« C’est très triste » de voir que sous le règne de M. Tshisekedi, un ancien opposant, on ne peut pas respecter le droit de la population congolaise à manifester « contre la vie chère », déplore Moïse Katumbi.

Jour sombre pour les libertés individuelles. La manifestation « contre la vie chère », organisée par les opposants Martin Fayulu (du parti ECiDé, Engagement pour la citoyenneté et le développement), l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga Moïse Katumbi (Ensemble pour la République), l’ex-Premier ministre Augustin Matata (LGD, Leadership et gouvernance pour le développement) et le député Delly Sesanga (Envol), samedi 20 mai, a été brutalement réprimée par le pouvoir.

Dès la matinée, plusieurs militaires et policiers ont pris d’assaut les artères choisies par les opposants pour leur manifestation. C’est le cas de l’avenue Kianza, qui traverse les communes de Lemba et Ngaba où était prévue la jonction des manifestants. Mais les forces de l’ordre et de sécurité sont entrées en action : coups de feu, gaz lacrymogène, interpellations, bastonnades des militants…

Empêchées par la police de lancer la procession, les quatre figures de la mobilisation arrivées sur les lieux étaient plantées dans leurs véhicules, déplorant une violence « extrême« .

« Même à l’époque du président Kabila on n’a jamais vécu ça « , reconnait Matata Ponyo, désagréablement surpris par la répression inouïe des manifestions.

« C’est triste, ils sont en train de tirer avec des gaz lacrymogènes, au début c’était avec des balles réelles et tout ça, c’est Monsieur Tshisekedi « , déplore Moïse Katumbi qui séjourne dans la capitale depuis trois semaines.

Des discussions très tendues ont opposé leaders de l’opposition et forces de sécurité qui empêchaient la tenue de la marche.

« C’est de l’entrave à la marche, une liberté pourtant consacrée dans la constitution. Nous sommes en plein dans l’agitation. C’est de la répression« , déplore Delly Sesanga.

Marche parallèle pro pouvoir autorisée

Dans l’entretemps, la Toile charriait des images des personnes violemment molestées et blessées. A l’instar du mineur copieusement torturé par des policiers dont la vidéo fait le tour des réseaux sociaux. On ne compte pas le nombre de personnes interpellées dont le secrétaire général d’Envol.

Une autre image qui a fait le tour du monde, c’est celle de l’interpellation brutale du député provincial Mike Mukebayi, communicateur du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi. Il a été jeté sans ménagement, comme du bétail, dans le véhicule de la police. Et aux dernières nouvelles, Mukebayi aurait été enlevé dans la soirée d’hier dimanche. Selon des témoins, des personnes non autrement identifiées l’ont embarqué à bord d’un véhicule de couleur blanche et conduit à une destination inconnue.

Comme sous Mobutu avec la Garde civile, des policiers lourdement équipés de matériels, anti-émeutes, de blindés et des camions à eau chaude, étaient également présents sur le théâtre des manifestations.

Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, des policiers et des personnes civiles munies d’armes blanches pourchassaient les manifestants dans leurs retranchements dans des quartiers et avenues, sous des tirs de sommation. Les quatre leaders ont été reconduits sous bonne escorte chez eux.

Le même samedi 20 mai, une autre marche a été organisée en parallèle par les jeunes de l’UDPS, le parti présidentiel. Une manifestation autorisée par le gouverneur de Kinshasa, à la surprise générale. Les manifestants pro pouvoir étaient munis de bâtons et d’autres armes blanches.

Sit-in devant le jeudi devant le siège de la CENI

L’opposition ne s’avoue nullement vaincue malgré la « violence barbare » de samedi et annonce un sit-in devant le siège de la CENI le jeudi 25 mai.

Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Delly Sessanga et Martin Fayulu ne décolèrent pas. Après cette marche étouffée par les forces de l’ordre, ils annoncent une autre manifestation pour la semaine en cours.

Au cours d’une conférence de presse tenue le même samedi, les quatre leaders ont annoncé l’organisation d’un sit-in ce jeudi devant le siège de la Centrale électorale.

« Nous invitons la presse tant nationale qu’internationale à vivre le sit-in que nous allons faire devant cette mascarade de CENI. Ce n’est plus une commission électorale indépendante, c’est une structure privée du pouvoir pour préparer la victoire d’une certaine catégorie qui est dénoncée par la population « , a déclaré Matata Ponyo.

Ce n’est pas tout. Ces quatre figures de proue de l’opposition ont fait savoir que d’autres manifestations seront annoncées le même jeudi.

Matata qui s’exprimait au nom de l’opposition a déploré l’interpellation de plus de 14 militants et deux blessés.

Gentiny Ngobila n’avait autorisé qu’un seul itinéraire pour la marche de l’opposition, du Rond-point Sakombi à la place YMCA dans la commune de Kalamu.

C’était sans compter avec les leaders de l’opposition qui avaient à cœur d’entamer leur marche par Super Lemba. Ce que la Police n’a pas laissé faire. Le commandant de la police, le Général Sylvano Kasongo indique que les manifestants ont été dispersés à coup des gaz lacrymogènes pour non-respect de l’itinéraire, donc des consignes.

Même alors, pour Delly Sesanga, « les forces de l’ordre se sont transformées en milice pro pouvoir, du jamais vu « , accuse-t-il.

L’opposition attendait de Fatshi de tourner la page de la répression, et non la cultiver à merveille comme ce qu’on a vécu samedi. Ses devanciers Mobutu et Kabila étaient étiquetés dictateurs, alors que lui est fils d’un opposant historique qui s’est battu des décennies durant pour faire de la place aux libertés individuelles.

Didier KEBONGO
Forum des as

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