Des éléments de la Garde républicaine (GR), très en colère, ont désarmé hier mercredi 12 janvier dans l’après-midi, la garde rapprochée de Jean-Marc Kabund, avant de vandaliser sa résidence familiale, située au quartier Kingabwa Madrandele dans la commune de Limete. C’est ce qu’ont rapporté des sources concordantes, témoins de l’événement, relayés par plusieurs plateformes des médias sociaux à Kinshasa.
«Nous sommes devant sa maison et il y a plusieurs militaires de la GR. Ils ont arrêté même son personnel civil», selon Stanis Bujakira qui restitue ainsi les propos d’un témoin qui a évalué à plus de 50 personnes, le nombre des éléments de la Garde république, présents dans la résidence privée de Jean-Marc Kabund.
Des images filmées et diffusées sur la toile, par des proches du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, arrivés après le passage des éléments de la GR, montrent effectivement qu’il s’était passé des scènes de violence. Chaises, tables du bureau et autres mobiliers, sens dessus-dessous. Portraits en peinture, placardés de feu Etienne Tshisekedi, de Jean-Marc Kabund, ainsi que quelques ouvrages retrouvés à même le sol. «Président de l’UDPS, parti au pouvoir. C’est comme ça qu’on le remercie», s’exclame l’un de ceux qui ont pris les images à l’intérieur de la résidence du numéro 1 intérimaire, du parti présidentiel.
L’ENIGME
Outre le fait que des éléments de la Police nationale congolaise (PNC), commis à la garde de la résidence de Jean-Marc Kabund ont été désarmés, des témoins oculaires font également état de quelques cas d’arrestations, parmi le personnel civil du numéro 2 de la chambre basse du Parlement.
«L’acte posé par le cortège de Jean-Marc Kabund contre un élément de la Garde républicaine (GR), « même si en faute », est considéré comme une «humiliation» pour tous les militaires de ce corps», tweete Stanis Bujakira Tshiamala, ajoutant qu’»une source proche de Kabund dénonce des arrestations des civils dans la résidence du président ad intérim de l’UDPS.
Cependant, aucune source n’a clairement renseigné sur la cause réelle de cette descente (punitive ?) de la GR chez Jean-Marc Kabund. Qu’-est ce qui les aurait donc poussés à agir ainsi ? Pourquoi cet emportement ? On pourrait ainsi s’interroger à l’infini, mais donner de réponses exactes. Comme pour dire, on ignore encore tout, sur le vrai mobile de la présence des militaires dans la somptueuse habitation du premier adjoint de Christophe Mboso au perchoir de la Représentation nationale.
Toutefois, plusieurs heures auparavant, une vidéo très largement partagée dans l’après-midi de la même journée d’hier mercredi 12 janvier, a montré des hommes en kaki bleu foncé, brutaliser un militaire de la Garde république, par ailleurs garde du corps d’une dame au volant d’une jeep de marque Toyota Range Rover.
Sur cette courte vidéo d’une vingtaine de secondes, on voit des policiers arracher l’arme du militaire, avant de réussir à l’extirper brutalement du véhicule, devant plusieurs passants qui, à la fois impuissants et stupéfiés, observaient le spectacle, non sans crainte d’un échange imminent de tirs à balles réelles, entre les policiers visiblement élément de la garde rapprochée d’un officiel, et le militaire.
«Vous me menacez ?…» réagit le militaire de la GR qui a tenté, en vain, de résister à ses assaillants pendant que ces derniers, visiblement imparables, tenaient coûte que coute à lui ravir son arme. «Menacez-le ! Menacez-le. Merci beaucoup pour tout ce que vous êtes en train de faire», ironise un homme en tenue civile, ayant dans ses mains un talkie-walkie.
«C’est une vengeance. Ils sont venus récupérer l’arme et aussi, désarmer la Garde rapprochée de l’honorable Jean-Marc Kabund. Il y a eu échange des tirs. Nous avons pris fuite», indique le média en ligne okapinews.net qui rapporte les propos d’un habitant du quartier, présent au moment des faits dans la résidence du 1er vice-président de l’Assemblée nationale.
AU-DELA DU «PECHE ORIGINEL»…
Ce qui s’est passé hier au domicile de Jean-Marc Kabund est d’une telle sensibilité, que de nombreux analystes pensent déjà à l’ouverture des enquêtes pour établir les responsabilités. Mais en attendant, on ne saurait se substituer aux instances habilitées pour dire, par exemple, que tels ont tort et tels autres ont raison.
Toujours est-il qu’il s’agit de la résidence d’un député national. Si a « la lumière des témoignages repris ci-dessus, la raison de la descente musclée de la GR chez Jean-Marc Kabund, soldée par le désarmement de sa garde rapprochée, a été de récupérer l’arme ravie de leur compagnon, on se demande s’il n’était pas plus indiqué de s’en remettre aux instances qualifiées. En l’occurrence, l’Auditeur général des FARDC.
Au demeurant, le fait pour les policiers, d’avoir brutalisé et humilié le militaire en public, devrait être sévèrement puni, dès lors que ce dernier ne s’est pas rendu coupable d’une quelconque tentative d’atteinte ni à la sureté de l’Etat ni à l’ordre public. Que ces policiers soient du cortège d’un officiel, d’aucuns estiment que rien ne leur reconnait le droit à la violence. Surtout pas sur la voie publique. Hélas. Plusieurs témoignages recoupés des usagers de la route à Kinshasa, renseignent qu’à la moindre perturbation de la circulation routière, la garde rapprochée d’un officiel rendu «tout-puissant», n’hésite pas à crever les pneus des véhicules des privés, accusés de les empêcher d’avancer. Vive l’Etat de droit !
Grevisse KABREL
Forum des as