Corneille Nangaa, le patron de la Ceni n’a pas apprécié, mais alors pas apprécié du tout, la sortie des évêques de la Cenco. Il n’a pas encore réagi à la mise en garde américaine pourtant bien plus explicite que celle des évêques congolais.

Ce jeudi 3 janvier, en milieu d’après-midi, les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ont annoncé qu’ils disposaient de suffisamment de procès-verbaux et de rapports de leurs observateurs sur le terrain et dans les bureaux de vote pour connaître le nom du vainqueur de la présidentielle et donc du futur président de la République démocratique du Congo (RDC).

Pas de noms, pas de chiffres, juste un étalage des moyens mis en branle par le clergé congolais pour s’assurer d’obtenir des résultats tout à fait fiables venus en ligne directe des bureaux de vote officiellement reconnus pas la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Pas de chiffre, pas de nom mais une recommandation claire et limpide à la Ceni. Les évêques mettent en garde, nous avons les chiffres, nous pouvons démontrer qu’ils sont corrects, à vous d’annoncer la vérité des urnes.

Une sortie qui a passablement énervé Corneille Nangaa, le suffisant président de cette Ceni, qui dénie à quiconque le droit de prétendre disposer des chiffres alors que lui annonce qu’il peine à les réunir. Selon ses déclarations de ce jeudi, son équipe, pourtant présentée comme ce qui se fait de mieux et de plus efficace sur le marché, n’aurait dépouillé que 20% des bulletins de vote. Bien moins que les chiffres dont disposent la Cenco. Les évêques catholiques peuvent abonder dans son sens, ils n’ont dévoilé aucun chiffre, donné aucun nom, ils ont annoncé qu’ils avaient accompli un certain travail qui leur permettait d’arriver scientifiquement à une conclusion, cédant ensuite le relai à la Ceni pour qu’elle annonce les vrais résultats.

Nangaa a répété que personne d’autre que sa structure n’avait le droit de dévoiler les chiffres de ce scrutin. Il a martelé que la Ceni était une structure indépendante. Une fois de plus, la Cenco n’a rien dit d’autre.

Mais ces gesticulations, ces cris d’orfraie du patron de la Ceni n’ont pas empêché les Etats-Unis de produire un communiqué lourd de sens. Après les appels de l’Union africaine mardi soir pour que les résultats qui seront annoncés soient l’illustration de la volonté des électeurs, le département d’Etat américain a emboîté le pas.

Dans son communiqué (voir ci dessous), le ministère américain des Affaires étrangères exprime son soutien et sa solidarité envers le peuple congolais. Il explique surtout : « Alors que le peuple congolais, la région et le monde attendent patiemment les résultats de ces élections, Internet doit être restauré et les médias autorisés à rendre compte en toute liberté. Nous demandons instamment à la Ceni de veiller à ce que les votes soient comptabilisés de manière transparente, en présence d’observateurs, et à ce que les résultats communiqués par la Ceni soient exacts et correspondent aux résultats annoncés dans chacun des 75 000 bureaux de vote de la RDC. (…) Alors que les résultats officiels sont compilés et rapportés, nous continuons d’exhorter les responsables du gouvernement de la RDC, les dirigeants des forces de sécurité de la RDC, les chefs des partis d’opposition, les représentants de la société civile et les parties prenantes de toutes les parties à respecter la loi et à rejeter la violence. »

Et de poursuivre par ces mots qui se sont pas anodins : « Il existe des moments dans l’histoire de chaque pays où des individus et des dirigeants politiques s’engagent et font ce qui est juste. La RDC vit un de ces moments. Les jours à venir doivent lui permettre un transfert de pouvoir pacifique et démocratique qui respectera la constitution du pays. (…) Ceux qui sapent le processus démocratique, menacent la paix, la sécurité ou la stabilité en RDC ou bénéficient de la corruption risquent de ne pas être les bienvenus aux États-Unis et d’être coupés du système financier américain. Le 30 décembre, des millions de Congolais se sont rendus aux urnes pacifiquement. Le moment est venu pour la CENI d’affirmer que ces votes n’ont pas été faits en vain en garantissant un compte-rendu exact des résultats des élections. »

Le message est clair. « Messieurs les dirigeants congolais, si vous tentez de tricher, de tripatouiller les résultats des urnes, les sanctions personnelles et financières seront immédiates.

La libre Afrique

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