Comment un ancien combattant du RCD/Goma, du CNDP et du M-23 que l’ONU a présenté dans ses rapports comme un criminel de guerre peut-il se retrouver à la tête d’une telle structure, s’interrogent nombre d’observateurs.

Il y a deux jours Félix Tshisekedi, Président de la République a signé une Ordonnance nommant Tomy Ushindi comme Coordonnateur au «Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation» (DDRC-S). Ce qui a tout de suite provoqué des réactions au vitriol de toutes parts. D’autant plus que le concerné, ancien de toutes les rebellions pro-rwandaises qui ont ravagé le pays en tentant de le balkaniser depuis 1998 et où il est cité dans tous les rapports de l’ONU pour ses exactions sur les populations civiles qui sont comprises comme des crimes de guerre. Dans ce cadre, Ushindi a en outre milité pour l’émergence d’un «Etat indépendant du Kivu», toujours sous la dictée du Pouvoir de Paul Kagame.

On comprend pourquoi le Dr Denis Mukwege, le Nobel de la Paix soit sorti du bois en piquant une sainte colère hier en ne mâchant pas les mots pour fustiger la nomination d’un tel personnage par le chef de l’Etat au programme de désarmement, alors qu’il a promis d’installer une justice transitionnelle. On ne voit pas comment le Président de la République va nommer dans les Institutions publiques des personnes qui sont auteurs de graves violations de droits de l’homme comme sieur Tomy Ushindi alors que la RDC regorge de cadres compétents qui n’ont pas du sang sur les mains, c’est-à-dire qui ont pattes blanches pour occuper cette fonction d’encadreur du processus de désarmement et démobilisation des combattants.

Quelle leçon morale va-t-il donner aux combattants des groupes armés repentis dont il aura la charge ? c’est là où le Prix Nobel de la Paix propose au chef de l’Etat de mettre en place un mécanisme institutionnel chargé d’identifier tous ceux qui avaient par le passé posé de actes de violations de droits de l’homme et du droit humanitaire et les exclure à l’avenir à des fonctions publiques, leur place étant de répondre de leurs actes devant les Cours et Tribunaux et nulle part ailleurs.

Nombreux sont du reste les Congolais qui s’interrogent pour savoir comment un ancien combattant du RCD/Goma, du CNDP et du M-23 que l’ONU présenté dans ses rapports comme un criminel de guerre peut se retrouver à la tête d’une telle structure. Dans quel monde sommes-nous ?

Lui-même Tomy Ushindi se défend en arguant qu’est-ce que sa qualité d’ancien du RCD/Goma fait qu’il soit exclu de l’exercice public dès lors qu’il a la compétence requise pour ce poste. Il ne comprend pas que ce n’est pas de la compétence dont il est question ici, mais plutôt du passé de la personne.

Ce n’est pas seulement un ancien rebelle pro-rwandais, mais l’ONU le cite dans ses rapports pour de crimes commis sur les populations civiles. Ce qui changerait tout à sa charge. Pour Mukwege, une pareille nomination est susceptible de promouvoir dans la vie publique des violateurs des droits de l’homme et du droit humanitaire, ce qui empêcherait l’instauration de la paix au pays.

Il s’agit-là, argumente-t-il, d’un mauvais message qu’on envoie aux autres combattants qui sont encore dans les groupes armés qu’ils bénéficieront de l’impunité que ce soit pour les crimes qu’ils ont commis contre les populations. C’est dans cette spirale que va conduire la désignation de Tomy Ushindi au programme de désarmement et de démobilisation des combattants. Félix Tshisekedi est appelé à revenir sur cette nomination.

KANDOLO M.
Forum des as

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