centrale de Makala.

Si ce notable Ne Kongo était réellement animé du souci de faire éclater la vérité dans son dossier judiciaire, il n’aurait pas laissé les réseaux sociaux diffuser des montages grossiers sur sa prétendue fuite du pays par le poste frontalier de Lufu, à destination de l’Angola et, plus tard du Canada. Les mêmes réseaux sociaux avaient balancé des images du fugitif en train de sortir d’un aéroport du Canada, poussant un charretier avec ses bagages.

Si Atou Matubuana n’était pas tombé dans les filets des limiers de la police judiciaire samedi dernier, son entourage et ses fanatiques auraient continué à faire croire à l’opinion tant nationale qu’internationale qu’il se la coulait douce au Canada ou dans un autre pays de l’hémisphère Nord. Au lieu de défendre l’indéfendable, les « pro Atou » devraient expliquer à la communauté nationale pourquoi se cachait-il ? De quoi avait-peur, d’autant que le Conseil d’Etat l’avait réhabilité, depuis le mois d’octobre (25) à son poste de gouverneur de province? Pourquoi n’était-il pas sorti de sa cachette pour renter à Matadi reprendre son fauteuil de gouverneur actuellement occupé, à titre intérimaire, par son ancien vice-gouverneur, Justin Luemba, cet autre triste acteur d’un sextape à oublier et qui n’aurait pas dû se trouver à la tète de la province du Kongo Central ?

Bref, Atou Matubuana a largement mérité ce qui lui est arrivé samedi dernier à Matonge parce qu’il a affiché, depuis son entré en clandestinité, un comportement propre aux « Kuluna ». Fallait-il mettre une limousine à la disposition de quelqu’un qui a refusé de s’assumer comme un gentleman ? Nous refusons d’applaudir le triste exploit réussi par l’ancien gouverneur du Kongo Central, celui de s’être volontairement soustrait à la justice pendant quatre mois.

Dans un Etat de droit, les citoyens dignes de ce nom ont profond respect pour la justice. Matubuana avait semé le mépris de la justice… il ne pouvait que récolter l’humiliation.

Kimp
Le Phare

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