Heureux d’être compris en retard, l’élu de Luiza, droit dans ses bottes, appelle à saisir l’opportunité qu’offre la session budgétaire de septembre pour débattre de la gestion de l’Etat et de l’utilisation de l’argent public.

Politiquement engagé pour l’avènement d’un État modeste et efficace, où le train de vie des institutions est drastiquement réduit au juste nécessaire, Delly Sesanga mène une lutte acharnée depuis quatre ans pour la réduction du train de vie de l’Etat en vue de parvenir à convaincre tout le monde de l’intérêt de mieux orienter les dépenses publiques. Avec le recul, la mayonnaise semble prendre. Le ténor du G13, qui avait vu porte close à sa requête, est rejoint successivement par Jean-Marc Kabund, le Président Félix Tshisekedi et, pas plus tard qu’hier mardi 30 août, par Martin Fayulu. Le leader de l’Ecidé a, dès lors, jeté un pavé dans la marre en fustigeant les royalties (21.000 dollars) que l’Etat paye aux députés au titre de rémunération.

Le débat aujourd’hui n’est pas de savoir si l’élu de Luiza, dans le Kasaï Central, touche lui aussi les 21.000 dollars. Dès le début de la législature, Delly Sesanga avait interpellé ses collègues députés de l’Assemblée nationale, autorité budgétaire, sur cette question de réduction des salaires des députés, de manière à être en capacité de l’exiger des membres du Gouvernement central, de la Présidence et des autres institutions.

Dans son intervention, l’élu de Luiza avait plaidé pour qu’on plafonne les dépenses de toutes les institutions. « Réduire et ne pas dépenser ce qui est prévu« . Mais, personne n’avait encouragé cette initiative.

Un modèle d’abnégation

Convaincu de la bonne voie qu’il traçait, Delly Sesanga avait prêché par l’exemple. Il avait décidé, dans un élan de solidarité avec la population congolaise, et de soutien à l’équipe de riposte, de renoncer intégralement durant un an à ses émoluments de député national et s’était engagé à en réserver le produit à la cellule de la lutte contre le coronavirus, dirigée par Dr Jean-Jacques Muyembe. D’où, l’ambulance remise à l’équipe de ce dernier.

Ce n’est pas tout. Sesanga avait rejeté le don des jeeps Palissade offertes aux députés nationaux. Après avoir été traité de populiste, l’élu de Luiza se réjouit de cette lucidité tardive, mais capitale, pour ce combat, la réalité de terrain oblige.

Vivement la réduction du train de vie

Aujourd’hui, des voix qui comptent ont rejoint le leader d’Envol : respectivement Jean-Marc Kabund, le Président Félix Tshisekedi et Martin Fayulu. C’est dire que Sesanga avait vu juste. Il demande ainsi à toute la population de s’approprier et de se mobiliser sur ce thème majeur de la politique nationale, en exigeant la réduction du train de vie de l’Etat, conformément au plan global qu’il a proposé à cet effet.

« L’enjeu, explique Delly Sesanga, est de sortir la RD CONGO de la situation de l’État failli post-conflit : sous-dimensionné et donc mou en interne et, faible à l’extérieur, réduit au statut d’un État-client dans la sous-région. Les finances publiques représentent un aiguillon dans la voie de la reconquête et de la préservation de notre indépendance nationale. Il n’y a pas d’État fort sans finances publiques saines et fortes! Pour y parvenir, il faut sortir de la conception de l’État distributeur automatique des privilèges et avantages à des clientèles politiques, pour une conception moderne de l’État : un État modeste, mais efficace au service de l’intérêt général et des missions de service public« .

Les 10 propositions de Sesanga

A l’opinion, Sesanga brandit 10 propositions pour réduire le train de vie de l’Etat. Il évoque notamment « la réduction à 250 membres l’effectif du cabinet du Président de la république et la rationalisation de l’organisation du cabinet qui pourrait rapporter jusqu’à 100 millions USD d’économie« .

L’élu de Luiza prône, en outre, « la réduction de la taille du Gouvernement à 35 membres, soit 25 ministres et 10 Vice-ministres, jusqu’à 45 millions USD d’économie« . Delly Sesanga recommande, en outre, « la réduction du coût de fonctionnement de l’Assemblée nationale et du Sénat qui pourrait générer jusqu’à 130 millions USD d’économie ».

Il suggère également « la rationalisation des missions des officiels, en mettant fin au trafic des missions à la Présidence de la république, dans les ministères et autres services publics de l’État ; ce qui pourrait dégager jusqu’à 50 millions USD ».

Le porte-étendard d’Envol plaide également pour « l’abrogation des Décrets n°18/039 et n° 18/038 déterminant respectivement les avantages et devoirs reconnus aux anciens Premiers ministres, d’une part, et, d’autre part, les avantages et devoirs reconnus aux anciens membres du Gouvernement ».

Il s’attend aussi à « la révision du régime des avantages accordés aux anciens Présidents de la République et à la limitation, dans le temps, des avantages accordées aux anciens chefs de corps constitués…».

Pour l’élu de Luiza, « la session budgétaire de septembre 2022 offre l’opportunité à un grand débat responsable sur la gestion de notre Etat et l’utilisation de l’argent public ».

Didier KEBONGO
Forum des as

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