Winnie Mandela est décédée ce lundi 2 avril des suites « d’une longue maladie », dans un hôpital de Johannesburg, a annoncé son porte-parole. L’ex-épouse de Nelson Mandela était âgée de 81 ans.
« C’est avec une grande tristesse que nous informons le public que Mme Winnie Madikizela Mandela est décédée à l’hôpital Milkpark de Johannesburg lundi 2 avril », a déclaré dans un communiqué Victor Dlamini, le porte-parole de l’ancienne épouse de Nelson Mandela. Winnie Mandela avait été hospitalisée à plusieurs reprises depuis le début de l’année en raison d’une longue maladie. « Elle est partie en paix en tout début d’après-midi, entourée de sa famille », a ajouté Victor Dlamini.
Il y a encore deux semaines, elle s’affichait tout sourire au bras du nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa pour faire renouveler sa carte d’électrice. En décembre, c’est lui qu’elle avait soutenu dans sa course pour diriger l’ANC. Car même après son divorce avec le prix Nobel de la Paix, Winnie Mandela était restée une figure forte de la politique sud-africaine. Son avis comptait et elle avait ses favoris, comme Julius Malema, le président du parti de gauche radicale.
Egérie anti-apartheid
Née le 26 septembre 1936 dans la province du Cap oriental, dans le sud du pays, elle est devenue l’égérie de la lutte contre l’apartheid durant les 27 années d’emprisonnement de Nelson Mandela, qu’elle avait épousé en 1958. Au point de se retrouver à plusieurs reprises derrière les barreaux.
Mais elle était une figure controversée. La « mère de la nation », comme on la surnommait, a notamment encouragé la violence pendant la lutte contre le régime ségrégationniste. En 1986, elle appelait ainsi à libérer le pays avec des allumettes, en référence au supplice du « collier » consistant à enflammer un pneu placé autour du cou.
En 1991, elle avait été reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement de quatre jeunes, dont un était décédé, par sa garde rapprochée. L’année suivante, elle était démise de ses fonctions dirigeantes au sein de l’ANC pour corruption et mauvaise gestion. Nommée en 1994 au poste de vice-ministre de la Culture, elle était renvoyée l’année suivante pour insubordination.
Ses discours violents et des accusations de meurtre portées contre ses gardes du corps l’avaient rapidement éloignée de son époux. Après quatre ans de séparation, ils avaient divorcé en 1996.
Mais dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, Winnie Mandela était une vigie, capable d’être très critique envers son propre parti qui, selon ses mots, avait « trahi » son combat.
Desmond Tutu a salué la mémoire d’un « symbole majeur » de la lutte contre le régime de l’apartheid. « Elle a refusé de céder face à l’incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité, les détentions, les interdictions et son bannissement. Son attitude de défi m’a profondément inspiré, ainsi que des générations de militants », a déclaré dans un communiqué l’ancien archevêque anglican et prix Nobel de la Paix.
RFI