Les dernières nominations à la Gécamines et à la SNCC, deux sociétés d’État, créent des remous à l’Assemblée nationale de la RDC. Des députés du FCC ont contesté la légalité de ces nominations, créant une levée de boucliers chez leurs collègues de la coalition pro-Tshisekedi et même parmi les députés d’opposition.

La société civile ne décolère pas après la reconduction d’Albert Yuma, un très proche de Joseph Kabila, à la tête du conseil d’administration de la Gécamines. Des dizaines d’ONG congolaises, spécialistes des finances publiques, de la lutte anticorruption, du secteur minier ou même de défense des droits de l’homme ont protesté contre cette nomination synonyme, selon elles, de presque dix ans de mauvaise gestion, ce que la Gécamines d’Albert Yuma conteste.

Un seul point d’accord entre les deux parties : l’endettement de la société envers l’État. « Il y a beaucoup d’actifs, d’actions hypothéquées ou vendues, d’avances fiscales, ce n’est plus la Gécamines d’antan », dit un expert congolais du secteur qui insiste sur l’importance d’une gestion plus transparente de la société. Depuis l’époque du maréchal Mobutu, la Gécamines, Société Générale des carrières et des mines du Congo, reste officiellement parmi les principaux contributeurs au budget de l’État et brasse des centaines de millions de dollars chaque année.

Les deux coalitions revendiquent la majorité

Du côté du nouveau président, on rappelle que le directeur général, « celui qui va gérer les affaires courantes », est un proche de Felix Tshisekedi et de son ambassadeur itinérant, Dany Banza. On assure surtout détenir la majorité des voix au conseil d’administration, grâce au soutien de certains d’entre eux, c’est ce qui aurait provoqué la colère du camp Kabila.

Sur un conseil d’administration de neuf personnes, deux sont issus de partis politiques, l’UDPS de Felix Tshisekedi et le PPRD de Joseph Kabila ont chacun leur observateur privilégié. Il y a aussi au moins quatre autres membres liés à la Gécamines, des collaborateurs d’Albert Yuma ou anciens employés, dont un proche de Dan Gertler, l’ami israélien de Joseph Kabila.

Selon un expert congolais du secteur, il faudra néanmoins plus qu’une majorité de voix au conseil d’administration pour contrôler la Gécamines. Puisque, depuis 2010, « le président du conseil d’administration Albert Yuma est parvenu à tout diriger ».

La société civile demande un audit

Mais cet expert n’en reste pas moins optimiste. La « relative inexpérience » de la présidence est un « atout ». « Ils nous consultent pour comprendre, posent des questions, ce qui est pour nous un signe de bonne foi », explique encore ce fin connaisseur du secteur minier congolais. Reste que pour lui, comme pour d’autres membres de la société civile, le véritable changement sera de voir des audits, des poursuites judiciaires et une gestion moins opaque de la Gécamines.

Pressenti pour être Premier ministre par Joseph Kabila, Albert Yuma avait été écarté de ce poste par Félix Tshisekedi sur pression des chancelleries occidentales pour des soupçons de détournements. Patron des patrons, farouche défenseur du nouveau code minier, l’homme d’affaires de Katanga est considéré comme l’un des piliers du clan Kabila.

RFI

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