Le procès de Vital Kamerhe et de ses deux autres co-accusés entame l’étape fatidique des plaidoiries ce jeudi 11 juin 2020 à Kinshasa. Il s’agit de la dernière étape avant le verdict de la Cour.

Le procès de Vital Kamerhe, Jammal Samih et Jeanot Muhima tend vers sa fin. Ce jeudi, à la prison centrale de Makala, les parties sont appelées à plaider, afin de conclure chacune sa position. Selon la procédure, la parole sera d’abord donnée au conseil de la partie civile. En l’occurrence, les avocats de la République qui poursuivent Vital Kamerhe et ses co-accusés. Après l’audition des témoins, la partie civile soutient que le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi a bel et bien détourné des fonds alloués au projet de maisons préfabriquées dans le cadre du programme de 100 jours du président Félix Tshiskeedi.

La partie civile peut s’appuyer sur les solides affirmations des témoins, notamment l’ancien ministre du Développement rural, Justin Bitakwira, qui a démenti avoir fait signer un avenant au contrat de la société Samibo de Jammal Samih, à qui 57 millions de dollars ont été payés. Comme lui, le directeur général de la Direction de contrôle des marchés publics (DGCMP), Michel Ngongo, a également démenti avoir accordé un avis de non-objection à cet avenant, que Vital Kamerhe et ses avocats affirmaient être légal. Henri Yav, ancien ministre des finances, a par ailleurs démontré à la Cour, durant son témoignage, que Vital Kamerhe a ordonné le paiement de ces fonds, à travers une lettre qu’il lui avait adressé. Une version confirmée par l’ancien ministre du Budget Pierre Kangudia.

La partie civile a ensuite argué que Vital Kamerhe avait bénéficié d’un don de biens immobiliers de la part de l’homme d’affaires libanais Jammal Samih, à travers sa belle-fille Soraya Mpiana et son cousin Daniel Shangalume Kingi, alias Massaro. Cependant, pendant les auditions, Daniel « Massaro » a fait une révélation fracassante, affirmant que Mlle Soraya Mpiana n’a pas reçu la parcelle en question. Il affirme qu’il a intentionnellement mentionné le nom de la belle-fille de Vital Kamerhe, sans que cette dernière ne le sache. En outre, que lui-même, Daniel « Massaro », avait bel et bien acheté une parcelle auprès de Jammal Samih, avant que ce dernier ne lui offre une autre. Néanmoins, la partie civile a réussi à obtenir des documents d’achats immobiliers étranges du cousin de Vital Kamerhe durant la même période que les décaissements ont été faits à l’égard de Jammal Samih.

Kamerhe dos au mur

Amida Shatur Kamerhe, l’épouse de Vital Kamerhe, est passée à la barre. Elle a été questionnée sur des fonds étranges déposés dans son compte à la Rawbank, notamment plus de 450.000 dollars en une journée l’année dernière. Cette dernière s’est défendue, affirmant qu’elle était commerçante.

Selon la partie civile, outre le fait d’avoir accepté des « dons » de Jammal Samih pour lui confier le marché des maisons préfabriquées, Vital Kamerhe aurait facilité le décaissement des fonds, payés sans contrats et surfacturés à l’Etat, avant de pouvoir récupérer les plus-values à travers ses proches. C’est cette version qu’elle défendra dans sa plaidoirie. Après la partie civile, ça sera le tour du ministère public, donc la version, dans ce procès, se confond à celle de la partie civile.

Les avocats de Vital Kamerhe vont prendre la parole juste après pour défendre leur client, eux qui ont été souvent au retrait dans ce procès Pénal. Et d’ailleurs, la défense du Directeur de cabinet du Chef de l’Etat a souvent varié dans ce procès. Vital Kamerhe s’est borné tantôt à nier tous les faits qui lui sont reprochés, tantôt à les mettre sur les dos des témoins, dont des membres du Comité de gestion du programme de 100 jours. Mais tout au long du procès, chaque témoin a démenti la version du président de l’UNC.

La défense de Vital Kamerhe est par ailleurs intervenue pour défendre, au passage, Jammal Samih, démentant tout détournement, d’autant plus qu’il y a du matériel bloqué aux ports, et que plus de 290 maisons, sur les 1500, sont déjà construites. Cependant, Vital Kamerhe n’a pas pu expliquer l’octroi d’un deuxième paiement de plus de 2 millions de dollars à une deuxième société du libanais. A ce sujet, et comme à tous ceux où il s’est retrouvé dos au mur, Vital Kamerhe a alors évoqué que les ordres venaient du président de la République. C’est donc cette dernière ligne de défense que le Directeur de cabinet et ses avocats vont évoquer.

Durant la plaidoirie, Vital Kamerhe pourra d’ailleurs intervenir. Par ailleurs, entre les interventions des deux avocats, le ministère public prononce son réquisitoire.

Politico

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