Le prix Nobel de la Paix 2018, le docteur Denis Mukwege, visé par des menaces de mort en République démocratique du Congo (RDC), a appelé lundi les eurodéputés à soutenir son plaidoyer pour la justice dans son pays où « les massacres se poursuivent ». Le gynécologue congolais, récompensé pour les soins qu’il apporte aux femmes victimes de viols dans l’Est congolais, réclame notamment la mise en place par l’ONU d’un tribunal pénal international pour la RDC, compétent pour les crimes commis dans ce pays des années 1990 jusqu’à aujourd’hui.

« Le manque de volonté politique et la ‘realpolitik’ ont trop longtemps primé sur le besoin et la soif de justice et de vérité. C’est dans ce contexte que les massacres se poursuivent en toute impunité », a déclaré le médecin lors d’une intervention par vidéoconférence devant la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen.

« Cette situation qui fait honte à notre humanité commune ne peut plus durer », a souligné le Dr Mukwege, également lauréat du prix Sakharov 2014, décerné par le Parlement européen. « Nous appelons tous les Etats européens à faire usage du principe de la compétence universelle pour poursuivre ou extrader tous les auteurs présumés des crimes les plus graves commis en République démocratique du Congo », a-t-il dit.

« Nous espérons que le Parlement européen va s’engager par une résolution forte en vue de soutenir la mise en place et la mise en œuvre d’une stratégie de justice globale » dans ce pays, a-t-il poursuivi, appelant à l’application des recommandations du rapport Mapping de l’ONU sur les violations des droits de l’Homme, commises entre 1993-2003 en RDC.

Il préconise notamment l’instauration de chambres spécialisées mixtes (magistrats congolais et internationaux) au sein des juridictions congolaises et la mise en place d’une commission de la vérité et de la réconciliation.

Le Dr Mukwege s’est dit « encouragé » par de récentes décisions du président (de RDC) Félix Tshisekedi, soulignant qu’il est un « homme politique sans lien avec les crimes du passé ».

La libre Afrique

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