D’un puissant Directeur de cabinet du Président et chef d’une formation politique soudée, Vital Kamerhe a dégringolé, en l’espace de quelques heures, pour finir détenu à la prison centrale de Makala. Le film d’une chute vertigineuse.

Il est 13h à Kinshasa. Devant le Parquet de Matete, situé à la 4ème rue dans la commune de Limete à Kinshasa, des dizaines de personnes bravent le Coronavirus pour venir soutenir un homme. Ces sont des militants et partisans de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi. La veille, leur leader a reçu une invitation signée des mains du Procureur Général Adler Kisula lui-même, le convoquant pour une « communication » dans le cadre des enquêtes autour du projet de 100 jours. Si la première invitation a été rejetée par Kamerhe, la nouvelle est ferme, sans erreur et parvient rapidement à l’intéressé.

Chronique d’une douce chute

En effet, le dimanche 5 avril, l’UNC a laissé éclater sa colère face à une invitation du même Parquet de Metete, constatant notamment une « légèreté » tant au niveau de la date de la convocation, alors au passé, que dans la forme. Mais l’UNC a également haussé le ton face à ce qu’elle qualifie « d’acharnement » contre son leader, promettant de mettre « hors état de nuire » les instigateurs qui seraient derrière l’acte. Dans la foulée, le lundi, au lieu de se présenter au Parquet, Vital Kamerhe se rend à la Cité de l’Union Africaine où il rencontre le président Félix Tshisekedi pour un échange dont les détails n’ont pas filtré. Dans le sillage de l’UNC, il aurait été question « de calmer la situation en harmonisant les choses ».

Mais la présidence congolaise, du moins du côté du président Tshisekedi, ne l’entendait pas de cette oreille. Le Chef de l’Etat congolais, explique un de ses proches à POLITICO.CD, ne veut « être impliqué ni ne près ni de loin à cette procédure qui doit rester indépendante ». De l’autre côté de la ville, au Parquet de Matete, l’Avocat Général Sylvain Muana a attendu en vain Vital Kamerhe. Une situation qui a provoqué la colère du parquet. « On ne peut pas narguer la justice à ce point. Qui que vous soyez, quand on vous invite, vous devrez vous présenter. C’est le minimum », explique un juge à POLITICO.CD. Une nouvelle convocation est aussitôt envoyée, dans les règles, à Vital Kamerhe.

Ce mercredi donc à 13h30, le Directeur de cabinet débarque, d’abord hué par une dizaine de personnes le qualifiant de « voleur », avant de croiser, à l’entrée du Parquet, une immense foule l’ovationnant. Le voilà gonflé à bloc. Dans sa veste bleue, coupée d’une cravate de la même couleur et d’un masque de protection. Il est accompagné par sa garde rapprochée, des Conseillers du président font partie de l’expédition, aux côtés de toute une armée d’avocats. A l’intérieur, l’Avocat général Sylvain Muana l’attend, lui aussi accompagné d’une armée d’administratifs judiciaires. Débute alors un match.

Sylvain Kuluila Muana, le tombeur de Kamerhe

Plusieurs heures passent, nul ne sait de quoi sera fait l’avenir. Puis, soudain, vers 16h, le chef de la police kinoise débarque. Il est officiellement appelé en renfort pour faire « respecter les mesures de distanciation sociale ». L’idée étant, de disperser un immense rassemblement devant le parquet, alors que tout regroupement de plus de 20 personnes est strictement interdit dans la capitale congolaise pour lutter contre le Coronavirus. Cependant, alors que Sylvain Kasongo réussit à repousser les militants de l’UNC à plusieurs centaines de métrés du parquet, à l’intérieur, Sylvain Muana prend une décision.

Vers 18h, un mandat d’arrêt provisoire est présenté à Vital Kamerhe, aux côtés de ses avocats. S’ensuit alors un vif débat. « C’est totalement incroyable est loin de respecter toute règlementation en la matière. Vital Kamerhe est venu ici de lui-même, en tant que renseignant. Comment et pourquoi le détenir ? Qui peut penser que Kamerhe puisse fouir ce pays » dénonce un de ses proches joint par POLITICO.CD. Le Parquet ne justifie ni n’explique sa décision. Le Général Kasongo est prié d’escorter le Directeur de cabinet du président Tshisekedi à la prison centrale de Makala. A 19h30, le convoi de plusieurs véhiculés hautement sécurisé arrive finalement au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa. Vital Kamerhe est débarqué du véhicule. Il n’est pas menotté. Mais très bien escorté, avant d’être « remis » aux responsables de la prison.

Pendant ce temps, une vive colère éclate du côté de son parti, où plusieurs ministres, membres du gouvernement, n’avaient pas hésité à signer la déclaration du dimanche, fustigeant cette procédure. Si la durée de la détention de Vital Kamerhe n’est pas connue, plusieurs sources renseignent que des hauts cadres de l’UNC ont entamé une réunion dès ce soir pour préparer la riposte. Du côté de la présidence congolaise, toujours silencieuse et distante, on envisage déjà le remplacement de Kamerhe de son poste de Directeur de cabinet, du moins, le temps que la saga judiciaire atteigne son épilogue. Quoi qu’il arrive Vital Kamerhe y entame une chute.

Litsani Choukran.
Politico.cd

1 COMMENTAIRE

  1. C’est un moyibi il doit rester longtemps dans la prison centrale de Makala. Felix bravo. Maintenant gonflables sait que c’était pas du tehatre. Bravo. Cela était signal pour les voleurs ministres en cravattes qui sont au gouvernement. Les opportunistes, les chekouleurs, les bandits en cravattes. Les detournements sans vergogne.

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