Les Congolais vont-ils enfin briser leur hypocrisie politique pour décider d’aller à la table des négociations ? Le climat politique en crispation continue ne rassure plus et les acteurs imbibés d’égoïsme et de méchanceté réciproque se détestent. C’est dans ce contexte qu’une mission de consultation de bonne volonté de la SADC séjourne en RDC. Plusieurs réunions d’échange ont été organisées notamment avec les plateformes politiques impliquées ou non au processus électoral.
– Délicatesse et pertinence des élections congolaises –
Le SEAC (SADC) mène des consultations de bonne volonté dans le but d’évaluer si l’environnement politique et sécuritaire du pays est propice à la tenue d’élections libres, justes, transparentes, crédibles et pacifiques, conformément aux principes et lignes directrices révisés de la SADC. Deuxièmement, c’est pour évaluer le cadre juridique et constitutionnel régissant les élections présidentielle, législatives et provinciales de décembre 2023 en RDC; et enfin “évaluer si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la RDC est prête à conduire les élections”. “Il se trouve malheureusement que sur les trois facteurs d’évaluation objective du processus, aucun n’est à ce jour, rencontré sur le terrain”, a déclaré un responsable de la société civile de Kinshasa.
– Le FCC reste fidèle à son principe –
Samedi dernier, la délégation de la SADC a échangé entre autres avec le Front commun pour le Congo (FCC) conduit par le professeur Néhémie Mwilanya, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila Kabange. Des discussions franches et enrichissantes en ont découlé, si l’on en croit la synthèse partagée sur X par l’ancienne ministre des Droits humains Mushobekwa Marie-Ange. “Nous, FCC venons d’avoir une réunion avec la délégation de la SADC en mission officielle à Kinshasa. Au cœur de nos échanges, le processus électoral en RDC”, a-t-elle annoncé. Le FCC a réitéré ses préoccupations majeures en rapport avec le processus électoral en RDC sur ses aspects liés à “la représentation de l’opposition FCC au sein de la CENI ; une Cour constitutionnelle équilibrée et véritablement indépendante ; une loi électorale consensuelle et qui garantit plus de transparence ; la sécurité physique des acteurs de l’opposition et le rétablissement de la sécurité dans la partie Est de la RDC ainsi que dans la province de Mai-Ndombe”, a-t-elle résumé. Comme on le voit, le FCC place la barre très haut et présente une ligne d’impossibilité de la tenue d’élections cette année 2023.
– Dialogue politique pour une transition ? –
Face à la rumeur de dialogue entre le FCC et l’Union sacrée sous la facilitation de la SADC répandue sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, Papy Tamba, communicateur du FCC, a réagi vigoureusement le samedi 14 octobre 2023. “Je peux vous garantir que cette rencontre (SADC) ne présage aucun dialogue. Il est plutôt de coutume pour plusieurs organisations régionales et internationales d’entreprendre ce genre de démarches, si le processus électoral engagé dans un pays membre présente un risque. De telles missions définissent l’opportunité ou pas d’envoyer des missions d’observation. Si les élections restent un domaine de souveraineté pour les États, cela n’empêche un droit de regard aux pays membres d’une organisation à laquelle appartient l’État en concerne.. La reconnaissance internationale d’un pouvoir élu est une grande nécessité à notre temps et à notre époque”, a-t-il répondu à une préoccupation soulevée par un média de Kinshasa. Pour ce kabiliste loyal, il n’y a absolument aucune démarche qui va dans le sens du dialogue. “Tout ce que vous lisez à ce sujet n’est que de l’intox des talibans. Rien de plus. C’est du café de commerce servi sur des tasses en sachet. Le FCC n’est pas demandeur d’un quelconque dialogue. D’ailleurs, s’il faut dialoguer, on ne peut le faire qu’avec quelqu’un qui a un sens d’honneur, qui respecte ses engagements. Si nos préalables ne trouvent pas de solutions, nous ne bougerons pas d’un seul millimètre. Nous sommes juste cohérents et constants dans notre démarche. C’est ce qu’il faut retenir”, a réitéré Papy Tamba.
– Kabila, pas demandeur du dialogue –
Le même chapitre d’un possible dialogue entre l’opposition et le pouvoir a attiré l’attention d’un autre kabiliste très médiatique en la personne de Ferdinand Kambere. “Nous ne sommes pas demandeurs d’un quelconque dialogue pour le partage du pouvoir, comme l’a d’ailleurs dit le président Joseph Kabila à l’ancien président Jakaya Kikwete”, a sèchement rejeté sur Top congo fm, Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD. Il réagissait ainsi aux propos du président de la Chambre basse du Parlement, Christophe Mboso, qui, lors de son discours à la plénière du mercredi 11 octobre 2023, a accusé implicitement la famille politique de Joseph Kabila de mettre la pression “pour un partage arbitraire du pouvoir par la voie d’un dialogue sans fondement”.
Ferdinand Kambere estime que “c’est plutôt l’Union sacrée de la nation qui cherche à glisser. Ils s’emmènent dans les réunions dans tous les salons politiques afin de chercher une rallonge, un glissement, tout le monde les voit, mais ils veulent toujours faire croire aux gens que ce sont les autres qui cherchent un dialogue”, a-t-il coupé court. Ferdinand Kambere a martelé : “ni le raïs Joseph Kabila ni le FCC sa famille politique n’ont besoin du dialogue. Tout ce qu’on a demandé, c’est qu’on mette fin à la souffrance du peuple congolais avec tout ce qu’ils ont créé comme état de siège, force régionale de l’EAC, processus chaotique”, a-t-il déclaré avant d’ajouter : “Tout ce qu’ils veulent, c’est d’avoir un chaos et croire qu’ils vont rebondir avec ce chaos”, a-t-il dénoncé.
La Mission d’évaluation préélectorale du Conseil consultatif électoral de la SADC auprès des principaux acteurs électoraux de la République démocratique du Congo a déjà échangé avec les principales forces politiques de l’opposition congolaise. La démarche rentre dans le cadre de ses fonctions d’observation des élections dans les États membres de la SADC, conformément aux principes et lignes directrices révisées de l’organisation régissant la conduite des élections démocratiques adoptés en 2021. Les structures, règles et procédures du Conseil consultatif électoral de la SADC (SEAC) prévoient que “le SEAC mène une mission de bonne volonté en vue d’une évaluation préélectorale dans l’État membre devant tenir des élections générales”. La mission du SEAC en République démocratique du Congo est dirigée par l’avocat Nolemba Tjipueja, vice-président de cette structure, représentant la République de Namibie, et par Madame Jennifer Chiriga, membre du SEAC représentant la République du Zimbabwe. Cette mission est appuyée par des fonctionnaires suivants du secrétariat exécutif de la SADC : M. Terry Rose, M. Mzgabolle Mafiri, M. Kitenge Tunda et M. François Kalumba.
Kokolo Jean
Ouragan