Dimanche 18 juillet. Les Congolais ont accueilli la dépouille mortelle du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, venue de la France par un vol affrété. L’émotion était à son comble. Le « Grand Laurent » est arrivé, inerte, à Kinshasa, dans une « caisse en bois de Cèdres simple » ! À voir des marées humaines en sanglots, qui accompagnaient le cortège funèbre depuis l’aéroport international de N’djili jusqu’à la Cathédrale Notre-Dame du Congo où une messe a été célébrée en sa mémoire, l’on peut dire que par sa mort, Monsengwo a cessé d’être un homme pour devenir un « symbole ». Symbole de l’unité nationale. Jamais un décès n’a fait autant d’unanimité parmi les Congolais et même en dehors des frontières nationales. On l’a vu depuis la France où le prélat à rendu l’âme, à 81 ans, le dimanche 11 juillet, jusqu’à l’arrivée de la dépouille, hier, dans la capitale congolaise. Des Congolais de toutes tendances, sans distinction de couleurs politiques ni d’accointance tribalo-ethnique, se sont rangés les uns à côté des autres pour rendre les derniers hommages à celui qu’ils appelaient respectueusement « Tata cardinal ». Cette symbolique traduit à juste titre la sagesse qui enseigne qu’«on meurt comme on a vécu ». Donc, même mort, Laurent Cardinal Monsegnwo reste ce sage, ou plutôt ce symbole de l’unité nationale qui fait oublier aux Congolais leurs clivages séparatistes. En un mot, on dira : « Kinshasa pleure son prophète ».

Kinshasa a fait couler, dimanche 18 juillet, un torrent de larmes avec l’arrivée à l’aéroport international de N’Djili, sous le coup de 14h45’, de la dépouille du Cardinal émérite Laurent Monsengwo Pasinya.

Dans un cercueil en bois de cèdres simple, la dépouille de l’archevêque métropolitain émérite de Kinshasa a été saluée par les archevêques et évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). La délégation des officiels congolais a été conduite par Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale qui avait à ses côtés Modeste Bahati, président de la Chambre haute du Parlement, ainsi que le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde.

Après une brève cérémonie de recueillement autour du cercueil, le cortège s’est ébranlé vers le centre-ville. Et, c’est un cortège de plus de 30 km et une foule éplorée de chrétiens et sympathisants, rameaux en mains, qui ont salué le passage de la dépouille du prélat défunt dès la sortie des installations de l’aéroport jusqu’à la cathédrale Notre-Dame du Congo de Lingwala, en passant par les boulevards Lumumba, Sendwe, Triomphal et l’avenue de la Libération.

Le cortège funèbre fait son entrée dans l’enceinte de la cathédrale Notre-Dame du Congo à 16h30’. Dans la limousine Mercedes pimpant neuve qui transportait le corps depuis l’aéroport jusqu’à la cathédrale, on aperçoit l’abbé Koko, neveu du prélat défunt.

Avant l’entrée dans la chapelle, Cardinal Fridolin Ambongo procède à la bénédiction du cercueil qui était transporté par les curés doyens de l’archidiocèse de Kinshasa. À l’intérieur, une foule de fidèles et officiels a déjà pris place, dans le respect des gestes barrières contre la pandémie de Covid-19. Mais pendant ce temps, une foule suit l’office religieux célébré pour le repos éternel de « Tata cardinal Monsengwo ». La messe est dite par l’évêque José Moko d’Idiofa et vice-président de la CENCO.

Cette messe de suffrage a été précédée des absoutes, c’est-à-dire une dernière bénédiction du défunt pour absoudre ses péchés. Poussière, on retourne au Père, qui ne sait pas nous recevoir dans son royaume éternel avec nos péchés. À l’occasion, le cardinal Ambongo a allumé une bougie, déposé une croix et une bible sur le cercueil du « Grand Monsengwo » dans un cercueil en bois de cèdres.

Dans la foule, on reconnaît aussi au passage la délégation venue de Brazzaville, notamment la présence des enfants Sassou, proches parents de Laurent Cardinal Monsengwo.

Palais du peuple, un symbole pour Monsengwo

À l’issue de l’office religieux de ce dimanche, le corps de l’archevêque a été ramené à la morgue de l’hôpital Saint Joseph de Limete. Le mardi 20 juillet, la dépouille partira de nouveau de la morgue pour le Palais du peuple, ce site mythique et symbolique pour Laurent Cardinal Monsengwo.

Ordonné évêque le 13 février 1980, Monsengwo reçoit la consécration épiscopale le 4 mai de la même année, des mains mêmes du pape Jean-Paul II au Palais du peuple. Il est désigné président du Bureau de la Conférence nationale souveraine puis, de 1992 à 1996, du Haut Conseil de la République, érigé en Parlement de transition (HCR-PT) en 1994. Il s’installe au Palais du peuple.

Et voici que le 20 juillet 2021, Cardinal Laurent Monsengwo termine sa course au même Palais du peuple, pour les derniers hommages officiels de la nation.

Dans la délégation qui a ramené le corps du prélat défunt, on a noté la présence de François Kaniki, jeune frère du cardinal défunt, Jules Alingete, inspecteur général et chef de service de l’Inspecteur général des finances, de l’abbé Mpati Noël, Dr. Molasoko M. Ntambu, chargé d’affaires de la RDC en France.

L’inhumation aura lieu ce mercredi 21 juillet dans la cathédrale Notre-Dame de Congo aux côté de ses prédécesseurs cardinaux Malula et Etsou. Mais bien auparavant, le mardi 20 juillet à l’Esplanade du Palais du peuple, une cérémonie solennelle au cours de laquelle l’archevêque métropolitain émérite de Kinshasa aura droit à des hommages officiels de la République.

Le Potentiel

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