En analogie au film ‘‘Il faut sauver le soldat Ryan’’ de Steven Spielberg, Kikaya Bin Karubi évoque dans cette tribune la nécessité pour le président Tshisekedi de conjurer la malédiction des minerais qui pèse sur son pays et qui a frappé nombre de ses prédécesseurs en préservant Joseph Kabila Kabange sur lequel se concentrent moult menaces ourdies par divers lobbies de prédateurs des ressources naturelles de la RDC pour avoir perturbé leurs calculs pendant sa mandature.

Dans les salons huppés de la ville haute, certains milieux se concertent autour d’une thématique étrange : l’arrestation de Joseph Kabila (sic !). Au même moment un montage sonore fallacieusement attribué à la journaliste Sonia Rolley de RFI est relayé par un membre du cabinet présidentiel suggérait l’exil du président honoraire de la RDC.

Au même moment également, des proches collaborateurs de l’ancien président sont toujours sous le coup des «sanctions ciblées» européennes deux ans après une alternance démocratique qu’on les accusait de vouloir empêcher.

Ambassadeur de l’Union européenne à Kinshasa, Jean-Marc Châtaigner qui, à sa prise de fonction considérait que ces sanctions relevaient de la souveraineté des Etats membres de l’UE a déclaré qu’elles ne seraient levées que «lorsque les enquêtes seront menées par la justice congolaise». Une contradiction qui traduit la volonté de neutraliser Joseph Kabila et sa famille politique. L’annonce par le chef de l’Etat de l’effritement de la majorité présidentielle le 6 décembre 2020 et la déchéance du bureau Mabunda en sont des preuves.

Pour la symbolique, en 60 ans d’indépendance, Joseph Kabila est le premier président de la RDC à avoir actionné une alternance politique issue d’élections. Pour la gouvernance, il est le premier ancien chef d’Etat disposant d’une expérience à partager de la fonction présidentielle.

Il faut rappeler que Mobutu avait succédé à un Kasa-Vubu politiquement et diplomatiquement affaibli. Que Mzee Laurent-Désiré Kabila, en bonne santé, avait succédé à un Mobutu lui aussi politiquement et diplomatiquement affaibli. Joseph Kabila, en bonne santé, avait a succédé à Mzee Kabila assassiné en étant tout autant politiquement et diplomatiquement affaibli. Félix Tshisekedi, en bonne santé, a succédé à son tour à Joseph Kabila que l’on tente maintenant d’anéantir politiquement et diplomatiquement.

Les quatre prédécesseurs de Tshisekedi qui ont accédé au pouvoir avec la bénédiction de l’axe Washington-Bruxelles, ont donc paradoxalement eu maille à partir chacun avec cet axe avant que des problèmes économiques et sociaux qui en ont résulté ne les précipitent de leur piédestal avec un impact négatif lourd sur le vécu du Congolais lambda.

Kasa-Vubu n’a pas eu le temps de prévenir ses compatriotes de ses déboires avec l’occident. Mobutu non plus qui semble avoir signé sa condamnation lorsqu’au début de la transition 1990-1997, il déclara disposer de ‘‘dossiers’’ contre ses anciens mentors.

Quant à Mzee Laurent Désiré Kabila, son brutal assassinat ne lui a pas permis de léguer à la postérité autre chose que la promesse solennelle de «ne jamais trahir le Congo». Le premier et unique chef d’État vivant capable d’édifier les Congolais sur les relations entre Kinshasa et ses partenaires extérieurs est Joseph Kabila.
Encourager la rupture

Que lui réserve-t-on comme traitement ? Exactement le même que celui subi par ses prédécesseurs : la haine par procuration à l’instar de celle infligée à Kasa-Vubu, Mobutu, Mzee Kabila à partir de la machine à diaboliser alimentée de l’extérieur par une série de «révélations» plus croustillantes les unes que les autres tambourinées par une presse stipendiée et des relais répartis aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays.

Le cas de certains partis politiques qui servent de rouages à la machine à diaboliser, est pathétique. Il y en a qui ont passé des décennies dans la lutte politique comme opposants et qui, quoique professant la non-violence, versent dans une violence propre à tous les fascismes.

L’UDPS qui est arrivée au pouvoir début 2019 a eu à gérer seul le programme dit des 100 jours dont le financement disponible a été évalué à plus de 400 millions USD. Hormis les maisons préfabriquées destinées aux FARDC ayant consommé à elles seules 57 millions USD imputés à Vital Kamerhe condamné depuis à 20 ans de prison, le redressement promis se fait toujours attendre même si les millions se sont volatilisés.

L’Inspection générale des finances (IGF) préfère exercer son expertise ailleurs tout en fermant les yeux sur un tel scandale.

Pince sans rire, on suggère plutôt la responsabilité, voire la culpabilité, de Joseph Kabila et de son FCC dans le blocage des actions du président Tshisekedi et des partenaires extérieurs qui se sont pourtant abstenus de soutenir ce dernier dans la recherche de nouveaux investissements, préférant encourager des actions hostiles contre son prédécesseur et ex-partenaire dans la coalition.

JKK, enfant chéri en 2001, bête noire en 2007

Qui est Joseph Kabila qui passe aujourd’hui pour la bête noire des occidentaux qui se prennent pour les partenaires extérieurs exclusifs de la RDC, comme le furent en leurs temps Kasa-Vubu, Mobutu et Mzee Kabila, comme le sera probablement demain Félix Tshisekedi ? Lorsque le 26 janvier 2001 à 29 ans, il succède à son père Laurent-Désiré Kabila assassiné quelques jours plus tôt, le jeune officier général sait ce que représente l’immense pays dont il hérite aux yeux des Occidentaux : un enjeu hyper-stratégique. Il est bien au courant de la vision américaine exprimée par Bill Richardson, membre de l’administration Clinton devant le congrès le 5 novembre 1997 : «Le Congo est un élément essentiel des intérêts américains en Afrique. Ce pays renferme des opportunités économiques énormes ».

Avec 13 % du potentiel hydroélectrique mondial, 25 % des réserves mondiales de cobalt, 18 % de diamants industriels et 6 % de cuivre, il ne pouvait en être autrement. Pour Richardson, «le moteur de croissance du centre de l’Afrique est le Congo dont la stabilité signifie la stabilité pour la plus grande partie de l’Afrique».

Reçu un peu plus tard en grande pompe à la Maison Blanche par Georges Bush père, Joseph Kabila a dit sa volonté de «remettre le Congo sur la table des décideurs pour un partenariat gagnant-gagnant».

Que s’est-il passé pour que ce président adulé en 2001 devienne la bête noire à partir de 2007 ? C’est sa décision de se rapprocher de la Chine et son discours souverainiste ainsi que la nouvelle loi minière revoyant l’assiette fiscale de redevance due au Trésor public et l’organisation des élections sur fonds propres qui ont été les principales pierres d’achoppement.

Pourtant, s’agissant du contrat sino-congolais, il n’aurait pas existé si les occidentaux avaient tenu leurs promesses faites à la RDC peu avant le référendum de 2005 et les élections générales de 2006.

Le Belge Louis Michel avait vivement encouragé Kabila à organiser ces échéances qui furent du reste financées à près de 90 % par l’UE et qu’il considérait comme la condition sine qua non pour le retour des investissements occidentaux dont les derniers remontent à 1985.
Pour Kabila et ses compatriotes, les élections de 2006 devaient ramener ces investisseurs générateurs d’emplois dans le pays. La suite ? Comme c’est le cas en 2019 et 2020, les deux premières années de pouvoir du président Tshisekedi, 2007 était passée, et 2008 s’était annoncée sans le moindre engagement sérieux de financement.

Las de ces promesses évasives et coincé par les risques de remise en cause des acquis de la démocratie naissante, Joseph Kabila a, à son corps défendant, décidé de diversifier les partenariats économiques en se tournant vers Beijing en approuvant les projets sino-congolais (infrastructures contre mines) sans pour autant fermer la porte aux partenaires traditionnels (occidentaux) de la RDC.

Son «crime» est d’avoir osé traiter avec la Chine au détriment des occidentaux alors que ce sont ces derniers, souverains dans leurs choix, qui n’avaient pas tenu parole en plaçant le Congo dans l’assistance humanitaire qui, elle, n’a jamais développé un seul pays au monde.

Préserver Kabila, c’est protéger le Congo

On ne peut être chef d’Etat de la RDC et ignorer l’enjeu que représente ce pays pour le monde. Avant-hier Kasa-Vubu et Mobutu, hier Mzee Kabila, aujourd’hui Joseph Kabila, demain Félix Tshisekedi et après lui quelqu’un d’autre, sur tout président congolais pèse l’épée de Damoclès des suprématistes occidentaux déterminés à garantir les acquis de leur mode de vie directement liés au pillage des ressources économiques congolaises.

Tout Congolais doit donc savoir qu’il y a un prix à payer pour la préservation des Intérêts Nationaux face à cette boulimie des nostalgiques de l’Accord général de Berlin de 1885 ouvrant le bassin du Congo au commerce international.

Pour l’heure, Joseph Kabila semble être un des rares capable d’édifier son (ses) successeur(s) à ce sujet. D’où, la fatwa déclenchée contre lui, comme si après le sacrifice de Lumumba, Kasa-Vubu, Mobutu et Mzee Kabila, les «collabos» congolais avaient vu un jour leurs parrains investir en RDC autrement qu’au travers de promesses jamais tenues.
La leçon à en tirer est de considérer le salut de Kabila comme celui de la RDC, notre unique patrimoine commun. En effet, pendant ses 18 ans au pouvoir dont les 6 premiers (2001 à 2007) en partage avec des compatriotes ayant monté des organisations insurrectionnelles, il n’a connu que conflits politiques, sécuritaires, économiques et sociaux exacerbés par des hommes d’influence de tous acabits avides de perpétuer l’époque léopoldienne. C’est à se demander comment, dans un tel environnement, il a réussi à garantir aussi longtemps le fonctionnement des institutions publiques tout en dotant le pays d’un minimum d’infrastructures. Son tort est d’avoir ramené ce pays dans le concert des Nations contrairement au sort auquel le destinaient les suprématistes depuis les années ’90 lorsque le Zaïre était à l’article de la mort. L’opposition d’alors avait tué le nationalisme et le patriotisme forgés par les pères de l’indépendance.

Ethno-tribalisme vs nation

Des mouvements ethno-tribaux faisaient alors chorus pour déclamer leurs spécificités singulières et les institutions nationales, gangrenées par ce phénomène de repli sur soi ont transformé le Zaïre en un Etat failli.

Ensuite furent pratiquement instutionnalisées des initiatives présentées comme relevant des libertés démocratiques (“villes mortes”, zones monétaires parallèles, dédoublement institutionnel, appels à l’isolement diplomatique) qui auront tout d’ingrédients concourant à la disparition effective de l’Etat dans l’ancienne propriété de Léopold II. Cette période a coïncidé avec la parution d’un no paper intitulé ”Zaïre no state” préconisant pour la bonne gouvernance de cet immense pays son démembrement. Ses auteurs ne préconisaient pas l’autodétermination des provinces ciblées (celles de l’Est), mais leur rattachement aux quatre Etats voisins orientaux : Ouganda, Rwanda, Burundi et Tanzanie.

Si Laurent-Désiré Kabila et son AFDL n’avaient pas pris les armes pour en finir avec le régime Mobutu (1996-1997), le Zaïre aurait donc cessé d’exister dès la chute du dictateur. Le 16 mai 1997, lorsque le maréchal-président quitte Kinshasa pour Lomé en passant par Gbadolite, tout l’appareil militaire et sécuritaire du pays était inopérant. Le Zaïre n’était pas en mesure de faire face aux velléités prédatrices des forces ougandaises et rwandaises venues dans les rangs de l’AFDL. Déduction logique : c’est la présence de Mzee Laurent-Désiré Kabila soutenu par la population qui a dissuadé ces deux principautés militaires voisines de franchir le Rubicon.

Si, après l’assassinat de Mzee Kabila en 2001, sa succession n’avait pas été confiée à Joseph Kabila, la RDC n’aurait certainement pas survécu à la guerre d’agression déclenchée le 2 août 1998.

On peut noter qu’à l’annonce de l’assassinat du Mzee, les premiers à s’en réjouir au pays furent, outre des partis de l’opposition, des organisations insurrectionnelles (RCD/Goma, MLC…) qui administraient des pans entiers du territoire national avec l’appui des armées rwandaises et ougandaises.

C’est donc la présence de Joseph Kabila, porté par la population orpheline de Mzee qui a maintenu le pays dans ses frontières héritées de la colonisation.

Enrichissement illicite et paupérisation de la population

Il faut admettre que le crime des Kabila père et fils est d’avoir ranimé un Congo moribond, contraignant les maîtres autoproclamés du monde à renoncer à leur plan de balkanisation de ce pays.

En effet, au regard des potentialités congolaises, rien ne justifie le refus affiché et assumé de l’axe Washington-Bruxelles de doter ce pays d’un Plan Marshall pouvant booster son émergence et confirmer son leadership en Afrique centrale. Au lieu de quoi, on assiste à une diabolisation méthodique de tous les chefs d’État qui s’opposent peu ou prou à l’affaiblissement politique, diplomatique, sécuritaire, économique et social programmé de leur pays : Lumumba en 1960, Mobutu en 1997, Mzee Kabila en 2001 et Joseph Kabila aujourd’hui.

On a ainsi appris que Lumumba, leader incontesté de la première majorité parlementaire était «un dangereux communiste»; que Mobutu complaisamment soutenu trois décennies durant se serait constitué une fortune faisant de lui «un homme plus riche que son pays». Quant à Mzee Kabila, il a été accusé d’avoir «vendu de l’uranium à des Etats voyous comme l’Iran et la Corée du Nord ». Joseph Kabila lui serait « à la tête d’une fortune colossale équivalent à deux ou trois fois le budget de la RDC ». Du déjà entendu !

Engager Fatshi dans une épreuve suicidaire pour le pays

Les griefs mis aujourd’hui à charge de JKK – comme hier contre Lumumba, Mobutu puis Mzee Kabila -ont en réalité d’autres motivations.

En 1960, les ennemis du Congo avaient utilisé l’axe Katanga-Kasaï en misant sur Moïse Tshombe et Albert Kalonji en sponsorisant une sécession au Katanga et dans le Sud-Kasaï en moins d’un mois (11 juillet et 8 août 1960). En 1990, pour déstabiliser le Zaïre via Mobutu, ils ont misé sur une crise de leadership entre Etienne Tshisekedi et Jean Nguz-a- Karl i Bond qui eut pour effet une épuration ethnique des kasaïens qui vivaient pacifiquement au Katanga depuis des décennies. En 1997, ils opposeront Etienne Tshisekedi à Mzee Laurent-Désiré Kabila et de 2001 à 2017, Etienne Tshisekedi à Joseph Kabila. De 2017 à ce jour, malgré la parenthèse de la coalition FCC-CACH (2019-2020), ils jouent désormais à découvert la carte Félix Tshisekedi contre Joseph Kabila en engageant le premier dans une épreuve suicidaire pour tout le pays.

Le sort de Kabila lié à celui de la RDC

Ce rappel des faits historiques devrait permettre aux Congolais de mieux appréhender les enjeux de l’heure avec lucidité. Quelques membres de la diaspora congolaise qui encerclent le président de la République sont à la manoeuvre pour atteindre les objectifs de ces milieux occidentaux qui prônent la disparition de leur pays.

Au motif fallacieux d’une crise institutionnelle dont on a du mal à expliciter clairement les tenants et aboutissants, cette diaspora pousse le chef de l’Etat à relancer les conflits fratricides entre kasaïens et katangais pour «déboulonner» Joseph Kabila coupable d’avoir empêché la réalisation du plan anti-Congo.

Heureusement que même au sein de cette diaspora, se trouvent quelques patriotes qui comprennent qu’au stade actuel, le sort de Kabila et celui de la RDC sont intimement liés et sont convaincus que «sauver le soldat Kabila relève désormais du devoir citoyen».

Prof. Barnabé Kikaya Bin Karubi AVEC LE MAXIMUM

3 COMMENTAIRES

  1. Un tant que peu, cette analyse est très scientifique, mais alors, je n’ai lu nulle part où tu as parlé de la confiscation pacifique du pouvoir en lieu et place de la passation pacifique. Kikaya, préserver JKK est une chose, éviter l’emprise des occidentaux en est une autre, donc cesse de rêver.

  2. Je suis déçu par l’analyse de sieur bin karubi qui après avoir goûté aux délices du pouvoir Chaotique de kabila 18 ans durant nous revient aujourd’hui avec un colmatage des faits accusateurs contre leurs maîtres occidentaux qui les ont placés aux affaires à la tête de la rdc.Il lave très propre Mobutu que l’afdl a chassé du pouvoir, Nzé kabila qui s’est illustré avec l’instauration de la dictature et J.kabila dont la gouvernance a été caractérisée par la violation permanente de la constitution, le non-respect des droits de l’homme, crimes économiques à répétition…pour qui bin karubi prend les congolais ? Honte à toi mon frère. Le peuple n’est plus dupe. Le mensonge que tu distille à travers ce texte-chiffon ne peut en aucun moment supplanter la vérité. Fatshi est animé de bonnes intentions pour le développement de notre pays longtemps martyr des affres de ses propres fils et filles. Alors cesse de nous rabâcher les oreilles avec un discours qui ne tient pas la route. Tu es conscient de l’état de délabrement dans lequel les régimes afdl-cpp-amp-mp et fcc ont conduit notre beau et riche Congo. Pour ta mémoire si Nze est arrivé à conquérir le pouvoir à kinshasa c’est suite au soutien couplé du peuple congolais et de la communauté internationale. Le pouvoir de l’afdl n’est pas une génération spontanée.

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