A chaque jour son nouvel épisode dans la saga née du dépôt de la proposition de loi Minaku-Sakata à l’Assemblée nationale. Cette fois, après l’arrestation samedi du ministre de la Justice et vice-Premier ministre Célestin Tunda, c’est au Premier ministre et à toute la famille PPRD de sortir l’artillerie lourde.

La proposition de loi Minaku-Sakata, déposée dans la foulée de la condamnation du directeur de cabinet du président Tshisekedi, vise à limiter les prérogatives des juges du parquet et à renforcer le pouvoir du ministre de la justice sur ces magistrats.

Dès que cette proposition a été rendue public, l’opposition politique a crié au déni de démocratie, tandis que certains, proches du partenaire du FCC dans la majorité au pouvoir, se lançaient dans un mouvement de contestation tant à l’Assemblée nationale que dans la rue.

Vendredi, nouvel épisode de cette guerre entre FCC et Cach. Le président de la République découvre – ou feint de découvrir – grâce à un des ministres de son obédience que le texte de la proposition de loi Minaku-Sakata que le gouvernement examine en conseil des ministres a en fait déjà été renvoyé avec accord à l’assemblée nationale.

Le ministre de la justice a court-circuité le processus légal, interdisant ainsi au président de la République de pouvoir interférer dans le processus suivi par ce texte de loi. Samedi, la cour de cassation, instance ad hoc pour juger un ministre en exercice, fait interpeller le ministre de la Justice à son domicile. Le ministre est transféré devant la Cour avant d’être remis en liberté.

Ce dimanche, après certaines déclarations tapageuses du PPRD, notamment par l’entremise de son secrétaire général Emmanuel Ramazani Shadary qui a fait la une des réseaux sociaux avec ses cris de victoire et son « personne ne peut nous intimider », c’est au tour du Premier ministre Sylvestre Ilunga de porter le couteau dans la plaie. (voir son courrier ci-dessous)

Le Premier ministre condamne « l’arrestation arbitraire » de son ministre de la Justice, insiste sur le fait que les vice-Premiers ministres se sont réunis et ont condamné cette action vexatoire de la justice congolaise. Dans la foulée , il laisse entendre que le gouvernement pourrait démissionner. Un peu plus loin, il en appelle au président de la République garant du respect des lois et de la Constitution.

Par ce courrier; le FCC rappelle une fois de plus qui est le vrai patron au sommet de l’Etat et la précarité dans laquelle se trouvent ses alliés. En (re)frappant sur le clou de la démission potentielle, le chef de l’exécutif agite une nouvelle fois le spectre de la fin de la coalition FCC-Cach, pour un régime de cohabitation dans lequel le gouvernement serait entièrement entre les mains de la famille kabiliste, laissant le président Tshisekedi seul sur son île. La déclaration de Sylvestre Ilunga rappelle aussi au président ses obligations, soulignant que même le chef de l’Etat n’est pas à l’abri de la toute puissance du FCC qui détient une majorité absolue au Parlement national.

L’union complexe entre FCC et Cach, née d’un accord – non du résultat de l’élection et de la volonté du peuple – est de plus en plus sous tension. Mais jusqu’ici, les deux partenaires, malgré les grandes gesticulations, les menaces et les invectives, sont restés main dans la main. Les patrons de ce deal ont compris depuis bien longtemps qu’ils avaient plus à perdre qu’à gagner dans un divorce.

La libre Afrique

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