Promulguée par le chef de l’État, la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Centrale électorale ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. Les uns la saluent, les autres la rejettent et menacent de descendre dans la rue, on est une fois de plus loin d’espérer en la tenue d’élections crédibles et apaisées en 2023. C’est suite à ce manque de consensus que les évêques membres de la Cenco ont, dans la récente déclaration sanctionnant leur 58ème Assemblée plénière, estimé que la loi sur la Ceni telle qu’adoptée « porte les germes de contestation et de légitimité qui fragilisent davantage la cohésion ». Quitte au président de la République de jouer à l’apaisement afin de préserver la paix sociale.

Le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, a promulgué, mardi 6 juillet 2021, la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), après son adoption en des termes identiques par les deux Chambres du Parlement. Quelques jours auparavant, à la demande du président de l’Assemblée nationale, cette loi avait été déclarée « conforme à la Constitution » par la Cour constitutionnelle.

Loin de calmer les esprits, la promulgation de cette loi suscite encore et toujours des vagues dans l’opposition et au sein de certaines confessions religieuses et organisations de la Société civile pro-démocratie.

La rengaine de la contestation est embouchée par les partis-phares de l’opposition incarnée par Lamuka. À en croire le parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé) de Martin Fayulu, en promulguant cette loi qui consacre la « politisation de la centrale électorale », Félix Tshisekedi prépare le terrain pour des fraudes électorales massives lors de prochains scrutins.

De son côté, Nouvel Elan d’Adolphe Muzito estime que la promulgation de cette loi dans le contexte de contestations, aussi bien dans la Société civile qu’au sein de la classe politique, relève d’un « forcing ». Aussi, ce parti se réserve le droit de recourir à toutes les voies de droit pour faire échec à cette loi qui prépare le lit des contestations et protestations lors de prochaines échéances électorales.

Crainte d’une « politisation à outrance »

Il faut rappeler que LAMUKA comme une certaine frange de la Société civile – les principales confessions religieuses notamment (catholique et protestante) – dénoncent la « politisation à outrance » de la centrale électorale, avec 6 membres de la Majorité et 4 de l’opposition contre 5 seulement de la Société civile. Avec cette composition (15 membres), la CENI n’est pas encore sortie des sentiers battus et fait planer un spectre des scrutins chaotiques de trois premiers cycles électoraux organisés dans le pays.

Ce point de vue est battu en brèche par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Pour Augustin Kabuya, secrétaire général du parti présidentiel, « c’est une diversion que de remettre en cause une loi déjà examinée et votée par les représentants du peuple. C’est cracher sur la mémoire des élus qui ont consacré de leurs temps et énergies pour ausculter cette loi aujourd’hui promulguée par le chef de l’État ». De plus, ajoute M. Kabuya, on doit saluer le sens élevé de patriotisme et de démocrate dont a fait preuve l’actuel chef de l’État qui a eu l’élégance de soumettre à l’appréciation de la représentation nationale une loi qui l’a porté au pouvoir. Personne ne l’y a poussé.

L’ONG « Association congolaise pour l’accès à la justice » (ACAJ), qui regrette tout de même de n’avoir pas obtenu ce qu’elle a réclamé en tant qu’organisation de la Société civile, demande aux parties prenantes d’opérer des choix judicieux de leurs délégués à la CENI. Elle a dit, toutefois, prendre acte de la promulgation de cette loi. Car « c’est aussi ça la démocratie », a déclaré Georges Kapiamba, coordonnateur de cette structure citoyenne.

Et, c’est presque dans le même sens que les organisations féminines de défense des droits de la femme viennent faire entendre leurs voix. Désormais regroupées au sein d’un mouvement citoyen dénommé « Képi Blanc », ces organisations estiment qu’elles sont en droit, à la lumière des prescrits de l’article 24, point 1, de la loi organique sur la CENI, de briguer le fauteuil de président de la CENI ; lequel n’est plus l’apanage de seules confessions religieuses.

Pour les associations féminines, après l’échec des hommes, du reste désignés par les confessions religieuses lors de trois premiers cycles électoraux, le temps est arrivé pour la nation congolaise de propulser une femme à la tête de cette institution d’appui à la démocratie.

Le Potentiel

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici