L’un promet de revenir d’ici le 8 août 2018. Tandis que l’autre a même fixé la date du 1er août 2018, pour revenir au pays. Les deux sont, pourtant, déterminés. Mais, ils n’ont pas les mêmes affaires judiciaires. Comment les autorités congolaises vont-elles traiter ces deux cas ? Laisser Bemba, bloquer Katumbi ? Peut-on imaginer qu’au nom du pardon et de la réconciliation, tels que consignés dans l’Accord de la Saint Sylvestre, le champ serait ainsi libre à tous les deux ? Ce sont-là des questions difficiles, voire compliquées. Dans les états-majors, c’est la bousculade pour compulser les dossiers. L’heure a sonné pour déposer les candidatures à partir d’aujourd’hui à la Ceni dont les portes des BRTC sont ouvertes.

Retour ou test ?

Déjà, Me Dupont Moretti, l’avocat français de Katumbi, 54 ans, a déclaré hier que de toutes les affaires engagées contre son client, il n’y trouvait aucune qui soit à même de l’empêcher de rentrer dans son pays en homme libre, pour matérialiser, comme il y tient, son ambition de postuler à la présidentielle dont les empoignades ont été fixées depuis le 5 novembre 2017 par la Ceni, au 23 décembre 2018.

A l’en croire, ces affaires-là sont à classer, en bloc, dans le lot de poursuites à abandonner, s’il faut se conformer à la décrispation du climat politique, telle que recommandée au terme de l’Accord de la Saint Sylvestre, conclu sous la barbe des évêques.

Bemba, la nouvelle face

De son côté, Bemba, 56 ans, leader du Mouvement de Libération du Congo, se voit autrement, après dix ans passés dans sa cellule de Scheveningen où il était sous le contrôle de son geôlier, à la Haye. Maintenant qu’il hume de l’air frais, depuis sa résidence de Rhode-Saint-Genèse située dans une des banlieues huppées de Bruxelles, Bemba dit avoir un autre projet plus ambitieux que celui qu’il avait en 2006 lorsqu’il affronta jusqu’à ses dernières énergies, Joseph Kabila Kabange dont le mandat, après cinq ans renouvelables une fois, est épuisé, depuis le 20 décembre 2016.

Equations

Katumbi – Bemba, deux hommes, deux candidatures au contenu différent. Si le premier annonce son retour via son avocat, Me Dupont Moretti, tout en sachant que les démêlées judiciaires risquent de bloquer son client, l’autre est, cependant, bénéficiaire d’un passeport diplomatique que Kinshasa a décidé, en toute souveraineté, de lui délivrer depuis qu’il avait été acquitté, le 8 juin dernier en rapport avec l’affaire de l’intervention de ses miliciens à Bangui entre 2002 et 2003.

Dans les deux dossiers, loin s’en faut, la manière de traiter compte. A Kinshasa, des interrogations se multiplient autour de ce retour fracassant de ces deux hommes. Au MLC, par exemple, Bazaïba, dans un communiqué de presse, laisse entrevoir la possibilité, pour le Chairman, d’être reçu en Prince comme en 2006 à Kinshasa. Encore que, dans ce cas, l’Hôtel de Ville de Kinshasa devrait, tout de même, s’y prononcer, pour recadrer cet accueil qui s’annonce délirant, le mercredi 1er août 2018. Mais, pour l’autre, celui de Katumbi dont l’avocat remue dans les plaies béantes des procédures judiciaires, Jean-Bertrand Ewanga, l’un des cadres influents de la plateforme Ensemble pour le changement, confirme, par ailleurs, que les préparatifs sont aussi avancés.

Et qu’aux dernières nouvelles, tout serait mis en œuvre pour le retour de Katumbi en homme libre dans son pays, pour le dépôt de sa candidature. Ce qui, aux yeux de tous les analystes, ouvre une fenêtre à quelques surprises. S’il est admis qu’il peut rentrer comme tel, selon que son avocat insiste et détaille les raisons dans ce sens-là, il ne serait pas étonnant d’entendre le point de vue différent de la justice congolaise qui, elle, aurait été saisie sur cinq dossiers, à savoir : le recrutement des mercenaires, la spoliation d’immeuble à Lubumbashi, la nationalité italienne, l’instigateur d’un mouvement insurrectionnel en Ituri et, enfin, l’usage d’un passeport falsifié.

Inquiétudes

A tout prendre, certains des ceux qui, de plus en plus, expriment des réserves, craignent quant à sa sécurité, si jamais il tentait de faire ce dernier forcing sans la moindre concession.

Dans tous les cas, toutes les manœuvres, y compris les discussions des coulisses, devraient conduire toutes les parties prenantes à assouplir leurs positions.

Au demeurant, si le contexte ne s’y prête pas, Katumbi serait-il amené à transmettre sa candidature par courriel ou par lettre recommandée ?

Par contre, Bemba dont l’affaire de subornation des témoins reste, après tout, pendante, est-il éligible en vertu de la loi électorale congolaise, telle que révisée et actualisée pendant que lui était encore à la Haye ? Autant sont de questions. Autant d’équations.

Cercle vicieux

Mais, dans l’entretemps, les échéances filent. Dès aujourd’hui, le 25 juillet jusqu’au 8 août, cela fera seulement quinze jours, pour tout faire. Tous les candidats coincés, libres ou exilés sont placés, à tout prix, devant un véritable défi. De la machine à voter à la caution, en passant par le seuil de représentativité, le fichier dit corrompu et la Ceni non-redynamisée, alors que le climat politique reste tendu, avec l’appel du CLC et la perspective d’une énième candidature de l’actuel Président, au cas où le FCC testait le diable, le dispositif paraît corsé.

Aux téméraires, de se mesurer sans pour autant se couper le souffle. Décidément, en RD. Congo, l’histoire se répète continuellement.

L’on serait tenté de croire qu’en l’absence du consensus, les élections envisagées à la fin de cette année, risquent de plonger le pays dans un nouveau cataclysme pour ne pas parler, peut-être, d’un nouveau cycle infernal ou alors, d’un cercle vicieux.

La Prospérité / MCN

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