La justice belge devrait bientôt auditionner le ministre congolais de la Justice et garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba.

Sous embargo de la presse à Kinshasa, pour avoir, lors d’une sortie médiatique, traité les journalistes congolais de “minables”, le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe n’aura pas un sommeil facile si tôt. A Bruxelles, son sombre passé au sein du mouvement rebelle rwandais du Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD) le rattrape. Selon Jeune Afrique, le juge belge d’instruction Michel Claise s’apprête à demander son audition dans les prochains jours. “Selon Alexis Deswaef, avocat des parties civiles, qui a récemment eu accès au dossier d’instruction, il sera entendu à la rentrée“, renseigne Jeune Afrique dans son édition de la semaine.

Alexis Thambwe, dinosaure Mobutiste qui a réussi à échapper à la comète AFLD, traîne derrière lui des vieux cadavres dans le placard, que la Belgique, qui l’a déjà affronté, a décidé d’extraire. La justice de l’ancienne puissance coloniale à ouvert une enquête contre lui, suite à une plainte déposée en juin 2017 par plusieurs familles de victimes de ce qui peut être regardé comme un acte terroriste perpétré en octobre 1998.

Pour la petite histoire, avec l’arrivée au pouvoir de l’AFDL en mai 1997, Alexis Thambwe-Mwamba s’exile à Bruxelles, d’où il rejoint la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), qui débute en août 1998, devenant le chef de file des mobutistes ralliés à ce mouvement soutenu par… le Rwanda! Au mois d’octobre 1998, explique La Libre qui livre l’information, la guerre entre ces deux mouvements rebelles se déroule aux abords de Kindu, ville située à 1200 kilomètres à l’est de Kinshasa. Le 18 octobre, un Boeing 727 de la compagnie Congo Airlines est abattu avec 50 personnes à bord (43 civils, essentiellement des femmes et des enfants, et 7 membres d’équipage).

Une vieille connaissance de la justice belge

Le lendemain, une information est diffusée en boucle sur les ondes de RFI. On y entend un des leaders du RCD, Alexis Thambwe Mwamba, revendiquer l’attaque contre cet avion. Il justifie alors le tir du missile (un Sam 7) par le fait que l’avion était sur le point d’atterrir à Kindu avec des militaires pro-Kabila à son bord. Une version immédiatement démentie par les responsables de la compagnie aérienne et de nombreux témoins.

L’avion n’était pas en approche de Kindu mais venait de décoller avec, à son bord, selon plusieurs témoignages que “La Libre” a recueillis encore ce mardi, des civils qui cherchaient à fuir un front militaire qui ne cessait de se rapprocher de la ville. Chose qu’Alexis Thambwe niera bien évidemment, n’étant pas des opérations militaires.

Toutefois, Alexis Thambwe et la justice belge se connaissent très bien, une longue relation d’amour qui commence depuis novembre 2003. Comme l’explique une brève de l’Agence France Presse, une enquête est alors ouverte sur un vaste réseau de blanchiment d’argent au départ du Sud-Kivu. A cette époque, les zones d’extraction du coltan sont aux mains de la rébellion rwandaise du RCD. Selon les informations recueillies par la justice belge et figurant dans un rapport de l’ONU, l’argent issu de la vente du minerai transite par la Belgique et retourne ensuite au Rwanda afin de financer la rébellion, à qui l’on attribue trois millions de morts. A la tête des sociétés d’extraction, des fonds très importants sont versés à un membre de la rébellion… Alexis Thambwe Mwamba.

Depuis, l’eau est passée sous le pont. L’ancien Mobutiste, devenu rebelle, a rejoint le président Joseph Kabila où il joue à présent un rôle clé. Ce qui lui vaut d’autres faits d’armes, notamment une autre plainte aux Etats-Unis. En effet, le ressortissant américain, Daryl Lewis, a déposé plainte l’année dernière contre X, tout en visant le ministre Thambwe et le patron des services de renseignements, Kalev Mutond, après sa détention en RDC, suite aux accusations de tentative de coup d’Etat orchestrée par Moïse Katumbi.

Par ailleurs, toujours selon Jeune Afrique, la justice belge s’intéresse aussi au patrimoine du ministre, qui possède notamment une résidence dans une banlieue chic de Bruxelles. L’intéressé a déclaré publiquement, à plusieurs reprises, être disposé à se rendre à une éventuelle convocation de la justice.

Politico

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