Paul Kagame, le président en exercice de l’UA et du Rwanda, a fait le point sur la situation de l’Afrique en général mais particulièrement sur l’évolution du processus électoral en République Démocratique du Congo (RDC), lors d’une interview accordé exclusif à Jeune Afrique.

« Nous ne grandirons jamais tant que nous estimerons avoir un besoin éternel de baby-sitters européens, américains, asiatiques ou autres », estime le président rwandais Paul Kagame dans un entretien cette semaine à l’hebdomadaire Jeune Afrique (JA).

« Moins le monde se préoccupe de nous, plus nous sommes en mesure de nous préoccuper de nous-mêmes. Nous devons comprendre que le temps du baby-sitting est révolu », ajoute M. Kagame, président en exercice de l’Union africaine (UA).

Revenant sur sa visite en France en mai où il a été reçu à l’Elysée pour la première fois depuis 2011 par le président français Emmanuel Macron, M. Kagame a estimé que M. Macron avait « introduit une dose de fraîcheur » notamment « dans les relations entre la France et le reste du monde, dont l’Afrique ». « Cela aide et cela change par rapport aux positions néocoloniales d’antan (…) cette attitude nouvelle doit être encouragée », a-t-il dit.

La situation RD congolaise impacte l’Angola, le Rwanda… et la France

Interrogé à propos de l’existence ou non d’une initiative commune tripartite France-Angola-Rwanda à propos de la République Démocratique du Congo, M. Kagame a répliqué: « si initiative il y a, elle n’implique pas que ces trois pays. La région, l’Afrique, mais aussi les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, la Russie se préoccupent de ce qui se passe en RDCongo ».

Les neuf voisins de la RDC, géant d’Afrique centrale, dont le Rwanda et l’Angola, suivent de près le processus électoral dans ce pays, redoutant des débordements de violences. Des élections sont prévues le 23 décembre pour organiser le départ du président Joseph Kabila, dont le deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016. Des opposants l’accusent de chercher des stratagèmes pour rester au pouvoir.

Fin mai, les représentants à Kinshasa de la France, de l’Angola (dont le président Joao Lourenço est président en exercice de la Communauté des États d’Afrique australe-SADC) et du Rwanda ont été convoqués par le ministre congolais des Affaires étrangères pour une « demande d’explication » sur une « initiative » – non dévoilée – de l’UA sur la RDC, soutenue par l’Angola.

« La situation congolaise impacte l’Angola et le Rwanda, en tant que frontaliers, et la France, en tant que partenaire ayant des intérêts économiques en Afrique centrale », estime M. Kagame dans JA. « Mais parler d’un axe hostile formé par ces trois pays relève soit de l’imagination, soit du prétexte pour détourner l’attention des vrais problèmes », a-t-il commenté.

« Tout ce que nous souhaitons (…) c’est que ces accords conclus entre Congolais soient respectés par leurs signataires », a-t-il ajouté en référence à l’accord politique dit de la « Saint-Sylvestre » – c’est-à-dire sans le président Kabila.

Confirmant des informations de presse, le président rwandais a indiqué s’être fait faire un test ADN « par curiosité scientifique », qui a « révélé un mélange génétique complexe: africain, européen, asiatique, tutsi, hutu… », a-t-il dit, avant de conclure: « Comme quoi ces lubies racistes ne résistent pas aux tests ADN ».

AFP / MCN,

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici