Coup de théâtre ce mercredi à la Cour de cassation à Kinshasa. Dans une décision qui fait déjà grand bruit, le juge président Justin Kibamba, membre de la composition chargée de juger l’ex-ministre de la Justice Constant Mutamba, a annoncé sa décision de se déporter du dossier. Cette annonce survient à la cinquième audience d’un procès qui retient l’attention de l’opinion nationale et internationale.
« Je n’ai aucun intérêt à m’accrocher à ce dossier. Je préfère me déporter », a déclaré froidement le magistrat dans une correspondance lue à l’audience.
Une récusation qui porte ses fruits
Il y a seulement 24 heures, Constant Mutamba introduisait une demande officielle de récusation visant deux juges de la composition, dont le juge président Justin Kibamba, qu’il accusait de partialité. Cette démarche audacieuse, considérée par certains comme une manœuvre politique, semble déjà produire ses premiers effets.
Le retrait volontaire du juge président constitue un revirement spectaculaire, rarement observé à ce niveau de la hiérarchie judiciaire congolaise.
Un procès de plus en plus politique
L’ex-ministre est poursuivi pour un détournement présumé de fonds publics. Mais ses partisans crient à la persécution politique, estimant que cette affaire est une instrumentalisation de la justice pour écarter une voix montante de l’opposition.
Le retrait du juge Kibamba pourrait renforcer cette lecture politique du procès, tout en posant des questions sur l’indépendance effective de la justice en République démocratique du Congo.
Un précédent dangereux ou salutaire ?
La décision du juge président, bien que saluée par certains comme un acte d’élégance judiciaire, soulève une problématique institutionnelle : dans quelle mesure les juges peuvent-ils faire face à la pression — qu’elle soit politique, médiatique ou populaire — sans compromettre l’autorité de l’appareil judiciaire ?
Certains juristes redoutent que ce précédent ouvre la voie à une cascade de récusations stratégiques, mettant en péril la stabilité des procédures dans les dossiers sensibles.
Et maintenant ?
Le procès devra se poursuivre avec une nouvelle composition, ce qui risque d’entraîner un nouveau report et un ralentissement du calendrier judiciaire. Pour l’équipe de défense de Constant Mutamba, cette étape marque « une victoire partielle pour l’équité du procès ».
Du côté de la majorité présidentielle, certains dénoncent une tentative d’évasion judiciaire, orchestrée par un homme politique en quête de victimisation.
Conclusion : un procès au centre de toutes les attentions
Le procès Mutamba prend désormais une dimension symbolique : celle d’un affrontement entre pouvoir judiciaire et ambition politique, dans un contexte de méfiance généralisée envers les institutions.
Ce retrait du juge président pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire judiciaire congolaise récente. Et poser la question que beaucoup évitent : qui juge les juges ?














