Finies les vacances parlementaires en RD Congo. Dès demain mardi 15 mars, députés nationaux et sénateurs reprennent le chemin du Palais du Peuple pour la première session ordinaire de l’année 2022. Ce, conformément aux dispositions de l’article 115, alinéa 1er de la Constitution.

Cependant, il s’avère qu’entre la clôture de la session ordinaire de septembre, le 15 décembre dernier et l’ouverture demain, de la première session parlementaire de l’année 2022, beaucoup d’eau semble avoir coulé sous le pont, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.

A la chambre basse, par exemple, la plénière devra évacuer l’hypothèque de la très attendue démission de Jean-Marc Kabund, de son poste de Premier vice-président.

Secret de polichinelle, le vendredi 14 janvier dernier, l’ancien président ad intérim du parti au pouvoir, avait annoncé, via son compte Twitter, sa démission de la première vice-présidence du Bureau de l’Assemblée nationale.

«En ce jour, je prends la décision de démissionner de mes fonctions de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Ainsi, s’ouvre une nouvelle page de l’histoire qui sera écrite avec la sueur de notre front qui coulera chaque jour qu’on affrontera les brimades, humiliations et tortures», écrivait Jean-Marc Kabund -A- Kabund dans son tweet.

Deux mois après cette annonce, l’homme n’a toujours pas formalisé sa démarche. Autrement dit, la deuxième personnalité du bureau de la Chambre basse n’est jamais allé jusqu’au bout de sa décision. Comme pour dire que jusqu’hier dimanche, Kabund n’avait pas encore officiellement rendu le tablier. A-t-il attendu la session de mars qui s’ouvre ce mardi, pour finalement, déposer sa lettre de démission en bonne et due forme au Bureau Mboso? Aurait-il changé d’avis ? Autant de questions qui taraudent l’esprit de plus d’un observateur.

Toutefois, à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), la carte Kabund a déjà été jouée depuis le samedi 29 janvier, date de sa destitution de ses fonctions de président intérimaire du parti et de son exclusion définitive de celui-ci. En tout état de cause, pour le parti présidentiel, l’heure a sonné pour un nouveau casting en remplacement de Kabund au cours de cette session de mars. Le poste revenant au parti de la 11ème rue du quartier résidentiel de Limete, conformément à la clef de partage initial, le choix du successeur de Jean-Marc Kabund relève ainsi du pouvoir discrétionnaire de la très haute hiérarchie de l’UDPS. Donc, Félix Tshisekedi.

«TOUCHE PAS A MON 220»

Outre l’affaire Kabund, un autre sujet qui a bruité les vacances parlementaires, est le projet de révision de la Constitution, soutenu par certains députés de la nouvelle Majorité parlementaire.

Même si certains analystes la considèrent encore comme un ballon d’essai pour jauger l’opinion, l’idée de modifier certains articles verrouillés de la Constitution du 18 février 2006, hante de plus en plus l’esprit de ses initiateurs qui se recrutent dans les rangs des thuriféraires du régime en mal de positionnement.

Les partisans de cette démarche proposent, entre autres, le passage du mandat présidentiel de cinq à sept ans. En d’autres termes, ils suggèrent la mutation du quinquennat vers le septennat. Question cependant, comment y parviendront-ils, dès lors que l’article 220, alinéa 1er de la même Constitution stipule clairement que «la forme républicaine de l’État, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du Pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle».

Au-delà de toute manœuvre politicienne, c’est l’occasion de rappeler également ici, que la disposition sus-évoquée fait partie des articles ou matières verrouillées de la Constitution. Alors, doit-on, au nom d’un militantisme outré ou de l’ivresse du lait, faire sauter le verrou, peu importent les conséquences éventuelles ? Les députés de l’Union sacrée de la nation (USN), devront-ils se montrer tout aussi solidaires, dans une initiative porteuse des germes de troubles dans un contexte particulier de la RD Congo dont le retour effectif d’une paix durable demeure encore un idéal à atteindre ?

Sous les tropiques rd congolaises, il n’y a donc rien de nouveau, dans la mesure où sous le Président Joseph Kabila, certains hiérarques du régime avaient été enclins à emprunter cette même voie de la révision de certains articles dont le 220. On connait la suite. C’est qu’avant même que le projet ne soit officiellement porté au niveau de l’Assemblée nationale, où JKK avait une majorité confortable, l’opposition d’hier, aujourd’hui au pouvoir au plus haut sommet de l’Etat, avait lancé la campagne «Touche pas à mon article 220 !». Les mêmes causes produisant les mêmes effets…

La pétition du député Gratien Iracan attendue

A la Représentation nationale, on parle d’une pétition du député d’Ensemble, Gratien Iracan, contre le speaker de la chambre, Christophe Mboso.

Lors d’un point de presse tenu le lundi 28 février dernier à Kinshasa, soit à deux semaines de la rentrée parlementaire, ce député national a invité Christophe Mboso et son bureau à justifier la gestion de près de 64 millions USD de la Chambre basse.

«Le Président de l’Assemblée nationale a géré près de 64 millions Usd de fonctionnement pour permettre aux élus nationaux de faire convenablement leur travail. Mais nous ne savons pas bien travailler. Dès lors, nous pouvons nous demander à quoi ont servi tous ces fonds du contribuable congolais», avait affirmé, sur fond d’interrogations sans réponses, le député Gratien Iracan.

Aussi, avait-il assuré qu’à la date de son point de presse, sa pétition contre le Bureau Mboso avait déjà recueilli plus de 70 signatures. Il ne lui restait plus que quelque 55 signatures pour atteindre les 125 requises par la loi, pour qu’une pétition soit maintenue et débattue en plénière.

Par ailleurs, ce député national, élu de Bunia dans la province de l’Ituri, avait dénoncé ce qu’il avait qualifié de blocage, par le bureau Mboso, non seulement des résolutions de la plénière, en l’occurrence celle de la Commission Défense et sécurité, mais aussi le gel de plusieurs initiatives de contrôle parlementaire.

«En 15 mois, nous avons constaté une gestion politique chaotique au sein de l’Assemblée nationale. Les résolutions et recommandations sont bloquées. Les moyens d’information et de contrôle parlementaire sont gelés. Et vous savez les conséquences ? La corruption continue. Des millions de dollars américains sont détournés et les massacres continuent dans l’Est de la RD Congo», avait-il hurlé.

Fort du de tous les éléments repris dans ce tableau, plus d’un analyste redoute des étincèles dans l’air dans les deux chambres du parlement, au cours de cette première session ordinaire de l’année en cours.

Grevisse KABREL
Forum des as

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