Du pouvoir à l’opposition, il n’y a qu’un pas. Hier auréolé d’avoir détenu la majorité parlementaire, le Front commun pour le Congo (FCC), mieux, ce qui reste encore du FCC, est en train de prendre son inscription à l’école de l’opposition. Qui l’eût cru il y a quelques mois ? Le premier acte de cette entame s’est fait observer avec des mouvements de protestation à l’ouverture de la session extraordinaire de la chambre basse du Parlement, où le président du groupe parlementaire PPRD a tenté, sans succès, de perturber la lecture par le 1er secrétaire du bureau d’âge, de la décision convoquant la session extraordinaire pour contester un point inscrit à l’ordre du jour, à savoir le contrôle parlementaire. Mais le chemin est encore long pour les élus de la famille politique de l’ancien chef de l’État, Joseph Kabila, qui devront apprendre à s’adapter dans leur nouveau rôle d’opposant, avec une majorité qui bascule déjà vers l’Union sacrée du président Tshisekedi.

L’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale, mardi 5 janvier 2021, s’est passée sur fond de tension et des mouvements de protestation dans l’hémicycle du Palais du peuple.

En effet, juste après la lecture de l’ordre du jour par le président du bureau d’âge, Mboso Nkodia, la parole a été accordée au 1er secrétaire faisant office de Rapporteur, le député national Gaël Busa, pour lire comme de pratique la décision convoquant la session extraordinaire assortie des points inscrits à l’ordre du jour.

C’est en ce moment que le député du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), Didier Manara, a tenté de perturber la plénière. Que protestait-il ?

La réponse à cette question paraitra curieuse pour certains lecteurs : un point inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire, à savoir le «Contrôle parlementaire » ! Didier Manara s’opposait au fait que le contrôle parlementaire soit inscrit à l’ordre du jour de cette session. Selon lui, le bureau d’âge est allé au-delà des prérogatives lui conférées par la Cour constitutionnelle. Manara insiste sur le fait que la haute Cour demande au Bureau d’âge de se pencher sur deux points pendant cette session extraordinaire, à savoir : la poursuite de la déchéance des membres du Bureau Mabunda et l’élection et l’installation du nouveau bureau de l’Assemblée nationale.

Il convient de rappeler que dans son communiqué publié dimanche dernier, le rapporteur de la chambre basse du Parlement, Gaël Bussa, avait fait savoir que cette session extraordinaire allait s’atteler sur plusieurs matières. Il s’agit notamment de la poursuite de l’examen de la pétition à charge d’un membre du bureau Mabunda, de l’élection et de l’installation du Bureau définitif de l’Assemblée nationale et du Contrôle parlementaire. Mais pourquoi ce dernier point doit-il faire l’objet des contestations alors qu’il rentre dans les prérogatives normales des élus du peuple ? Que cachent la colère et la peur des élus FCC ?

Pour Claudel Lubaya, ce comportement s’apparente à un apprentissage de l’opposition par le Front Commun pour le Congo (FCC). « Le FCC entame l’apprentissage de l’opposition en tentant d’empêcher la lecture de la décision portant convocation de la session extraordinaire », a tweeté ce député national, élu de Kananga.

Heureusement que, grâce à la dextérité et la sagesse du président du Bureau d’âge, Christophe Mboso, la plénière s’est poursuivie. Cette session extraordinaire va donc s’étendre sur un mois, soit du 05 janvier au 03 février prochain.

Tout est vu en noir

Pour certains observateurs de la scène politique congolaise, le FCC s’illustre, depuis la décision du président Tshisekedi de rompre avec la coalition FCC-CACH, à des actes de protestation et des accusations.

Bien avant l’ouverture de cette session extraordinaire, la plateforme de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila Kabange, qui gouvernait avec lui depuis deux ans, accuse déjà le président Tshisekedi de « violer la Constitution », en mettant fin à la coalition au pouvoir. Selon le FCC, la décision du président Tshisekedi Tshilombo de mettre fin à la coalition au pouvoir en République démocratique du Congo « viole gravement la Constitution ».

La même contestation a également été observée lorsque le président Tshisekedi a annoncé qu’il voulait rechercher une nouvelle majorité à l’Assemblée, par la nomination d’un « informateur ». « La désignation d’un informateur là où existe un gouvernement de plein exercice, soutenu par une majorité confortable, est une violation flagrante et intentionnelle de la Constitution », insiste le FCC, qui estime qu’il avait « une majorité absolue issue des élections de 338 députés sur 500 » début 2019.

Le 31 décembre 2020, comme cadeau de fin d’année, le président de la République a nommé le sénateur Bahati Lukwebo comme informateur. Il est déjà à l’œuvre et avec l’ouverture, mardi, de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale, les choses vont aller plus vite et certainement la majorité va basculer, reléguant ainsi le FCC ou ce qui en reste encore dans un nouveau rôle, celui de l’opposition parlementaire.

Le Potentiel

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