Encore un “non” et pour la 7e fois, le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe a refusé d’accorder la liberté provisoire à Stanis Bujakera, un journaliste dont la renommée dépasse les limites du territoire national

“Pourquoi un tel acharnement contre un innocent ? Qu’a-t-il fait pour mériter un tel châtiment ? Quelle est la faute professionnelle qu’il aurait commise pour vivre un si long chemin de la croix ? Pourquoi le tribunal doit tergiverser là où le magistrat suprême a déjà tranché ?”, s’est interrogé un responsable de la corporation remonté contre cette décision du TGI. Pourtant, sa fuite n’est pas à craindre au regard de grandes responsabilités que Bujakera assume au pays. “La corporation est appelée à se mettre debout pour exiger le respect de la parole du chef”, insiste un dirigeant du Rajec, une association des journalistes.

Détenu depuis près de six mois à Kinshasa, Bujakera espérait une réponse lundi à sa nouvelle demande de liberté provisoire mais, “pour des raisons techniques”, il a dû attendre ce mardi, a dénoncé sa défense. Malgré ce camouflet, le détenu garde le moral. Le journaliste croit à sa libération car il ne se reproche de rien.

Correspondant du magazine Jeune Afrique, Bujakera est jugé pour un article, non signé de son nom, ayant mis en cause les renseignements militaires dans le meurtre d’un opposant.

Ses avocats avaient déposé vendredi, au cours d’une audience de son procès, une nouvelle demande de mise en liberté, au lendemain d’une déclaration du président Félix Tshisekedi selon laquelle le journaliste serait “victime” des “tergiversations” d’une justice “malade”.

Le président avait ajouté qu’il prendrait “la décision qu’il faudra prendre”, laissant espérer une mise en liberté prochaine. Le tribunal avait alors 48 heures pour se prononcer. “Cette décision contredit la promesse solennelle faite par le chef de l’État pour la libération de Stanis Bujakera”, a déploré un brillant avocat de son collectif.

Depuis son arrestation, le 8 septembre, les appels se multiplient pour sa libération, mais toutes ses demandes de liberté provisoire ont jusqu’à présent été rejetées. Également correspondant de l’agence de presse internationale Reuters et directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd, Stanis Bujakera est accusé “d’avoir fabriqué et distribué” une note des renseignements civils incriminant les renseignements militaires dans l’assassinat de Chérubin Okende , retrouvé mort le 13 juillet dans sa voiture avec des blessures par balles. La défense du journaliste a toujours contesté ces accusations.

Éric Kalemba
Ouragan

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