Par 286 voix contre 17 et 9 abstentions, Jean-Marc Kabund a été destitué de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale, a annoncé Jeanine Mabunda, présidente de la chambre basse du parlement congolais à l’issue d’un vote épique. Retour sur la chute de l’homme fort de l’UDPS.

Il a fallu attendre le bout de la nuit pour voir les députés congolais, déterminés, pouvoir voter massivement pour la destitution de Jean-Marc Kabund, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président intérimaire de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti du président Félix Tshisekedi au pouvoir. Les députés ont voté largement pour sa destitution sur 286 voix contre seulement 17. Jean-Marc Kabund n’a pas pris part à ce vote mouvementé qui a abouti à sa destitution. Des députés de l’UDPS ont tenté de l’empêcher en provoquant notamment une bagarre générale, entraînant la suspension momentanée de la séance.

La chute de Jean-Marc Kabund incarne à la fois son comportement sulfureux et la dualité entre le camp de Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila. En effet, depuis plusieurs mois, l’inoxydable président de l’UDPS n’a pas ménagé ses alliés, menaçant parfois de les chasser du pays. Et il faut dire que sa destitution vient directement de cet affrontement.

Il y a quelques semaines, Jean-Marc Kabund s’est farouchement opposé à la tenue d’un Congrès qui avait comme objectif officiel de prolonger l’Etat d’urgence décrété par le président Félix Tshisekedi pour lutter contre la pandémie de la Covid-19. Cependant du point de vue du parti du Chef de l’Etat congolais, cette rencontre initiée par la coalition de Joseph Kabila, qui a la majorité absolue dans les deux chambres du parlement, aurait visé la destitution de Félix Tshisekedi.

Enfonçant le bouchon, dans une intervention à une radio à Kinshasa, Jean-Marc Kabund a affirmé que ce congrès allait coûter 7 millions de dollars. Une information rapidement démentie par le Bureau de l’Assemblée nationale. Dans la foulée, il sera visé par une pétition initiée contre lui par le député de l’opposition Jean-Jacques Mamba. Et pour ne rien arranger, Mamba s’est fait arrêter brusquement par la police, à la suite d’une plainte portée contre lui par un autre député. Une situation qui a provoqué la colère des députés congolais.

Plusieurs tentatives de conciliation échouent. Jean-Marc Kabund, expliquent plusieurs députés, n’en a pas voulu. Une attitude déjà remarquée au sein même de son parti où un bras de fer l’oppose à d’autres cadres. Jacquemain Shabani, président de la commission électorale ou encore Paul Tshimbulu, porte-parole du parti qui le contestaient, ont été tour à tour suspendu. Là encore, aucune tentative de conciliation n’a abouti.

Cette destitution risque par ailleurs de compliquer les relations entre le camp de Félix Tshisekedi et celui de Joseph Kabila. Déjà en début de journée, le président Tshisekedi a reçu exceptionnellement Jeanine Mabunda à son bureau pour des entretiens qui n’ont pas filtré. L’UDPS n’a pas encore réagi, mais des proches de Jean-Marc Kabund annoncent dores et déjà l’intention d’attaquer cette décision auprès de la Cour constitutionnelle.

Fougueux, au verbe facile, et très apprécié à Limete, la sainte commune siège de l’UDPS à Kinshasa, celui qui a été nommé Secrétaire général de l’UDPS à seulement âgé de 34 ans par Etienne Tshisekedi lui-même, est au coeur d’un tournant tant de sa carrière que de l’alliance au pouvoir en République démocratique du Congo. Saura-t-il rebondir?

Politico

1 COMMENTAIRE

  1. La Cour Constitutionnelle a tout interet a revoquer cette mesure destitutive aux consequnces incalculables pour le pays. La destitution ne reflete que l’esprit partisan et ne va pas dans l’interet national.

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