La société civile de Beni, dans le Nord-Kivu, appelle la population à prolonger jusqu’au vendredi la période de deuil entamé lundi 24 septembre au matin et exige la démission des autorités civiles et militaires de la ville. Beni est sous le choc d’une attaque attribuée aux rebelles ougandais des ADF qui a fait au moins 18 morts – 14 civils et 4 militaires – et 9 blessés le samedi soir.

Beni ressemblait à une ville morte ce lundi, une vue qui pourrait se répéter, puisque les représentants de la société civile appellent à ce que le deuil débuté dans la matinée soit prolongé jusqu’au vendredi 28 septembre.

Le temps pour les autorités d’arriver, explique Kizito Bin Hangi. Les organisations réunies ce lundi « exigent que les ministres de la Défense et de l’Intérieur, ainsi que le chef de l’état major, puissent venir à Beni afin d’évaluer ensemble avec la population, les opérations militaires » contre les présumés rebelles, rapporte le président par intérim de la société civile de Beni.

Elles réclament également « la démission des autorités civiles et militaires de Beni », ainsi que la suspension des activités des ONG présentes et des activités de lutte contre Ebola, « car mieux vaut mourir par Ebola que d’être exterminés par les massacres à répétition » qui frappent la ville.

Alors que la capitale du Nord-Kivu s’est recueillie toute la journée et a continué à enterrer ses morts, la colère continue de gronder dans cette ville du nord-est du Congo, encore sous le choc de l’attaque de samedi.

Partout dans la ville, on pouvait voir de petits regroupements de gens et toujours les mêmes questions : comment les présumés rebelles ADF ont pu percer les défenses nationales et internationales et aller jusqu’au cœur de la ville avant de se replier, officiellement sans avoir subi de pertes ?

La « puissance » des présumés rebelles ADF

Jason Stearns, directeur du groupe d’études sur le Congo, rattaché à l’université de New York, note la « puissance » actuelle des présumés rebelles ADF et se demande « d’où ils ont du ravitaillement parce que parfois ils attaquent vraiment avec de l’armement assez lourd ».

Ce spécialiste de la région rappelle que « le groupe, presque écrasé en 2014, est parvenu à gonfler ses effectifs avec des recrutements au niveau de la sous-région ». Il se demande pourquoi une opération, lancée depuis quatre ans et demi avec « des milliers de soldats » dans le but d’éliminer les ADF, n’a « pas réussi à éliminer l’ennemi ». Le chercheur note même que ce sont au contraire « plutôt les ADF qui ont pris l’initiative » en 2018 et « sont sur l’offensive ».

Les autorités administratives et militaires de la province du Nord-Kivu et de la ville de Beni sont quant à elles restées injoignables ce lundi.

RFI

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