Après le verdict de la Haute Cour et le succès de Fatshi au 32ème Sommet de l’UA, des observateurs conseillent au porte-étendard de Lamuka de faire le deuil de la présidentielle et de rentabiliser son énorme capital électoral. Martin Fayulu peut-il encore espérer obtenir un changement de la donne politique pour lequel il semble tant s’investir à ce jour ? La question est sur toutes les lèvres dans les rues de Kinshasa.

Cependant, si les partisans de la plateforme Lamuka continuent à croire en un aboutissement heureux du lobbying de leur leader, ceux de CACH (Cap pour le changement), coalition au pouvoir, s’en moquent. Pour les sympathisants de Félix Tshisekedi, actuel Président de la RD Congo, la page de l’élection présidentielle est définitivement tournée.

Ce point de vue des combattants et partisans des partis membres du CACH, est très largement partagé par nombre d’analystes. Ces derniers pensent qu’après l’insuccès de Martin Fayulu en interne, à l’échelle continentale et même à l’internationale, plus rien ne lui reste encore à faire.

Tous les « espoirs » d’un éventuel revirement de la situation politique en faveur du leader de Lamuka, sont allés en eau de boudin. En interne, par exemple, les mêmes observateurs mettent en exergue l’Arrêt de la Cour constitutionnelle du 20 janvier dernier, proclamant définitivement Félix Tshisekedi, vainqueur du scrutin présidentiel du 30 décembre dernier. Compte tenu de son caractère inattaquable, le verdict de la Haute Cour ne donnait aucune autre possibilité de recours au requérant Martin Fayulu. Moralité, le dossier a été définitivement classé.

Sur le plan continental, le candidat auto-proclamé Président élu dudit scrutin, espérait obtenir le soutien de l’Union Africaine. Non sans raison, quand on sait qu’à la publication des résultats provisoires le 10 janvier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), une dizaine de chefs d’Etat africains, avaient émis de « sérieux doutes », quant à l’élection de l’actuel Président congolais Félix Tshisekedi. On se rappelle à ce propos que l’Union africaine avait même levé l’option d’envoyer sa mission en RD Congo.

A la lumière de ce qui s’est passé du 10 au 11 février à Addis-Abeba, lors des travaux du 32ème sommet de cette organisation continentale, force est de constater que tous les Chefs d’Etat « boudeurs » de l’élection de Félix Tshisekedi, ont tourné la page. Tout a été oublié. L’élection du nouveau Président rd congolais au poste de 2ème vice-Président de l’Union africaine aura donc consacré la reconnaissance de son pouvoir. Ce qui, aux yeux de nombreux observateurs, paraissait comme un deuxième échec pour Martin Fayulu qui comptait tant sur l’Union Africaine.

Secret de polichinelle, au même moment qu’il avait la Justice locale et actionné la diplomatie au niveau du continent, Martin Fayulu avait également surfé sur un soutien international. En tout cas, il semble y croire encore. Il se trouve, cependant, que même si ces capitales occidentales n’avaient pas spécifiquement applaudi la victoire de Félix Tshisekedi, toutes ont fini par en prendre acte.

SE CONCENTRER POUR LA PLACE DE CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION

« Ce qu’on ne peut éviter, on l’embrasse », disait Shakespeare. Au regard de la donne politique actuelle aussi bien en interne qu’à l’international, Martin Fayulu aura compris qu’il a perdu sa bataille sur le frond de revendication de la « vérité des urnes ».

Dure réalité, certes, mais la réalité reste celle-là. En tout cas, sauf ultime miracle. Sinon, on ne voit pas par quelle alchimie, le porte-étendard de Lamuka pourrait réussir à changer la donne en sa faveur.

Cependant, d’aucuns postulent que Martin Fayulu n’a pas tout perdu. Il a encore quelque chose à sa portée. A savoir la place constitutionnelle de chef de file de l’Opposition. Même s’il n’est pas issu d’un grand parti politique, le Fayulu d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui que les Congolais ont connu au cours des dix dernières années.

A la faveur de la campagne électorale en novembre dernier et des résultats du scrutin présidentiel, Martin Fayulu, version fin 2018 a pris du poids au point de devenir un leader politique d’envergure nationale. Par conséquent, il ferait œuvre utile s’il capitalisait cet énorme soutien des millions de Congolais qui l’avaient élu, pour se positionner en chef de file de l’opposition. Pour y parvenir, il doit faire le deuil de la présidentielle et agir le plus tôt possible dans ce sens.

La nature ayant horreur du vide, un autre acteur de l’opposition qui nourrit les mêmes ambitions, pourrait toujours se présenter à ce poste. Il faut noter que le poste de porte-parole de l’Opposition est demeuré vacant depuis la première législature. Battu par Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, Jean-Pierre Bemba répondait bien au profil du job. Mais, le leader du MLC n’a pu accéder à ce fauteuil en raison de ses ennuis à la Cour pénale internationale.

Après les élections de 2011, Etienne Tshisekedi, candidat malheureux face au même Kabila, n’a pas vraiment paru intéressé par ce poste. Il est vrai que le patron de l’UDPS s’était autoproclamé « présidént élu ».

Fort de sa deuxième place aux joutes présidentielles du 30 décembre dernier, Martin Fayulu part favori. Question qu’il oublie définitivement la page de l’élection présidentielle. Car, élu député national, il ne sera pas n’importe quel membre de la Chambre basse du parlement. Bien au contraire. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Martin Fayulu a une plus-value, un avantage comparatif défendable par rapport à ses pairs…

Grevisse Kabrel
Forum des As

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici