Ce devait être son jour de gloire: le super-patron congolais Albert Yuma a raté mercredi l’inauguration de sa nouvelle méga-usine de cuivre et de cobalt, fruit d’un partenariat avec la Chine, en raison de ses démêlés avec la justice.

Les festivités ont eu lieu dans le Katanga minier (sud-est). Or le tout-puissant patron de l’entreprise congolaise Générales des carrières et des mines (Gécamines) est retenu à Kinshasa pour les besoins d’une enquête sur un prêt consenti par un sulfureux homme d’affaires israélien accusé de corruption par les États-Unis.

« Depuis Noël, M. Yuma et ses collègues de la direction de la Gécamines ont été interrogés par le parquet général près la Cour de cassation au moins deux fois. Pour être en permanence à la disposition du parquet, il leur est interdit de quitter Kinshasa ou le pays », a détaillé à l’AFP un avocat spécialisé dans le secteur minier.

La Gécamines a accepté en octobre 2017 un prêt de la part de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, un proche de l’ancien président Joseph Kabila tout comme M. Yuma.

Une première tranche de 128 millions d’euros a été versée. La Gécamines a expliqué dans un communiqué que « la quasi-totalité a été versée au Trésor public au titre de paiement d’avances sur fiscalité ».

Deux mois plus tard, en décembre 2017, le prêteur, M. Gertler, a fait l’objet de sanctions américaines pour des montages « opaques » et « corrompus » dans le secteur minier et pétrolier en RDC portant sur des « centaines de millions de dollars ».

« Entre 2010 et 2012, la RDC a perdu d’après des estimations 1,36 milliard de dollars dans la sous-estimation de ses actifs miniers qui ont été vendus à des compagnies off-shore liées à Gertler », accuse le département du Trésor américain sur sa page internet.

La Gécamines a expliqué avoir refusé de rembourser son prêt « en raison des sanctions économiques frappant le créancier depuis décembre 2017 et pouvant s’étendre à la Gécamines en cas de paiement ».

En novembre, le tribunal de commerce de Lubumbashi a reconnu la créance de M. Gertler sur la Gécamines.

Au conseil des ministres vendredi, le président Félix Tshisekedi a prévenu que le gouvernement ne devait pas interférer dans la procédure judiciaire en cours dans l’affaire de la Gécamines, qui remonte à l’époque de son prédécesseur, Joseph Kabila.

Yuma n’a donc pu se rendre mercredi à l’inauguration d’une usine de transformation de cuivre et de cobalt, près de Kolwezi, dans le Katanga minier.

En pleine affaire Gertler, il salue cette joint-venture avec la société chinoise CNCM comme l’exemple d’un nouveau type de partenariats avec les investisseurs étrangers, plus respectueux des intérêts congolais.

« CNMC détient 51% des actions et Gécamines, 49%, ce qui n’a jamais été le cas auparavant où Gécamines était plutôt cantonnée entre 20 et 30% », a déclaré M. Yuma dans un discours lu en son absence et distribué à la presse.

Yuma a aussi salué « la présence des cadres congolais à tous les niveaux de l’usine ».

Après onze ans, l’usine d’un coût estimé à 880 millions de dollars, « sera l’entière et unique propriété de Gécamines », a ajouté M. Yuma, chantre du nationalisme économique congolais.​

La libre Afrique

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