L’un des frères de la Première dame, Denise Nyakeru Nkana et du chef de protocole de la Présidence, John Nyakeru Kalunga, Joe-Christian Nyakeru Ntalushika vient de se lancer dans le pétrole. Mais il ne semble avoir ni la surface financière ni l’expertise.

Le scoop émane de la Lettre Africa Energy Intelligence de Paris dans une brève datée du 22 octobre dernier. Une consultation du Guichet Unique des Entreprises, nous révèle que l’engouement pour l’énergie de Joe-Christian Nyakeru est récent. Ce n’est que le 24 septembre dernier, soit huit mois, jour pour jour, après la prestation de serment de son beau-frère Félix Tshisekedi Tshilombo qu’il a fait enregistrer sa société, Integrated Petroleum Congo.

Le lien vers le document du guichet unique

A plusieurs égards, son initiative soulève la perplexité dans la profession, car ni Joe-Christian Nyakeru ni ses partenaires dans la jeune société n’arborent le profil requis pour satisfaire aux exigences de son ambitieux objet social : importation de produits pétroliers, exploration et production, construction d’installations de stockage et d’oléoducs.

En effet, parmi les partenaires du beau-frère du chef de l’Etat, le plus qualifié, mais pas dans la filière pétrolière, est un certain Grégoire Magema Mayenga, ingénieur agronome et inspecteur des douanes et chargé d’études au ministère de l’Aménagement du territoire. Un autre associé, Miré Kabendula Lwambenga, exerce ses talents au département de philosophie de l’Université Saint-Augustin de Kinshasa. Des autres, on ne sait pas grand-chose, hormis le fait qu’un certain Jean-Claude Shifunda est agriculteur, que son associé Daniel Kilarui a travaillé pour l’Association « Infirmier sans frontières » au Burundi et qu’un dénommé Ralph Lukole Kimwanga a résidé à Las Vegas.

Autre élément insolite : pour satisfaire à toutes ces tâches, la nouvelle société affiche un capital de 495 000 francs congolais, soit… 267 euros et 30 cents.

Du coup, les spéculations vont bon train à Kinshasa. Certains se demandent si cette société ne risque pas de s’inspirer du « modèle » de Prodoil en Angola, une compagnie appartenant à la sœur cadette du Président José Eduardo dos Santos, Marta, qui s’est vu décerner en 2014 par décret ministériel une participation de 10% dans un bloc pétrolier, jusqu’alors détenue par la société d’Etat Sonangol.

De récentes pratiques en cours à Kinshasa depuis l’avènement à la présidence de Félix Tshisekedi voient ses services encourager, sans passer par d’embarrassantes procédures d’offre, des jeunes talents à une vitesse fulgurante. On songe à l’octroi en juin dernier sur ordre du directeur de cabinet de la Présidence, Vital Kamerhe, par le Fonds national d’entretien routier (Foner) d’une allocation de 2 millions de dollars à un certain Makuangu Nkombo Doudou, gérant d’une société dénommée Zawal, correspondant à la première mensualité d’un financement de 24 millions de dollars destiné à la construction de stations-services à Mbuji-Mayi, Kananga et Mwene-Ditu. Affaire résolue trois jours après la demande de financement de Makuangu.

Un autre exemple du nouveau style de gouvernance à Kinshasa avait été fourni le 25 juin par la Libre Afrique. Elle avait alors révélé la décision de la Présidence d’allouer sans appel d’offres les marchés de la construction d’un nouveau palais présidentiel et de la réhabilitation de la résidence et des bureaux du chef de l’Etat, pour un total de 180 millions d’euros.

Un courrier de la Présidence au directeur général du contrôle des marchés publics spécifiait que la société bénéficiaire était une compagnie dénommée Democratic Congo High Tech Construction Company, immatriculée moins d’un mois auparavant au Guichet Unique.

A l’époque, la Ligue Congolaise contre la Corruption (LICOCO) avait dénoncé la décision comme un « scandale » et demandé au chef de l’Etat d’annuler ce marché et d’en lancer un autre par appel d’offre. Le secrétaire exécutif de la LICOCO, Ernest Mpararo avait également exigé que les conseillers voulant induire en erreur le Président soient sanctionnés, précisant : « il y a des soupçons de commission retour dans l’attribution d’un tel marché« . La LICOCO avait aussi dévoilé l’identité du directeur-gérant de la Democratic Congo High Tech Construction Company : un ressortissant turc dénommé Burhan Bas.

La libre Afrique

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