La situation de la pollution des eaux des rivières Tshikapa, Kasaï et Kwilu… devient, à n’en point douter, une urgence humanitaire sur laquelle le gouvernement se penche. Les conséquences humanitaires découlant de la pollution des eaux de ces rivières sont dramatiques : plus de 4000 cas de personnes atteintes de diarrhée avec déjà une dizaine de décès, sans compter la catastrophe écologique observée. C’est ce qui ressort des explications fournies, jeudi 2 septembre, par la vice-Première ministre en charge de l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba qui était accompagnée dans ce briefing, du ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya. Ceci sous-entend que l’intervention du gouvernement s’impose comme il en est le cas des déplacés victimes de l’éruption volcanique du Nyiragongo. Pour des milliers de riverains, les eaux des rivières Tshikapa, Kasaï et Kwilu constituent tout une vie : non seulement ils les boivent et se les lavent, mais ils y exercent leur pêche et d’autres activités aquatiques. Plus que cela, les rivières sont les seuls boulevards qui leur permettent d’opérer des échanges commerciaux et d’évacuer leurs produits de desserte agricole vers les centres urbains. Combien de temps doivent-ils résister face à ce drame aux conséquences incalculables ? À côté de l’intervention sur le terrain, certains experts proposent que le gouvernement congolais saisisse les instances judiciaires internationales contre la société d’exploitation du diamant, Catoca, basée en Angola et qui serait à la base de cette situation. Dans cette perspective, la reconnaissance de la partie angolaise sur les causes du drame est un acquis. Il appartient à la RDC de documenter les conséquences pour évaluation chiffrée en termes de réparation. En 2006, le gouvernement ivoirien avait obtenu plusieurs millions de dollars d’indemnisation en faveur des victimes de la pollution du navire Probo Koala affrété par la société Trafigura et qui avait déversé sa cargaison des déchets toxiques aux larges d’Abidjan. Le rapprochement ici n’est pas loin.
Les conséquences humanitaires découlant de la pollution des eaux des rivières Kasaï, Tshikapa, Kwilu… sont dramatiques. Plus de 4000 cas de personnes atteintes de diarrhée avec déjà une dizaine de décès. Il y a d’autres personnes qui manifestent des éruptions cutanées et des cas de maladie génitale. Ce tableau déjà sombre ne prend pas en compte la catastrophe écologique observée. C’est ce qui ressort des explications fournies, jeudi 2 septembre, par la vice-Première ministre en charge de l’Environnement et développement durable.
Accompagnée par le ministre de la Communication et médias dans un exercice de redevabilité, devenu une pratique avec le gouvernement des Warriors, Eve Bazaiba entend donner le coût direct de cette pollution en termes des dépenses engagées par le gouvernement d’ici la fin des différentes missions gouvernementales et des experts sur le terrain.
Déjà, le jeudi 21 août, Eve Bazaiba avait conduit, à Tshikapa, une délégation gouvernementale composée essentiellement des experts. Cette délégation avait pour mission, entre autres, de s’enquérir de la situation sur le terrain et aussi apporter une assistance humanitaire aux populations riveraines victimes de cette catastrophe causée par le fait de l’entreprise angolaise de traitements de diamant, Katoka.
« Nous avons appris la pollution des eaux des rivières Kasai et Tshikapa et aujourd’hui cette pollution se poursuit et risque d’atteindre Kinshasa. C’est une situation préoccupante pour le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi et du Premier ministre Sama Lukonde qui nous ont dépêchés rapidement pour cette mission d’évaluation et humanitaire », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Nous allons faire un état des lieux complet de la situation pour des réponses appropriées, surtout évaluer l’impact environnemental ».
Saisir les instances judiciaires internationales
Les riverains attendent beaucoup des retombées de la mission de la vice-Premier ministre de l’Environnement et Développement durable, Eve Bazaïba, pour la décontamination de deux rivières.
À ce propos, un hydrologue local qui a requis l’anonymat propose que le gouvernement congolais saisisse les instances judiciaires internationales contre la société d’exploitation du diamant Catoca, basée en Angola et qui est à la base de cette situation.
« Souvenez-vous du navire Probo Koala affrété en 2006 par la société Trafigura et qui avait déversé sa cargaison des déchets toxiques aux larges d’Abidjan. Le gouvernement ivoirien avait obtenu plusieurs millions de dollars d’indemnisation en faveur des victimes. Nous sommes dans le même cas de figure », a-t-il déclaré à actualité.cd.
Dans tous les cas, la RDC et l’Angola ne divergent pas sur la question. Une évaluation mixte de la situation est en vue, a fait savoir la VPM Bazaiba qui estime que la RDC suivra la procédure suivant le principe de pollueur-payeur.
Et s’agissant de la menace qui pèserait sur Kinshasa avec les eaux du fleuve Congo, la vice-Première ministre a indiqué les précautions prises. La plus importante est d’abord celle de mettre fin au déversement de ces substances toxiques à partir de l’Angola. Il y a fort à espérer que le fleuve Congo joue son rôle d’autoépuration.
Le Potentiel