La première plénière de la nouvelle législature a offert à l’opinion la démonstration en live de la dissolution de facto de l’Union sacrée de la nation. Tout un bataillon des combattants identifiés comme de l’UDPS ont craché des jurons discourtois contre l’un des leaders du Pacte pour un Congo du renouveau (PCR), l’UNC Vital Kamerhe. Pour plus dans l’hémicycle, la meute aurait été stipendiée par le SG de l’Udps, élu de Mont-Amba, Augustin Kabuya.
Ce n’est point une révélation. Kabuya a entrepris de rallier à lui les autres chefs de différents regroupements estampillés USN, Jean-Pierre Bemba, Modeste Bahati, Christophe Mboso, etc., au lendemain de la grande sortie du PCR. Déjà la co-directrice l’équipe de campagne de Félix Tshisekedi, l’UDPS Acacia Bandubola, s’était montrée très critique sur les ondes de Top Congo contre l’initiative de Kamerhe. « il faut éviter la gloutonnerie politique », a désapprouvé Mme Bandubola. Et de poursuivre « faire des groupuscules dans ce grand ensemble, ce serait fragiliser cet ensemble [ Ndlr Union sacrée de la Nation]».
Pour un ancien député FCC, regroupement politique du sénateur à vie Joseph Kabila resté en rade des élections, “l’UDPS a amené la rue à l’Assemblée nationale !”. Et cette pagaille n’a fait qu’amplifier l’ambiance de clameur publique qui a dominé et s’est imposée sur la foule courtisane d’acclameurs venus accompagner les 402 députés nationaux sur les 477 proclamés par CÉNI dans la confusion que l’on sait, venus répondre à l’appel de Mboso N’kodia, président sortant de l’Assemblée, quand bien même il n’en avait pas la prérogative.
Et les réseaux sociaux ont fait le relais de la flagellation verbale de Vital Kamerhe à la chambre basse si bien que le ténor du Pacte pour un Congo du renouveau, a entrepris d’expliquer qu’il n’a aucune visée derrière son regroupement. « Je ne suis candidat à rien du tout », a déclaré le député Vital Kemerhe sur les marches de l’Assemblée nationale. Le président de l’Union pour la Nation Congolais (UNC) a rappelé que les nominations aux différents postes sont à la discrétion de Félix Tshisekedi. « Le poste de Premier ministre comme celui du président de l’Assemblée nationale sont à la discrétion du président de la République. Et je ne suis candidat à rien du tout ! », a-t-il répété. La vérité est que plus que jamais des fissures profondes marquent l’Union sacrée et des coups en dessous de la ceinture ne sont plus à exclure…le temps de nominations aux postes de souveraineté…juteux.
– Le martyre de Kamerhe –
Le chemin de la croix se poursuit donc pour Vital Kamerhe. Le même pour avoir exigé le respect de l’accord de Nairobi, avait été banni. Une année de prison avant d’être blanchi par le président lui-même. Aujourd’hui, les vieux démons sont de retour. Les détracteurs de VK l’accusent d’avoir des ambitions démesurées. Un argument de pacotille, peste un observateur de la scène politique congolaise. Il rappelle que la politique, c’est avant tout le rapport de force. Si Kamerhe pilote un groupe à 150 députés, doit-il être condamné à mort pour autant ?. Envisager la Primature ne peut pas être interdit si au sein de la famille politique du chef de l’État, la démocratie régnait réellement, a-t-il ajouté.
Aux élections, les ténors du PCR ont cravaché pour avoir des élus, ce que Bemba n’a pas réussi à faire. En réalité, tout se résume par la gourmandise de l’Udps qui ne veut pas voir les autres forces politiques de l’Union sacrée jouer les premiers rôles. Dans ce cercle d’égoïstes, le nom de Bemba est beaucoup cité. Relégué à la 8e position sur la ligne d’arrivée, le leader du Mlc en veut à Kamerhe qui, à ses yeux, lui aurait arraché le poste de Premier ministre. Il peste et parlerait même d’une rébellion interne. Bref, il supporte mal que Kamerhe le devance dans la course pour la succession de Sama Lukonde. Depuis, Kamerhe se fait insulter tous les noms d’oiseaux.
– Le rubican franchi –
Les huées en plein hémicycle démontrent que VK vit un nouveau martyr. Dans cette atmosphère irrespirable, Kamerhe doit-il demeurer dans ce regroupement où il est le mal aimé, s’est interrogé un autre membre du groupe de 4 lassé par la politique des coups bas. S’il est resté fidèle et loyal au président Tshisekedi, Kamerhe doit désormais se distancer des esprits méchants qui veulent sa peau.
– Tshisekedi appelé à trancher –
Même si en politique, la division profite au chef, le degré d’intimité à l’Union sacrée a atteint son paroxysme. À la longue, cette situation deviendra une épine dans le pied du chef. Le président Tshisekedi doit vite trancher pour éviter que sa famille politique ne disloque. Il y a une évidence. Tous ont mouillé le maillot mais tous n’ont pas le même poids politique. Il est hors de question que ceux qui n’ont pas le plus grand nombre d’élus prétendent bousculer la hiérarchie, rappelle un cadre USN. Et là les choses doivent être claires, a-t-il ainsi conclu.
Patricia Ngalula
Ouragan