Entretemps, le président ai de l’UDPS reste aphone et tergiverse quant au dépôt de sa démission au Bureau de l’Assemblée nationale
Il ne s’imaginait peut-être pas, que son tweet du 14 janvier, annonçant sa démission de la vice-présidence de l’Assemblée nationale – après la prise d’assaut de sa résidence, dans la soirée du mercredi 12 par des éléments de la Garde républicaine – provoquerait colère et désaveu de ses collègues députés du parti. Erreur. Le ballon d’essai tiré par Jean-Marc Kabund a effectivement marqué un but dans son propre camp !
Après les présidents des groupes parlementaires de l’Union sacrée (USN) qui ont réitéré leur loyauté lundi dernier au Président Félix Tshisekedi et la déclaration mardi, des députés nationaux du parti présidentiel désavouant Jean,-Marc Kabund, voici le tour des députés provinciaux de Kinshasa, battant pavillon UDPS.
Dans une déclaration hier mercredi 19 janvier, lue par Peter Kazadi et qui circule sur la toile, ces derniers ne demandent pas mieux au président intérimaire du parti présidentiel, que de tirer toutes les conséquences logiques découlant de ses actes posés, considérés comme en hiatus avec les idéaux et l’idéologie fondatrice du parti.
En cinq points, les députés provinciaux UDPS de la ville de Kinshasa, déclarent réitérer leur soutien et loyauté au Président Félix Tshisekedi, seule et unique autorité de référence de leur parti. Ils réaffirment leur soutien aux institutions du pays, aux vaillantes FARDC (Forces armées de la RD Congo), à la Police nationale congolaise (PNC) et aux Services de sécurité. Pas tout.
Les élus du parti de la 11ème rue du quartier résidentiel de Limete, siégeant à l’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK), déclarent par ailleurs, avoir pris acte de la décision de démission de Jean-Marc Kabund, de son poste de vice-président de l’Assemblée nationale, tel qu’annoncé sur compte Twiter officiel. Par conséquent, les auteurs de la déclaration demandent instamment aux députés nationaux de l’UDPS, d’engager les procédures de remplacement de Jean-Marc Kabund.
« KABUND, UNE PAGE TOURNEE »
Comme on peut le constater, entre le jour de l’annonce de la décision de Jean-Marc Kabund, de sa démission de la présidence de la Chambre basse du Parlement et la formalisation de celle-ci, l’eau a suffisamment coulé sous le pont. Il se dessine une sorte de ce qu’il convient d’appeler, désormais, « la dynamique institutionnelle anti Kabund ».
Pendant que l’opinion nationale continue à attendre voir le président intérimaire de l’UDPS, déposer régulièrement sa démission au bureau de la Chambre, les députés nationaux du parti présidentiel ont déjà entre les mains, leur issue de la situation. A leurs yeux, Jean-Marc Kabund est une page bel et bien tournée de l’histoire de l’Assemblée nationale. Quitte à voir les implications sur les structures du parti.
D’ores et déjà, les députés UPDS à la Représentation nationale, sont dans le starting block. L’heure est donc aux conciliabules en interne, pour trouver le nouveau joker, remplaçant de Jean-Marc Kabund au poste de 1er vice- président du perchoir de la Chambre basse. Au stade actuel des choses, il serait prématuré et même hasardeux, de pronostiquer sur le nom de l éventuel successeur de celui que l’opinion considérait encore jusqu’ici, comme l’ »homme fort » de l’administration Fatshi.
A priori, au-delà de la gestion difficile des ambitions des membres de son parti, le dernier mot reviendrait au Président Félix Tshisekedi qui, aux yeux de nombreux analystes, devra affronter l’épreuve d’un bon casting, pour éviter un nouveau « Judas Iscariote ».
S’ASSUMER POUR SORTIR PAR LA GRANDE PORTE
Voici une semaine déjà, depuis ce qui s’était passé le mercredi 12 janvier au somptueux domicile de Jean-Marc Kabund, au quartier Kingabwa dans la commune de Limete. Alors qu’il avait demandé à un groupe de combattants du parti qui lui demandaient de revenir sur sa décision- de lui laisser encore le temps de réfléchir pour ensuite revenir vers eux- le chef du parti présidentiel semble jouer à une usure de temps. qui, selon des observateurs, ne changerait en rien la dynamique ambiante contre lui.
De l’avis des analystes avertis, Kabund aurait gagné en notoriété, s’il était allé jusqu’au bout de sa démarche. En d’autres termes, il serait sorti par la grande porte, s’il avait effectivement déposé le même jour de son annonce, sa lettre de démission au bureau de l’Assemblée nationale. Hélas. Le concerné donne l’impression de jouer autrement sa carte. A preuve, il tergiverse pour remettre à Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, sa lettre de démission.
On rappelle que lors de sa première et dernière sortie en public, le samedi 15 janvier après le désarmement de sa garde, Jean-Marc Kabund s’adressant aux combattants de l’UDPS massés dans la cour de sa résidence, avait déclaré: »Ceux qui ont planifié ce qui vient de passer et ceux qui s’en réjouissent, leur joie sera de courte durée. Je suis convaincu que leur joie sera de courte durée ». A en juger par ces propos, doit-on dès lors insinuer que tous ceux qui attendent la départ de Jean-Marc Kabund du perchoir de l’Assemblée nationale, devront encore attendre longtemps ? Est-ce aussi un euphémisme pour dire qu’il ne démissionnera pas, quoi qu’il en coûte ? Autant d’hypothèses.
Cependant, d’aucuns estiment que dans sa situation actuelle, Jean-Marc Kabund commettrait une très grosse erreur politique, s’il revenait sur sa décision. A partir du moment qu’il est désavoué, aussi bien par les députés de l’Union sacrée de la nation que par ceux de son propre parti politique, on ne voit plus par quelle alchimie, celui que la base du parti avait surnommé « maitre nageur », pourrait tenir la tête à la surface et défier les mêmes députés nationaux qui ont pris acte de sa décision et qui constituent sa base à l’hémicycle.
Au cas où l’ultime option de Jean-Marc Kabund serait celle de conserver son fauteuil aux côtés de Christophe Mboso, alors il devrait s’attendre à toutes les humiliations, avant sa sortie par la petite porte. Sauf si le « maître nageur » avançait vers de grandes profondeurs, inaccessibles pour tous ceux qui le désavouent présentement. Toujours est-il qu’en politique, il est conseillé de savoir quitter le mauvais temps à temps. Sinon, seul contre tous, on ne voit en tout cas pas, Jean-Marc Kabund résister à l’orage actuel et en sortir la tête haute.
Grevisse KABREL
Forum des as