Ancien secrétaire particulier du Président de la République honoraire Joseph Kabila et son ancien conseiller diplomatique, Barnabé Kikaya Bin Karubi est désormais en exil. Dans le collimateur de la justice depuis la révélation de l’affaire des cartes bancaires liées directement au compte du Trésor public, Kikaya Bin Karubi avait « fui en bateau » vers un pays de l’Afrique australe, dans la nuit du 23 au 24 juin.

Sur la radio RFI, le dimanche 15 août, le désormais « exilé politique » dénonce des « menaces très sérieuses » dont il faisait objet avant de quitter le pays en catimini dans des conditions « infrahumaines ». Il en veut au pouvoir de Tshisekedi qui, selon lui, « a essayé de lui réduire au silence »

« J’ai eu des menaces. J’ai eu des appels anonymes. Au début je les négligeais mais elles étaient de plus en plus persistante. J’ai été averti, je ne peux pas en dire plus, par mes proches qui côtoient aussi certains milieux. Ils m’ont dit que je devrais quitter le pays et c’est ce que j’ai fait. Lorsque je suis parti c’était dans des conditions infrahumaines. Pour en arriver là, c’est pour vous dire que la menace est très sérieuse », déclare-t-il avant d’affirmer que le pouvoir de Kinshasa « a essayé par tous les moyens de lui réduire au silence en montant des dossiers qui n’ont ni tête ni queue ».

M. Kikaya estime qu’au regard des fonctions qu’il assumait, de secrétaire particulier d’un Président de la République en exercice puis son Conseiller spécial en charge des questions diplomatiques, il avait des « missions secrètes et spéciales » qui nécessitaient d’avoir cette carte bancaire.

« J’ai été convoqué par exemple par la justice dans cette histoire des cartes bancaires liées au Trésor public. Je n’ai jamais eu des cartes bancaires liées au compte de Trésor public lorsque je n’étais pas en fonction. Et les fonctions que j’ai occupées étaient certes de secrétaire particulier du Chef de l’État et ensuite conseiller diplomatique. Et dans les deux cas j’avais des missions secrètes et spéciales des lobbying qui nécessitaient une carte », se justifie-t-il.

Fuite en bateau

Kikaya Bin Karubi était invité à se présenter au cabinet de travail de l’avocat général du parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe le 25 juin. Un jour plus tôt, il a quitté Kinshasa dans la nuit du 23 au 24 juin.

« Il a d’abord fui vers Muanda, dans la province du Kongo-Central, avant de se diriger, en bateau, vers un village de pêcheurs angolais nommé Nganda Kosa, entre la RDC, l’Angola et l’enclave de Cabinda », expliquait Jeune Afrique ajoutant que « c’est depuis cet endroit qu’il a gagné Luanda avant de décoller en direction de l’Éthiopie puis de rejoindre son lieu actuel de résidence, dans un pays d’Afrique australe ».

L’opposant Kikaya

Ancien Député, Professeur au Département des Sciences de l’Information et de la Communication à Université de Kinshasa, Faculté des Lettres, Barnabé Kikaya Bin Karubi est depuis longtemps dans le cercle fermé de Joseph Kabila. Il connait l’homme et sa pensée. Membre influent du FCC, Kikaya sait que la rupture est consommée avec Félix Tshisekedi. Il sait aussi qu’il faut une autre stratégie vis-à-vis de l’actuel pouvoir et vis-à-vis de la population. Alors que certains dans sa famille politique n’osaient même pas prononcer le mot opposition, lui, il avait présenté même le sens de ce que sera cette opposition dans laquelle ils se trouvent déjà.

« En effet, ce ne sera pas une Opposition autoproclamée comme l’a été 37 ans durant l’Udps de 1982 à 2019. Ce sera une Opposition parlementaire issue des urnes et, à quelque chose malheur est bon, rendue compacte après la requalification de la Majorité parlementaire ayant tout du patchwork qu’elle était jusque-là », disait-il sur son blog début 2021.

Stéphie MUKINZI
Politico

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