« Démagogie et serment de trop pour certains internautes, signe de détermination pour d’autres ».

«Dans quelques semaines, je serai un Gomatracien. Je vais venir habiter ici. Je vais vivre avec vous. Je voudrai entendre au quotidien vos problèmes et nous allons les résoudre ensemble. J’avais promis au peuple congolais que durant mon mandat, je me battrai pour que la paix et la sécurité reviennent totalement dans mon pays. J’avais promis que je ferai tout pour que le sort des Congolais s’améliore. Après avoir ramené la paix, nous allons maintenant nous battre pour le bien-être». Ces propos du Président Félix Tshisekedi, tenus lors de son récent séjour à Goma, font polémique dans les réseaux sociaux.

Certains internautes congolais qualifient cette déclaration de « démagogique ». D’autres, non, la considèrent comme une promesse de trop. «C’est la deuxième fois que Félix Tshisekedi prend le même engagement, en l’espace de deux années de son pouvoir au sommet de l’Etat. Au stade actuel que vivent nos compatriotes de l’Est du territoire national, on n’a plus besoin d’entendre des propos dignes de la campagne électorale. Les Congolais ont plutôt besoin de voir des actions concrètes, à même de rassurer les populations autochtones», arguent-ils.

Par contre, d’autres internautes, plus modérés que les premiers, perçoivent dans cette déclaration du Chef de l’Etat congolais, la détermination de ce dernier, à œuvrer pour le retour d’une paix durable dans la partie orientale de l’immense territoire congolais.

«La situation sécuritaire dans l’Est est une nébuleuse. Elle est à la fois complexe, au regard de la position géographique de la province du Nord-Kivu, frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda. A la décharge de l’actuel Président de la république, l’insécurité dans ce coin du pays n’a pas commencé à son arrivée au pouvoir. C’est plutôt, une situation qu’il a héritée des régimes précédents. Entendu que le retour d’une paix durable dans les régions troubles de la RD Congo est un processus, la population a l’obligation d’accorder le bénéfice du doute à Fatshi. Même si la situation n’est pas encore totalement maitrisée, on note cependant des signaux positifs, traduits à une baisse de cas d’assassinats», soutiennent ceux qui pensent que la détermination de Fatshi à enrayer l’insécurité dans l’Est du pays, a tout de même enregistré quelques avancées notables.

LES VŒUX PERPETUELS DE FATSHI

Comme rappelé ci-haut, ce n’est pas la première fois que Félix Tshisekedi jure, devant la terre entière, de s’employer pour tordre le cou à l’insécurité dans l’Est du pays. Campagne à la présidentielle du 30 décembre 2018, ce dernier avait promis d’installer son Quartier général dans cette même partie de la RD Congo, jusqu’à ce que la paix y sera revenue.

Elu Chef de l’Etat à l’issue dudit scrutin, Fatshi avait réitéré le même engagement dans ses deux premiers messages annuels sur l’état de la nation (2018 et 2019), devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès. «Je ne serai pas en paix avec moi-même tant que le Nord-Kivu et les autres provinces actuellement meurtries ne seront pas totalement pacifiées», avait-il dit en décembre 2019 dans son discours à la nation. Dire qu’il avait aussi fait la même déclaration au cours d’un meeting populaire l’an dernier à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, frontalière avec l’Ouganda, dans le Nord-est du pays.

«Aussi longtemps qu’il n’y aura pas la paix dans tous les villages, je ne dormirai pas. Je ferai le tour du Congo pour aller à chaque endroit où il n’y a pas la paix afin de rassembler les Congolais pour qu’ils se parlent», avait ponctué Félix-Antoine Tshisekedi, devant une foule enthousiaste de Bunia, rassemblée sur le boulevard de Libération pour l’écouter.

Comme si cela ne suffisait, le Chef de l’Etat congolais, alors de retour au pays après une longue tournée euro-américaine de près de trois semaines, avait encore déclaré dans un meeting populaire, le lundi 7 octobre 2019 à Bukavu, qu’il était disposé de sacrifier sa propre vie, au profit de la paix dans l’Est du pays, en proie à l’insécurité consécutive à l’activisme de plusieurs groupes armés locaux et étrangers, depuis plus de deux décennies.

«Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, une paix nécessaire pour la stabilité de notre pays. Et cette paix, croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité», avait annoncé urbi et orbi, Félix Tshisekedi, à ses concitoyens du Sud-Kivu rassemblés à la Place de l’Indépendance à Bukavu.

S’il faut emprunter du jargon de l’Eglise catholique romaine, on dirait sans doute qu’à Bunia, Bukavu et à Goma, Félix Tshisekedi a renouvelé ses vœux perpétuels de travailler en profondeur, pour pacifier les régions troubles du pays.

Cependant, des observateurs constatent qu’au moment où le Chef de l’Etat fait toutes ses promesses, la situation sécuritaire devient de plus en plus critique, sinon précaire, dans plusieurs coins de la RD Congo. Ce, malgré les opérations militaires de grande envergure, lancées depuis le mois d’octobre de l’année dernière. Toutes proportions gardées, la province de l’Ituri principalement, aura payé un lourd tribut de l’insécurité qui y a régné au cours des deux premiers trimestres de l’année 2020 en cours. En juillet dernier, par exemple, des miliciens de Coopérative de développement du Congo (CODECO), partis de Walendu-Djatsi, avaient tué une vingtaine de personnes civiles au centre de Bunzenzele, groupement Sindani-Akeso dans le secteur de Banyali-Kilo en territoire de Djugu, avait renseigné Radio Okapi, citant des sources locales.

Par ailleurs, le dimanche 9 août, des miliciens du même groupe armé avaient réédité leur forfait, tuant froidement 23 personnes civiles dans le territoire de Djugu dans l’Ituri. Précisément dans les localités de Lisey, Tchulu et Liberia. Parmi les victimes, un chef de localité et toute une famille.

«LA CRITIQUE EST AISEE, MAIS L’ART EST…»

Considérant les données qu’affiche le tableau synoptique de l’insécurité dans les régions concernées, d’aucuns estiment que la lutte contre les groupes armés aussi bien dans l’Est que dans le Sud-est de la RD Congo, exige de nouvelles approches. Fait notable, c’est que les anciens opposants qui, pendant des décennies, ont centré leur lutte sur la critique des régimes qu’ils combattaient, aujourd’hui au pouvoir au plus haut sommet de l’Etat, ont finalement compris le caractère complexe de cette problématique de l’insécurité chronique dans les zones concernées de la RD Congo. Rien de polémique !

Tout bien considéré, des observateurs, à la suite du comédien, dramaturge et homme politique français, Philippe Néricault, déduisent qu’il est plus facile de critiquer ce que font les autres, que de créer et faire quelque chose soi-même. Comme pour dire, «la critique est aisée, mais l’art est difficile».

Grevisse KABREL
Forum des as

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