Le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Steve Mbikayi demande la suppression de l’examen d’Etat qui sanctionne la fin des études secondaires. Dans une interview ce lundi 25 juin à actualite.cd, le ministre explique que l’examen d’Etat est caractérisé par la fraude et corruption qui impactent négativement sur le niveau intellectuel des élèves issus du secondaire. D’où, il préconise la convocation des états généraux d’éducation nationale.

Pourquoi vous demandez la suppression de l’examen d’Etat ?

C’est parce que, bien que le système de l’examen d’Etat soit très bien conçu, la fraude et la corruption font que ceux qui terminent ou passent par cet examen d’Etat n’ont pas le niveau voulu pour poursuivre les études universitaires. Du fait qu’il y a implication dans cette fraude de plusieurs catégories de personnes. Nous avons des parents, des écoles, nous avons les élèves eux-mêmes ce qui fait qu’aujourd’hui c’est une évaluation qui ne donne pas tellement les résultats escomptés, voilà pourquoi j’ai pensé qu’il faut repenser autre chose pour bien évaluer les élèves et envoyer à l’université ceux qui ont les capacités pour aborder les études universitaires.

On supprime l’examen d’Etat pour remplacer par quoi ?

D’abord, c’est une idée que j’émets comme ça. Si nous convoquons ces états généraux d’éducation nationale on pourra approfondir. Alors à ce moment-là si on supprime l’examen d’Etat, on va laisser à ces écoles de donner les diplômes à ses finalistes. On va savoir que ces diplômes doivent avoir un contenu quand il va falloir passer un test d’admission à l’Université. Ce test devra être confié à un organisme indépendant et crédible. Les écoles qui sont souvent à la base de cette fraude, ne suivront pas chaque finaliste où il est parti pour pouvoir l’aider à tricher au concours d’admission. Cela aussi appelle que l’Etat ait des moyens pour subventionner les universités tant publiques que privées parce que les universités d’aujourd’hui reçoivent tout le monde, et font semblant de passer un test, puisque les étudiants sont considérés comme étant des clients. Plus on a des étudiants, plus on a des moyens. Mais si l’Etat intervenait en passant par une bonne sélection, on aura les bonnes têtes à l’université.

Qu’est-ce qui justifie le faible niveau intellectuel de ces élèves ?

C’est d’abord l’enseignement qui est par moment bâclé dès les bas âges. Et les élèves savent bien qu’à l’examen d’Etat, leurs écoles organisent des fraudes qui leur permettent d’avoir un diplôme qui ne reflètent pas leurs études. Et si on supprime l’examen d’Etat, les parents vont commencer à chercher de bonnes écoles où les enfants reçoivent un diplôme de fin de cycle secondaire avec contenu. Quand on verra que les élèves qui viennent de ces écoles-là réussissent à l’examen d’admission à l’université et ont un parcours honorable, les écoles qui n’ont pas une bonne formation vont tomber demain.

Qu’est-ce qui rend d’après vous le système éducatif congolais aussi très faible ?

Il y a beaucoup de paramètres. Par exemple l’examen d’Etat a été très bien conçu mais c’est cette fraude organisée qui est à la base. Les parents, les écoles et tout le monde sont complices. Je pense que l’Etat devra chercher à se débrouiller pour mettre fin à ce cercle vicieux. Et quand les gens viennent de l’école primaire sans savoir lire ni écrire, ils vont frauder à l’examen d’Etat et ces mêmes personnes iront faire l’ISP, l’UPN sans avoir un niveau voulu et deviendront des enseignants pour donner cours à l’école primaire et secondaire, c’est un cercle vicieux et ça devient compliqué de rattraper le système. Voilà pourquoi je me dis qu’il faut les états généraux pour en parler et à mon sens aussi il faut qu’il y ait un seul ministère d’éducation nationale, qui devra monter des stratégies de redressement du système éducatif allant du primaire jusqu’à l’université.

Comment travaillera ce ministère ?

Si nous avons un ministère d’éducation nationale, il faudra en avoir des vices ministres chargés de ses secteurs. Exemple un sera chargé de l’école primaire, un autre chargé du secondaire général, un autre encore chargé des écoles professionnelles et techniques. Aujourd’hui tous nos finalistes ont peur d’aborder les études scientifiques à l’université et quand vous partez en mathématique, physique, chimie vous trouverez trois, quatre, cinq étudiants mais quand vous partez en communication, en économie, en droit vous avez des milliers de personnes. C’est parce que les enfants se sentent incapables d’aborder les études scientifiques qu’ils trouvent difficiles. Ce sont juste des idées mais je me dis que si nous convoquons les états généraux d’éducation nationale, nous irons en profondeur.

Interview réalisée par Stanys Bujakera Tshiamala

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