Le Conseil d’État a ordonné, mercredi dans la soirée, la suspension de l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale prévue ce vendredi. Cela, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle dans l’action initiée par Jean-Marc Kabund, en vue d’obtenir l’annulation de sa destitution. Le tournant actuel dans cette affaire n’étonne pas les observateurs avertis.

Le Potentiel dans son édition du 26 mai dernier avait déjà tablé sur la « précipitation imprudente » de l’Assemblée nationale se complaisant dans un jeu politique aux dimensions purement partisanes. Tout a été orchestré dans une forme de confusion délibérée, entre vitesse et précipitation, alors que la représentation nationale n’aurait rien perdu en attendant l’éclairage de la justice indépendante sur le flou dans la régularité de la démarche de l’auteur de la pétition de déchéance.

La plénière a ainsi été entrainée à examiner et à voter sur base d’une pétition attaquée en justice. Et comme jamais un sans deux, c’est le forcing qui est en vue avec la programmation d’une plénière électorale ce vendredi 12 juin. Le bureau de l’Assemblée nationale faisant fi de la démarche du Conseil d’Etat, a annoncé ce rendez-vous pour 10 heures avant de le postposer pour 13 heures.

Jean-Marc Kabund a-t-il payé cash à cause de son radicalisme farouche gênant les caciques du Front commun pour le Congo ? Cette interrogation a été soulevée, non sans raison, dans l’édition du journal Le Potentiel du 26 mai dernier au lendemain de la déchéance du président a.i. de l’Udps de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale.

Kabund qui s’était farouchement opposé à la tenue d’un congrès aux contours « flous et couteux», lequel avait comme objectif officiel de prolonger l’État d’urgence décrété par le président Félix Tshisekedi pour lutter contre la pandémie de la Covid-19, a subit la fatwa mais qui n’a pas respecté la procédure. C’est dans une forme de confusion de gestion de l’Assemblée nationale emportée de manière délibérée entre vitesse et précipitation que le sort de celui qu’on a surnommé « maitre-nageur » a été scellé. La voix d’alerte d’un technicien du FCC, en la personne du professeur Noël Botakile, a été inaudible. Ce dernier, sans tergiverser, avait attiré l’attention du bureau sous la houlette de Jeanine Mabunda, sur le risque d’entrainer l’Assemblée nationale dans la complicité de l’usage de faux en décidant de délibérer sur un document « soupçonné ». Le bons sens, avait-il suggéré, en soutenant la démarche de l’élu Udps Tony Mwaba, était de surseoir la démarche en attendant de voir la suite de la justice pour respecter l’article 172, alinéa 2 de la Constitution qui interdit de statuer sur un différend pendant.

Kabund rebondit

Dans la foulée, Jean-Marc Kabund avait saisi le Conseil d’Etat pour que cette haute juridiction administrative constate « des irrégularités » dans le processus du vote ayant conduit à sa destitution.

Le juge administratif a instruit cette affaire dans une procédure en urgence, mercredi 10 juin. Un débat contradictoire a opposé les avocats de l’Assemblée nationale à ceux de Jean-Marc Kabund. Et finalement, le Conseil d’Etat a ordonné le même jour la suspension de l’élection du premier vice-président de l’Assemblée nationale, prévue ce vendredi 12 juin, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle dans l’action initiée par Jean-Marc Kabund, en vue d’obtenir l’annulation de sa destitution.

Election ou pas, l’Udps soutient les deux démarches

Contrairement à certaines analyses présentant une opposition entre le président a.i du parti présidentiel au président de la République, autorité morale de la plateforme CACH, à l’Udps, on rassure qu’il n’y a pas de polémique, ni « de désordre et guéguerre ».

Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Udps, a fait une mise au point mardi, pour se montrer explicite vis-à-vis des stratégies appliquées par sa formation politique sur ce dossier.

« Il n’y a aucune contradiction entre la démarche du président a.i du Parti, Jean-Marc Kabund, celle de saisir la justice congolaise, plus spécialement le Conseil d’État, et l’initiative du dépôt de la candidature de l’honorable Patricia Nseya au poste du premier vice-président le lundi 8 juin. Les deux démarches émanent du parti », a affirmé Augustin Kabuya.

Selon lui, la voie empruntée par l’actuel président de l’Udps a été délibérée par le parti.

« Vous vous rappellerez que le point 5 de la déclaration politique de l’Udps que moi-même j’ai signée en date du 28 mai dernier autorisait à l’honorable Jean-Marc Kabund de pouvoir saisir la justice pour rentrer dans ses droits. Donc, son acte juridique est totalement conforme avec la déclaration politique du parti susmentionnée » a-t-il ajouté, avant d’appeler les uns et les autres au calme.

Le Potentiel

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