Au cours d’une conférence de presse conjointe tenue hier jeudi 3 février, le ministre de la Communication et Médias, le Gouverneur de la ville de Kinshasa et le Directeur général de la Snel sont revenus sur les causes de la tragédie qui a plongé la capitale dans un émoi total, mercredi 2 janvier. A l’occasion, Patrick Muyaya a assuré la population de la ferme volonté du Gouvernement de s’assumer de manière à éviter à l’avenir que pareille catastrophe ne se reproduise.

Pour le porte-parole du Gouvernement, le drame qui s’est produit entre les pylônes 181 et 182 à Matadi Kibala est un «accident de trop . En conséquence, le chef de l’exécutif urbain a pris des mesures draconiennes pour apaiser la population traumatisée après le décès, par électrocution, de 25 personnes.

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, a annoncé la fermeture du marché de Matadi Kibala, ainsi que tous les autres marchés pirates environnants, la délocalisation des occupants des sites illégalement occupés et des parkings qui déchargent leurs marchandises aux environs du marché Matadi Kibala.

Ce n’est pas tout. Il est également interdit la délivrance des autorisations de bâtir sur les servitudes de la Snel.

S’agissant du retard pris dans la construction du marché de Matadi Kibala, dans le cadre du programme Papakin, financé par le FIDA (Fonds international de développement de l’agriculture, NDLR), le Gouverneur de la ville de Kinshasa soutient que «ce projet n’a jamais été jeté dans les oubliettes». Le premier citoyen de la ville explique que l’Etat congolais «était buté à des escrocs» qui réclamaient la propriété dudit site où il était prévu de construire ce marché moderne.

«Nous sommes butés à des escrocs qui se réclament propriétaires de ce site. C’est ce qui a bloqué le début des travaux du nouveau marché. C’est dommage pour l’Etat congolais qui est victime de sa propre turpitude», déplore le Gouverneur Gentiny Ngobila.

Il a par ailleurs confié que trois sites ont été identifiés pour la délocalisation de ce marché. Concernant ceux qui ont squatté les autres espaces no aedificandi de la Snel, le chef de l’exécutif de Kinshasa rassure, «l’Etat a pris la mesure de l’urgence». Une commission a été instituée, dit-il, pour identifier tous les sites sur lesquels on ne doit plus construire. «Tous les propriétaires des constructions anarchiques seront indemnisés et délocalisés», annonce-t-il.

Concernant les obsèques des victimes, le patron de la ville indique ce sera fait avec dignité, dans un lieu qui sera bientôt choisi par l’Etat. Le Directeur général de la Snel, Jean-Bosco Kayombo, demande que ceux qui sont morts dans cet accident ne le soient pas pour rien, que des précautions soient prises pour que le drame de ce genre ne se vive plus.

Quant au bilan de cet accident, le numéro 1 de la ville l’a revu à la baisse : 25 morts, 2 personnes rescapées, sorties de l’hôpital et rentrées depuis chez elles.

«Contrairement à ce que nous avons affirmé hier, le bilan des dégâts faisait état de 26 morts, c’est ce que nous avions affirmé hier. Mais aujourd’hui, avec tous les renseignements, recoupements que nous avons reçus, le bilan fait 25 morts. Il s’agit de 4 personnes qui sont mortes sur le grand boulevard Route de Matadi, et 21 autres décédées devant le dépôt sur le marché pirate de Matadi Kibala», a indiqué Gentiny Ngobila à la presse.

Il ajoute: «Il y a également 2 rescapés qui ont été hospitalisés hier et aujourd’hui ils sont déjà sortis de l’hôpital, ils ont la vie sauve et sont rentrés chez eux à la maison. Nous déplorons tous ces morts, c’est l’occasion ici pour moi de présenter mes condoléances aux familles éprouvées».

Un peu comme par prémonition, rappelle Patrick Muyaya, lors du Conseil des ministres du 7 janvier dernier, le Président de la République avait chargé le Gouvernement de travailler à la délocalisation de ce marché craignant que l’intensité de la population qui se déplace autour ne soit exposée aux accidents.

A la question de savoir à qui incombe la responsabilité du drame, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. «A tout le monde, principalement à l’Etat, parce que son devoir c’est de protéger la population et ses biens et de prévenir», a-t-il répondu.

«La difficulté que nous avons, c’est que pendant longtemps nous n’avons pas pris la décision. Ce qui est anormal est devenu normal. Nous devons l’assumer, car notre devoir c’est d’appliquer les lois. Bien entendu, si on l’avait fait, la même opinion aurait crié à la maltraitance de la population qui se débrouille. Nous devons tirer des leçons de ce qui est arrivé», a dit le porte-parole du Gouvernement.

Ce dernier précise, s’agissant des sanctions, qu’il ne faut pas agir dans l’émotion, mais plutôt essayer de remonter la question pour comprendre les raisons et situer les responsabilités. «Cela n’est pas possible en 24 heures», fait remarquer Muyaya, tout en appelant les Congolais au strict respect des zones de servitude de la SNEL.

Vingt-cinq personnes sont mortes, mercredi 2 février, électrocutées lorsqu’un câble électrique haute tension s’est détaché de deux pylônes qui traversent le marché Matadi Kibala dans le sud de la capitale Kinshasa.

D’après le Directeur général de la Snel, «hier (mercredi) aux environs de 7h, nous avons connu un sectionnement d’un conducteur sur la ligne haute tension Zongo-Gombe. Une ligne de 70.000 Volt aux environs du marché Matadi Kibala. Un coup de foudre est tombé sur cette ligne. Comme il pleuvait, le marché se trouvait sous eaux. L’eau avec la terre quand il y a la pluie, l’eau devient conductrice d’électricité. C’est ce qui est arrivé. Ça a donc électrocuté toutes les personnes qui étaient en contact avec cette eau» a expliqué le DG Jean-Bosco Kayombo.

Selon les responsables de la Snel, ce conducteur d’électricité a été sectionné par une foudre alors qu’une pluie s’abattait sur la capitale. Les victimes sont essentiellement des femmes vendeuses dudit marché.

Didier KEBONGO
Forum des as

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