Pendant que la justice belge a classé l’affaire du présumé passeport falsifié de Moïse Katumbi, l’opposant congolais continue de voyager à travers le monde, alors que son passeport a été saisi en juin dernier par les autorités belges. Comment fait-il? Tentative de réponse.

Le 8 septembre, c’est via une annonce sur Twitter que Moïse Katumbi révèle être aux Etats-Unis, à New York, où il entend mobiliser pour la tenue des élections réellement inclusives et démocratiques en République démocratique du Congo. Loin de cet activisme, à Kinshasa, la rumeur enfle. Sur les réseaux sociaux, on diffuse des images d’un passeport zambien, affirmant que l’opposant congolais voyagerait avec un document autre que celui de la République démocratique du Congo.

En effet, c’est depuis le juin dernier que l’ancien gouverneur du Katanga n’a plus son passeport congolais en sa possession. Il a é brièvement arrêté, le 14 juin dernier, par la police belge de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem à Bruxelles. Selon les autorités policières belges, une partie de son passeport n’était pas authentique. Le document lui avait alors été confisqué. Etrangement, Katumbi ne sera pas refoulé. Au contraire, un titre de séjour “temporaire” de deux semaines lui sera accordé, lui demandant de régulariser sa situation. Plus étrange, ce délai dépassé, Moïse Katumbi réside toujours en Belgique et aucun officiel belge ne daigne s’expliquer. Par ailleurs, l’information judiciaire ouverte à l’encontre de l’opposant congolais est même classée sans suite: il n’y a donc eu aucune falsification.

En vérité, derrière cette affaire, une lutte politique a lieu. S’il est vrai que Moïse Katumbi n’a toujours pas de passeport congolais, sa demande effectuée depuis février 2018, pour un nouveau passeport biométrique, n’a jamais aboutie. Les autorités congolaises, au prise avec l’intéressé, semble visiblement utiliser cette situation. Outre le fait de lui refuser un nouveau passeport, Kinshasa a accéléré l’interdiction des passeports semi-biométriques retirés de la circulations depuis janvier. Les services congolais chargés des l’immigration ont fait diffuser un communiquer interdisant aux compagnies d’avions d’embarquer toute personne détentrice de ce type de passeport que possède également l’opposant Katumbi. Par ailleurs, alors que Katumbi s’est présenté durant deux jours en août dernier au poste-frontalier de Kasumbalesa, au sud du pays, sans que les autorités ne lui autorisent à regagner le pays, un mandat d’arrêt international a été lancé en son encontre.

Néanmoins, aucun pays n’applique visiblement le mandat congolais. La question de savoir avec quel document voyage Katumbi reste entière. “Je suis un Homme libre, je voyage et continuerai à voyager. Je remercie la Belgique et nombre de pays amis qui m’ont signifié leur sollicitude. Si la RDC continue à me refuser mon droit, des pays sont prêts à me donner un titre de voyage. Malheur à ceux qui pensaient me bloquer“, a néanmoins répondu le leader de ENSEMBLE sur twitter à ce sujet.

En effet, pour voyager, il existe plusieurs moyens outre qu’un passeport de son pays d’origine. L’ONU par exemple, dispose d’un titre de voyage pour réfugiés (également appelée 1951 Convention travel document en anglais ou passeport de Genève). Il s’agit d’un titre de voyage délivré à un réfugié par l’État dans lequel il réside habituellement, lui permettant de voyager en dehors de cet État et d’y retourner. Les 145 États qui ont ratifiés la Convention Relative au Statut des Réfugiés de 1951 sont tenus de délivrer des titres de voyage aux réfugiés résidant régulièrement sur leur territoire.

Si Katumbi n’est pas officiellement réfugié en Belgique, il semble clairement disposer d’un autre moyen de voyager. La RDC, à titre indicatif, accepte également plusieurs documents comme titres de voyages:

-Laissez-passer individuel ;
-Laissez-passer collectif ;
-Laissez-passer véhicule ;
-Laissez-passer spécial ;
-Laissez-passer tenant lieu de passeport ;
-Jeton de visite frontalière ;
-Jeton de marché frontalier ;
-Carte spéciale CEPGL
-Carte d’autorisation spéciale de circulation (CEPGL).

Moïse Katumbi pourrait également disposer du passeport d’un autre pays sans renoncer à sa nationalité congolaise, à l’image de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler qui dispose bien d’un passeport congolais sans toutefois avoir la nationalité. Il a d’ailleurs été sanctionné par des autorités américaines sous ce passeport.

 

Politico

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