C’est depuis le 20 mai dernier que Sylvestre Ilunga Ilunkamba a été nommé Premier ministre. Quarante-quatre jours après sa nomination, le successeur de Bruno Tshibala tarde encore à constituer son Gouvernement. Pire, il s’enferme dans un cocon de silence qui inquiète. Au point où l’opinion, lasse d’attendre un Exécutif qui ne vient pas, se répand en supputations.

Depuis ses premières déclarations lors de sa nomination, Ilunga Ilunkamba n’a plus parlé. Son long silence a fini par faire écho dans les salons politiques où l’on se demande ce que fait réellement ce Premier ministre qui n’est pas encore entré en fonction et qui n’a pas encore été investi.

On aurait bien voulu l’entendre parler de négociations en cours. Ou encore fixer l’opinion sur les péripéties en vue de la formation du Gouvernement. Mais, jusque-là, rien de concret ne filtre. Quoique certaines indiscrétions rassurent qu’une commission a été mise en place pour préparer déjà la remise et reprise, qui interviendrait après l’investiture du Gouvernement. Et cela, depuis belle lurette.

POURQUOI CE LONG SUSPENSE ?

« Ilunga Ilunkamba a été nommé Premier ministre ! C’est à lui de nous dire où en sont les négociations ! », s’exclame un analyste politique, haussant le ton dans un milieu huppé. « Lorsque nous l’avons vu faire le tour des bureaux du bâtiment du Gouvernement le 7 juin dernier, en compagnie de son prédécesseur Bruno Tshibala Nzenzhe, nous nous attendions à le voir vite à l’œuvre, après une remise et reprise imminente. D’autant que le Premier ministre sortant a vite fait de déposer sa démission avec, bien entendu, toute son équipe », commente un observateur de la scène politique.

« Sinon, s’interroge-t-on, pourquoi le Président Félix Tshisekedi s’est-il empressé d’accepter la démission de Bruno Tshibala et de nommer un chef du Gouvernement, si ce n’était que pour laisser perdurer le suspense dans un pays en crise, où l’urgence s’impose dans tous les secteurs ? ».

RASSURER L’OPINION

Plus d’un mois après sa nomination, Ilunga Ilunkamba est appelé à rassurer l’opinion. Ce, d’autant que la Constitution lui confère les prérogatives de constituer l’équipe gouvernementale. C’est à lui qu’il incombe de proposer au Président de la république les noms des ministres. Car, comme le reconnait la Loi des lois, le Chef de l’Etat nomme les ministres, sur proposition du Premier ministre.

Fort donc du pouvoir que lui reconnait la Loi fondamentale de la République démocratique du Congo, Ilunga Ilunkamba n’a pas vocation à se laisser supplanter par les pesanteurs de la coalition CACH-FCC, dans la mesure où ces regroupements politiques ne sont, en fait, que des plateformes privées. Alors que lui, le Premier ministre agit dans le champ institutionnel public.

UN SELECTIONNEUR SANS EQUIPE

Avec son implication, les choses devraient plutôt aller vite. Bien que le tout discret chef de l’Exécutif national murmurerait, en coulisses, en indiquant que  »les négociations, c’est entre les partis de la coalition FCC et CACH »… Ces regroupements politiques qui continuent à s’empoigner pour la répartition des ministères. Malgré nombre de blocages enregistrés lors de ces manœuvres, Bruno Tshibala s’attèlerait, lui, à rassurer ses concitoyens en mal de patience : « Soyez patients, l’enfant va bientôt naître ».

Il est donc temps pour Ilunga Ilunkamba de sortir du silence pour rassurer l’opinion, car dans cette séquence, c’est lui qui doit être à la manœuvre. Sinon, le Premier ministre resterait comme un sélectionneur national qui, en pleine compétition de football, tournerait indéfiniment le pouce, en attendant que les équipes lui envoient la liste de joueurs à aligner.

Kandolo M.
Forum des As

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