« Si le processus actuel se poursuit, il est fort probable que Kabila restera en place après l’échéance du 23 décembre 2018, directement ou non », prévient son ancien Premier ministre, Adolphe Muzito.

En tournée en Belgique, où il espère rencontrer en début de semaine le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, l’ancien chef du gouvernement congolais de 2008 à 2012, Adolphe Muzito, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée récemment par la Commission nationale électorale indépendante (CENI), a lancé une mise en garde. Au cours d’une conférence de presse samedi au Press Club de Bruxelles, l’ex-Premier ministre s’est dit convaincu que le président hors mandat, Joseph Kabila, restera en place après le 23 décembre 2018, » directement ou indirectement », par le truchement de son dauphin, Ramazani si le processus actuel continue.

La première hypothèse est que tout simplement, le pouvoir à un moment donné invoque l’impossibilité d’organiser les élections pour des raisons financières et logistiques. Et que dans la foulée, Joseph Kabila lance un nouveau dialogue, dont il va dicter les termes. Homme de chiffres, Adolphe Muzito qui se targue d’avoir quadrupler les recettes budgétaires durant sa primature, doute fort que l’Etat congolais puisse actuellement se permettre de financer l’élection.

Si d’aventure, deuxième hypothèse, l’élection venait tout de même à avoir lieu, elle ne pourrait pas se dérouler « sans perspective de fraude de la part du pouvoir », assène Adolphe Muzito qui considère que dans les circonstances actuelles, « l’opposition va à l’abattoir ». Visiblement, l’homme est marqué par la décision de la CENI qui l’a frappé ainsi que cinq autres candidats, également invalidés.

« La CENI est sous la botte de Kabila », affirme Muzito, indigné par la décision de la CENI de l’écarter de la course à la magistrature suprême sous le prétexte d’un prétendu « conflit d’intérêt » avec le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) dont il a été membre, qui contestait sa candidature malgré le fait que l’ex-Premier ministre ait fait état de sa démission de ce parti et de son soutien par une autre formation politique.

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Dans un tel contexte, Adolphe Muzito invite l’opposition à se ressaisir. « Faut-il permettre à Kabila de prendre seul le contrôle du processus électoral ? », demande-t-il, répondant par la négative. Au cours de la conférence de presse, il a lancé un appel à l’unité, pour faire échec à Kabila qui a divisé l’opposition, en faisant en sorte que la CENI valide certaines candidatures et pas d’autres. « Il veut nous éliminer les uns après les autres », dénonce-t-il, proposant l’union sur deux fronts : pour des élections libres et transparentes et pour un programme commun, alternatif à celui du camp kabiliste, dont il faut discuter dès à présent, même si à cet égard, l’ancien premier ministre n’a pas été très disert.

Interpellé sur sa relation difficile avec le « patriarche » Antoine Gizenga, fondateur du PALU, dont il a été exclu, Adolphe Muzito, évite la confrontation. Rendant hommage au vieux leader, il considère que ce dernier n’est pas vraiment responsable, eu égard son grand âge (94 ans) des décisions prises à son encontre par les membres de son parti. « Il est en retraite », dit-il, tout en affirmant se situer dans la lignée de la pensée et de l’action nationaliste et lubumbiste du « patriarche ». « Je suis gizenguiste. Mais je n’ai pas besoin d’être du PALU formellement », explique-t-il, rejetant sur l’entourage de Gizenga, la responsabilité de la division actuelle entre lui et le parti.

La libre Afrique

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