C’est le premier thème sensible de la présidentielle de décembre 2018 en Republique démocratique du Congo. À huit mois de l’échéance, la polémique de qui est congolais et qui ne l’est pas, s’est brutalement invitée dans le débat politique. Avec en prime, la nationalité italienne supposée de l’opposant Moïse Katumbi que la Majorité présidentielle ne lâche pas d’une semelle.
« Italien depuis 2000, tu veux être président ici ? Jamais ! », a lancé samedi, le Secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Shadary. Insistant sur la disqualification de la course présidentielle, de l’ancien gouverneur du Katanga.
Du côté du candidat d’ENSEMBLE, si on reste jusque-là silencieux face aux assauts de la MP, la riposte s’organise. « D’abord, il faut qu’ils prouvent que Katumbi a pris la nationalité italienne. Ce n’est pas avec un article de Jeune Afrique qu’ils le feront », explique à CAS-INFO, le député Françis Kalombo. L’ancien leader des jeunes au sein du parti présidentiel assure par ailleurs qu’en cas de double nationalité, le président du TP Mazembe ne serait pas le seul à se trouver dans telle situation. « Lors des précédentes élections, beaucoup de candidats et non de moindre ont bénéficié du moratoire et ont pu jouir de leur droit de voter et d’être élus », poursuit-il en citant pèle mêle l’ancien vice-président de la république et candidat du RCD en 2006, Azarias Ruberwa, l’ancien ministre de la défense Charles Mwando Nsimba ou encore l’ancien Premier ministre Samy Badibanga.
« Le moratoire concerne tous les Congolais »
Arrivé au pouvoir à la suite de la rébellion du RCD déclenchée en 1998, Azarias Ruberwa et les membres de son Mouvement composé en majorité des Congolais d’origine tutsis avaient en effet – grâce à une loi spéciale votée à l’assemblée nationale, pendant la transition post accords de Sun City – fini par recouvrer leur pleine nationalité congolaise et ainsi concourir aux élections. « Ils n’ont jamais eu besoin de mener des démarches pour recouvrer leur nationalité congolaise », rappelle le député proche de Katumbi.
Alors que le porte-parole de la MP, André Alain Atundu, vient d’expliquer à la presse que l’ancien gouverneur du Katanga n’était pas concerné par ce moratoire [prolongé sine die depuis la présidence Kamerhe à l’Assemblée nationale en 2007], Françis Kalombo rétorque que le texte ne précise rien à ce sujet. « Le moratoire concerne tous les Congolais », martèle-t-il en évoquant quelques précédents : Charles Mwando Nsimba et Samy Badibanga
En août 2016, pris dans une tourmente médiatique, à la suite de sa défection du pouvoir au profit de Moïse Katumbi, l’ancien Premier vice-président de la chambre basse du Parlement avait dû se justifier avoir « renoncé » à sa nationalité belge après être devenu président de la commission politique, administrative et juridique. Sans aucune démarche particulière de recouvrement de sa nationalité congolaise. Sommé de démissionner après sa nomination comme Premier ministre, fin 2016, Samy Badibanga écrivit, lui, au Gouvernement belge, à pas de charge, une lettre de renonciation de sa nationalité belge. Et le ministre de la Justice prit acte. Dans un régime spécial qui attend certainement le candidat d’ENSEMBLE.
Cas-info