La rupture entre l’ancien président a.i de l’UDPS, Jean-Marc Kabund et le Chef de l’État Félix Tshisekedi Tshilombo a donné lieu à un vrai conflit fratricide. D’un camp comme de l’autre, on assiste à des révélations accablantes sur les pratiques et le comportement de dirigeants du parti présidentiel. Et, le moins que l’on puisse dire, la corruption, l’affairisme, l’immoralité, le clientélisme…l’anarchie et d’autres antivaleurs caractérisent le parti présidentiel.
Le lundi 18 juillet dernier, Jean-Marc Kabund a officialisé sa rupture avec le Chef de l’État. Dans sa villa cinq étoiles construite en moins de trois ans dans le quartier défavorisé et populaire de Kingabwa, à Kinshasa, il a critiqué sévèrement le régime en place dont il était un des barons. Il a accusé Félix Tshisekedi et ses collaborateurs, notamment d’être des « irresponsables jouisseurs », de saigner à blanc les caisses de l’État ou encore de ne pas tenir leurs promesses.
Celui qui soufflait le chaud et le froid au sein du système Tshisekedi a annoncé la création de son propre parti politique, « Alliance pour le Changement ». Kabund a révélé avoir essayé en vain de rappeler son ancien patron à l’ordre, jour et nuit, sur les « dérives du régime ».
Tous jouisseurs
Se réclamant héritier idéologique d’Etienne Tshisekedi, l’ancien premier Vice-président de l’Assemblée nationale a appelé le peuple à chasser le fils biologique du Sphinx de Limete du pouvoir, prétendant l’avoir prévenu qu’il risque un jour d’être traîné derrière les barreaux à cause de la taxe illégale du Registre des Appareils Mobiles (RAM).
En rupture avec la majorité parlementaire dont il était l’un des artisans, Kabund a indiqué qu’il était devenu « gênant » aux yeux des collaborateurs de Félix Tshisekedi qu’il accuse d’être en quête des biens matériels.
Ce, alors que lui-même s’est amassé une fortune difficile à justifier à l’espace de moins de trois ans et se la coule douce dans sa somptueuse demeure aux allures d’un château.
L’arroseur arrosé
Réponse du berger à la bergère, le Secrétaire Général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a répondu à ses déclarations, ce mercredi 20 juillet 2022.
Devant de centaines de « combattants » {Ndlr: militants du parti}, il a accusé l’ancien président ai de son parti d’être immoral, délinquant, frustré et d’avoir confisqué les biens d’autrui dont des carrés miniers.
« L’on peut comprendre, a-t-il lancé, en quoi le mensonge reste intimement lié aux gênes même de Jean-Marc Kabund qui en son temps, a dû mentir sur ses origines pour gagner la confiance du Président Étienne Tshisekedi afin de se faire nommer Secrétaire Général du parti ».
A l’instar d’un prophète d’une église de réveil, Augustin Kabuya a fait des révélations explosives impliquant Kabund à l’époque où il diriegait l’UDPS.
« Lorsque sieur Jean Marc Kabund parle des jouisseurs, il faut qu’il précise s’il s’adresse pas à lui-même. En une année du mandat à l’Assemblée nationale, il construit une école d’une valeur de 350.000 dollars, soit l’équivalent en dollars américains de trente mille mensuellement. Alors que deux ans avant, il n’avait rien. Ceci n’étant qu’illustratif parce qu’il faut y ajouter les constructions des stades et villas de luxe à travers le pays », a révélé Augustin Kabuya.
Et de poursuivre que: « Le détournement de plusieurs millions de dollars des cartes des membres, l’agression d’un agent de la Garde républicaine sont entre autres les raisons d’exclusion de Jean-Marc Kabund de l’UDPS. »
Kabuya vraiment innocent ?
C’est donc clair que l’UDPS est consciente que ses dirigeants se sont insolemment et rapidement enrichis, mais qu’elle ferme les yeux sur la provenance de leurs richesses.
Sinon, Kabuya aurait pu dévoiler ce que le parti a fait pour tenter de mettre fin à l’enrichissement vertigineux de celui qui était son président ai.
Il aura fallu attendre que le « maître nageur » quitte le bateau de la Fatshispherè pour voir celui qui remplissait à la perfection le rôle de son garçon de courses dénoncer sa richesse et son arrogance.
Question : si Jean-Marc Kabund s’est enrichi à ce niveau sous sa barbe, Augustin Kabuya croisait-t-il les bras sans chercher lui aussi à s’assurer une certaine sécurité sociale et financière? Rien n’est moins sûr. Seulement, il faudra attendre qu’il se mette en conflit avec le parti pour que celui-ci le dénonce.
Jean-Perou Kabouira
Alternance