Christophe Mboso, au perchoir, refuse d’affronter une motion de défiance.

Ambiance au Parlement congolais. Depuis une dizaine de jours, deux motions de défiance circulent contre le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso.

L’homme, ex-mobutiste, devenu défenseur acharné de la Kabilie avant d’épouser, avec la même facilité, la cause de Félix Tshisekedi et de se draper dans les habits du premier supporter de l’Union sacrée (la plateforme politique de la majorité) est visé à la fois par une motion portée par l’opposition et par un texte issu des rangs de sa – large – famille politique.

Face à cette initiative, le président de l’Assemblée nationale, doyen d’âge de l’institution, a trouvé une parade aussi provisoire que pragmatique et antidémocratique, en “faisant fermer le bureau de réception du courrier. Tout est filtré au troisième étage du Palais du peuple”, comme l’explique un député de la majorité remonté contre cette initiative “qui démontre le non-respect des institutions et des parlementaires par le président de l’Assemblée nationale lui-même”.

Recours à un huissier de justice

Face à cette impossibilité de déposer leur motion, certains députés ont saisi un huissier de justice. “Parfois, on a l’impression que la démocratie en République pourtant démocratique du Congo, n’a pas le même sens que partout ailleurs dans le monde”, pour un autre élu de l’opposition qui enchaîne : “Plus le temps passe, plus cette démocratie recule chez nous. Cet événement n’est malheureusement qu’un épisode de plus, parmi tant d’autres, qui démontre le dysfonctionnement complet de nos institutions.”

Le président de l’Assemblée nationale devrait donc recevoir très prochainement la visite de cet huissier “à son domicile ou à son bureau”.

Mais le président de l’Assemblée nationale ne compte pas rendre les armes aussi facilement. “Il a laissé entendre qu’il pourrait dissoudre l’Assemblée nationale, avant de menacer une série de députés de déchéance pour absentéisme, explique une élue. Il compte jouer sur la peur des députés qui pourraient perdre leur siège. Quant au listing des députés qui pourraient être déchus, faut-il dire que ce sont des membres de l’opposition, essentiellement ceux restés fidèles à Joseph Kabila, comme un de ses prédécesseurs Aubin Minaku, l’ancien ambassadeur de la RDC à Bruxelles, Henri Mova, ou encore une ex-ministre Marie-Ange Moshebekwa” (laquelle a réagi sur Twitter en refusant cette étiquette d’élue absentéiste). Le bureau de l’Assemblée a mis en place en séance plénière une commission pour examiner cette liste de députés susceptibles d’être démis.

Combat des chefs

L’étoile de Christophe Mboso ne cesse de pâlir au sein de l’institution. Depuis des semaines, de nombreux élus, issus aussi bien de la majorité que de l’opposition, lui reprochent sa “mégestion” et “le non-respect général du règlement de l’Assemblée nationale. C’est devenu un cirque. L’image que nous envoyons à la population est désastreuse”.

La situation de Christophe Mboso s’est encore détériorée depuis la destitution du ministre de l’Économie nationale le 30 mars dernier. Jean-Marie Kalumba Yuma a été prié de quitter le gouvernement suite au vote de 277 députés sur les 380 présents. Le ministre était accusé d’être “incapable de réguler et juguler la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché”. Souci, ce ministre est issu de la famille politique du président du Sénat, Modeste Bahati. Entre les présidents des deux chambres, la tension qui était palpable est devenue maximale.

Tous les deux ont promis de se faire tomber. “Modeste Bahati a dit ouvertement qu’il disposait de députés qui le suivaient quand Christophe Mboso a promis qu’il avait une belle brochette de sénateurs dans sa poche”, explique un sénateur qui promet que la paix n’est “pas près de revenir entre les deux hommes qui aiment le pouvoir”.

Reste évidemment à savoir quel sera l’avenir de Christophe Mboso si l’huissier de justice parvient enfin à lui remettre les motions de défiance qui le visent.

La libre Afrique

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