Depuis deux ans, le bloc katangais a sensiblement perdu son emprise sur les rouages stratégiques de l’État congolais. Bien plus que le résultat d’un changement de régime, ce recul serait la suite logique d’une gouvernance collective qui accuse de nombreuses faiblesses et que le temps qui passe a fini par sanctionner.

La présence katangaise s’est mystérieusement diluée dans les grandes instances de la République. On ne les sent plus, ces katangais à qui l’on reprochait le côté pompeux et claironnant, comme si, au fond, ils n’ont jamais été là. La déroute est incontestable même dans l’armée où leur espace, jadis chasse gardée, est aujourd’hui dévoré par les autres.

Tant mieux pour la démocratie qui se solidifie dans la diversité mais difficile cependant de ne pas s’interroger sur les raisons d’une telle disparition que certains observateurs jugent précoce. On s’attendait à tout sauf à la reddition si facile du Katanga. Mais la vérité est là, les historiques « rebelles » katangais ont fini par courber l’échine.

Guerres fratricides

Le premier adversaire du katangais serait le katangais lui-même disait un notable originaire de Kolwezi. Il faut donc aller chercher le malheur du katanga dans les agendas politiques égocentriques de certains leaders qui se livrent des guerres larvées pourtant inutiles.

Ce constat se vérifie depuis de nombreuses années. Ainsi, Moïse Tshombe et Jason sendwe s’illustrèrent, dans les années 60, par un antagonisme improductif pour la région. C’est ce que répliqua Lunda Bululu contre son frère Mzee Laurent Désiré Kabila, leader pourtant adulé par l’ensemble du peuple congolais.

Près de 50 après l’indépendance de la RDC, Moïse Katumbi, appuyés par Kyungu Gabriel et Charles Mwando Nsimba, entreprirent de fragiliser, Joseph Kabila, un autre Katangais à la tête de la RDC, l’empêchant de briguer un autre mandat. Le Katanga devint même le bastion de l’opposition au régime Kabila !

C’est aussi une certaine fifi Masuka, qui a récemment neutralisé Richard Muyej, Gouverneur du Lualaba, pour des intérêts politiques bien loin des attentes des populations du Lualaba qui réclament le retour de « papa solution ». Un coup de poignard comme seuls les katangais peuvent l’administrer ?

On aimerait pouvoir en douter mais la récente mésaventure vécue par le Gouverneur Zoé Kabila rappelle aux uns et aux autres que ce sont des députés nationaux originaires du Tanganyika qui sont allés en croisade pour offrir la tête de Zoé Kabila à l’Union sacrée. Et pourtant comme dans le Lualaba, le Gouverneur Zoé a eu un mandat fructueux.

Un dinosaure encombrant

Il y aussi baba Kyungu, ce monument vieux comme le baobab qu’on ne dépoussière pourtant pas. L’ Homme est là, presqu’inamovible, jouant sa partition katangaise depuis plusieurs décennies comme si cette terre lui appartenait. Son talent de tribun, il l’a souvent mis au service de la politique du mal.

La naïveté katangaise l’a couronné libérateur alors qu’au fond, ce traqueur d’opportunités n’a jamais rien fait pour le Katanga. Gabriel Kyungu n’a que deux motivations politiques à savoir travailler pour celui qui est au pouvoir et pour lui même, le reste c’est de l’histoire.

Un bilan sérieux devrait être posé sur le parcours de cet homme politique du chaos. Il aura été à l’origine de la souffrance de nombreux congolais ressortissants du Kasaï sans avoir été puni. C’est une injustice grave!

Le voilà désormais papa de Felix Tshisekedi, un Président originaire du Kasaï mais qui, pour l’occasion, refuse curieusement de fouiner dans le passé trouble des événements du shaba sur lesquels plane l’ombre d’ un certain Gabriel Kyungu.

En refusant de tourner la page Kyungu, les katangais auraient-ils choisi de vivre éternellement le passé de ce leader sans vision de développement ? Rien en tout cas ne semble dissuader ce citoyen de la Kenya qui comme les vieux lions se transforme, avec le temps, en charognard politique.

Déboussolés, les katangais recherchent un leader qui saura les ravitailler en vision et en stratégie. Et si les choses ne changent pas, les rangs des mouvements, jusque là périphériques, tels que les Bakata Katanga, pourraient gonfler rapidement.

Seules des illusions?

Il y a tout d’abord ces calculs inopportuns d’un retour souhaité d’un Katangais au sommet de l’État. Ce scénario paraît invraisemblable dès lors que certains préfèrent rester opposé à Joseph Kabila dont l’influence sur le Katanga a fortement grandi. partir en désordre de bataille c’est déjà perdre des guerres décisives.

La sécession du Katanga est évidemment une illusion mais qui se nourrit des déceptions et des frustrations de millions de katangais. Joseph Kabila, patriote nationaliste, peut jouer un rôle important à moins que d’autres katangais l’en empêchent et que le cycle sombre ne se poursuive.

Entre-temps Jacques Kyabula, Gouverneur élu FCC du Haut Katanga et désormais membre actif de l’Union sacrée, chante à tue-tête l’appui de sa Province à Felix Tshisekedi jusqu’en 2028. Il est peut-être trop tôt pour affirmer que la jeune génération des leaders katangais a bien appris la leçon des aînés.

Louison Mande
24h

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