C’est un François Beya amaigri qui a appris hier la nouvelle de sa liberté provisoire. Fini la galère de la prison pour l’ex « Spécial« ? Les proches de François Beya l’espèrent bien. Ses avocats ne voient pas d’autre issue que sa libération définitive tant à leurs yeux, le dossier est vide.
François Beya a enfin recouvré sa liberté. Une liberté provisoire après plusieurs mois passés à la Prison centrale de Makala. La Haute Cour militaire a pris cette décision, hier mardi 16 août, à travers un arrêt avant dire droit, faisant suite à la requête des avocats du concerné.
Les juges de cette juridiction motivent leur décision par la détérioration de l’état de santé de celui qu’on appelle « Fantômas« . Ils se fondent sur le rapport des médecins de la commission médicale, chargée de l’examiner.
Poursuivi pour « les infractions d’injures et incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline« , François Beya a passé quelques mois dans les installations de l’Agence nationale des renseignements (ANR), avant d’être transféré à la prison centrale de Makala où il a fallu attendre quelques temps avant de voir son dossier transféré à la Haute Cour militaire.
C’ETAIT DONC UN SIMPLE MONTAGE ?
Au regard du caractère apparemment sérieux des infractions mises à la charge de ce « securocrate XXL« , sa libération provisoire soulève des questions de fond quant à l’authenticité des faits en cause. Surtout lorsqu’on se rappelle que le porte-parole du chef de l’Etat, Kasongo Mwema, a affirmé qu’il s’agit des faits qui menacent sérieusement la sûreté nationale.
Pour nombre d’analystes, cette décision de la Haute Cour militaire n’est ni plus ni moins qu’une preuve de la vacuité du dossier monté contre François Beya. Entretemps, l’état de santé de l’ex « Spécial » ne cessait de se dégrader. Les conditions de détention étant, par nature, un facteur aggravant.
LIBERTE APRES PLUS DE CINQ MOIS D’ARRESTATION
Il était donc important que la Justice libère, ne fût-ce que provisoirement, François Beya, avant qu’il ne soit trop tard.
Dans les rangs de ses avocats et des organisations de défense des droits de l’homme, on espère que cette libération provisoire va finir par se transformer en libération définitive, le dossier en cause étant vide.
François Beya a été arrêté à son domicile le 5 février dernier, alors que le président Félix Tshisekedi se trouvait au sommet de l’Union africaine où il remettait la présidence de l’institution qu’il avait occupée pendant un an à son successeur, le Sénégalais Macky Sall.
RETOUR SUR UNE ARRESTATION AUX CONTOURS FLOUS
François Beya sera retenu, deux mois durant, dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR), sans le moindre mandat d’arrêt, pour une suspicion d’atteinte à la sûreté de l’État. Ce, avant d’être transféré au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), l’ex-prison centrale de Makala.
Plusieurs autres arrestations ont été annoncées par la suite dans les services de sécurité et parmi les hauts gradés de l’armée congolaise. Quatre de ses proches collaborateurs seront placés en détention quelques jours plus tard (son directeur de protocole et un de ses assistants, son secrétaire personnel et un garde du corps) et transférés le 4 avril à la prison militaire de Ndolo.
L’arrestation de ce professionnel des « Services » a suscité plusieurs réactions dans le pays. Des organisations de défense des droits de l’homme ont crié à une « arrestation arbitraire« . Le député national Claudel Lubaya, a pour sa part, dénoncé le non-respect de la Constitution congolaise qui, en son article 18, prévoit notamment que « toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle… «
UNE EXPERIENCE AU SERVICE DU PAYS
Ancien des services de sécurité sous le maréchal Mobutu, formé en partie en Israël, François Beya a connu quelques mois l’exil européen au début de l’ère de Laurent-Désiré Kabila (1997), avant de revenir au pays et de reprendre sa carrière dans la sécurité, comme directeur de cabinet de l’administrateur général des services de renseignement (ANR), Didier Nyembwe.
Il a été conseiller à la sécurité du vice-président de la République (1+4) Arthur Z’ahidi Ngoma, avant de décrocher le poste de directeur général adjoint, puis directeur général de la Direction générale de migration (DGM).
Vieux routier de l’espace congolais, François Beya a participé activement à la passation de pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi en janvier 2019. Ce dernier va finalement le nommer conseiller spécial en matière de sécurité, poste qu’il conservera jusqu’à son arrestation.
DON.N
Forum des as