Le jeudi 10 octobre 2019 s’écrasait dans le territoire de Kole de la province du Sankuru, l’Antonov 72 des Forces armées de la RDC, affrété par la présidence de la République. A bord de l’aéronef se trouvaient, entre autres, le véhicule blindé du président de la République, son chauffeur et quelques gardes rapprochés. Plus d’un mois, après c’est le suspense. Le gouvernement s’est limité à indiquer que le crash est survenu des suites de mauvaises conditions météorologiques. Puis, plus rien. Secret d’Etat ? Probable ; mais à qui profite le crime ? Enigme !

La République démocratique du Congo serait-elle finalement ce pays des enquêtes sans suite ? Nombre d’observateurs partagent ce point de vue, tant des enquêtes ouvertes en RDC se sont généralement terminées en eau de boudin.

On se souvient encore de cet incendie spectaculaire des entrepôts de la Céni à Kinshasa, tout comme les massacres de Yumbi dans le Mai-Ndombe, sans oublier l’affaire, dite de 15 millions USD soustraits frauduleusement dans le secteur pétrolier. Et sur ce point précis, l’échantillon n’est pas exhaustif. D’autres drames de haute portée nationale, incluant à la fois des détournements des deniers publics ou des massacres à grande échelle de la population, sont tout aussi restés lettres mortes.

On pensait que le crash, le 10 octobre 2019 dans le ciel de Kole, au Sankuru, de l’Antonov affrété par les Forces armées de la RDC au profit de la présidence de la République, allait mettre fin à ce cycle des enquêtes non conclues en RDC. Que nenni ! En réalité, le mal s’est incrusté dans la culture politico-judiciaire de la RDC. L’habitude de laisser trainer les choses jusqu’à les classer dans le placard a la peau dure.

Plus d’un mois, on ne sait pas dire avec exactitude ce qui a causé la chute brutale, entrainant mort d’hommes, de l’Antonov 72 qui transportait le véhicule blindé du chef de l’Etat, encadré par son chauffeur officiel et des gardes rapprochés.

A ce jour, seule l’explication fournie par le gouvernement suppose avoir clos l’enquête. La version officielle a fait état de mauvaises conditions météorologiques comme cause probable du crash. Qu’en est-il des conclusions de la Cellule de crise, mise en place à cet effet pour faire toute la lumière sur ce drame ? Motus et bouche cousue.

Un secret bien gardé

Plus d’un mois après le crash de Kole, l’énigme reste entière. Pourtant, ce crash a mis directement en péril la sécurité du chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Cela appelle analyse et commentaire.

Le lieu du crash aurait été identifié mais le questionnement sur cette affaire reste pendant. Où sont allées les boîtes noires de l’Antonov ? Trois corps sur les dix officiellement annoncés ont été retrouvés et déterrés. Où sont passés les autres ? Pourquoi l’opinion n’est-elle pas fixée sur l’identité de ces victimes ? De mieux en mieux, aucune mention n’est faite sur la destination prise par la voiture blindée du chef de l’Etat, lorsque l’on sait que l’Antonov n’a pas pris feu ?

Evidemment, au nom d’un secret d’Etat aux contours flous, personne n’est également en mesure de retracer le film des événements entre la ville de Goma, point de départ de l’avion, et Kole, lieu présumé du crash. De même, on ne sait pas dire avec exactitude le nombre de personnes embarquées à bord de cet aéronef. Bref, tout est mystère. D’autant que, le doute persiste sur l’identification même de l’Antonov 72 dont la réputation au niveau mondial ne serait pas catholique.

Par ailleurs, le mystère entoure la mort des membres d’équipage. Dans un reportage suivi sur la radio Top Congo, il avait été fait mention de la présence à Kole d’un homme blanc que des villageois avaient assimilé à l’un des pilotes de l’aéronef sinistré.

Toutes ces questions et bien d’autres méritent des réponses, lesquelles devraient provenir des résultats d’enquête censée être menée par la cellule de crise mise en place au lendemain du crash. Hélas, en lieu et place de communiquer, les officiels se contentent de garder le silence, alimentant les rumeurs dans tous les sens. Qui a intérêt à ce qu’on ne sache jamais ce qui a conduit au crash de l’Antonov 72 ? Difficile à dire.

Est-ce que la RDC ne peut pas , pour une fois rompre avec cette vieille habitude de tout dissimuler à son opinion. La sécurité du président de la République concerne tous les Congolais. Et le peuple dans son ensemble a le droit de connaitre ce qui s’est passé ce jeudi 10 octobre 2019 sur le ciel de Kole.

Se retrancher derrière des considérations du type secret d’Etat ne ferait qu’entretenir le flou. Le crash de Kole est encore loin de livrer son secret. Tout comme l’incendie en 2018 des entrepôts de la Céni dont le secret est bien gardé au plus haut niveau de l’Etat.

On ne cessera jamais de le dire. Le chef de l’Etat Félix Tshisekedi, qui s’est inscrit dans la voie de la rupture, doit se démarquer de vieilles habitudes par lesquelles tout ce qui touche à la sécurité est du domaine des dieux.

Dans le crash de l’Antonov 72, des Congolais envoyés en mission officielle sont morts. Un véhicule blindé du chef de l’Etat acquis sur des fonds publics, autrement dit avec l’argent du contribuable congolais, a disparu sans qu’on ait repéré des traces de son épave. Le peuple a le droit de connaitre la vérité. Il y va aussi de la sécurité de son président de la République.

Le Potentiel

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